L'insécurité qui règne dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince trouble le bon fonctionnement de divers centres d'enseignement. Des responsables de l'université épiscopale et de la faculté de droit s'inquiètent de la violence des gangs, qui a déjà de grands impacts sur le fonctionnement des centres universitaires. De plus, ces espaces font face à la réduction du nombre de leurs étudiants, de leurs professeurs et à des problèmes financiers de toutes sortes, ont-ils souligné.
Le secrétaire de la Faculté de droit et des Sciences économiques de Port-au-Prince, Jackson Julien, indique que c'est au cours de ce mois de novembre que les étudiants ont subi les examens de la dernière session pour l'année académique 2022-2023, alors que ces tests d'évaluation finale auraient dû être réalisés entre juillet et août.
« Les actes d'insécurité qui frappent le centre-ville de Port-au-Prince ont beaucoup contribué à ce changement de calendrier. Nous avons même pensé à déplacer les documents de l'espace, puisque des rumeurs ont laissé croire que des individus envisagent d'envahir la zone. Nous avions déjà en tête de placer ces dossiers dans des endroits sûrs », a fait savoir le responsable. Parallèlement, il ajoute que près de 20 % des cas d'abandon ont été enregistrés sans la fermeture des dossiers d'étude.
Monsieur Jackson Julien trace un tableau sombre lié au fonctionnement des universités durant cette période de crise. Il a en effet décrit le désespoir, l'insécurité, les programmes humanitaires des pays occidentaux, dont les États-Unis et le Canada, en faveur des migrants haïtiens, ainsi que les vols charters à destination du Nicaragua comme des éléments qui expliquent la situation.
« Des professeurs ont abandonné et il n'y a pas assez de cadres chevronnés pour les remplacer. Le nombre de candidats participant au concours d'admission de cette année a considérablement baissé. Nous voulons sauver cette année académique, mais l'avenir est sombre. De mon opinion, je vois comme s'il s'agit d'un complot pour faire disparaître les meilleures ressources du pays », a-t-il martelé.
En ce sens, M. Julien appelle à une prise de conscience nationale pour procéder à une autre forme de gouvernance qui facilitera la création de richesses, qui donnera espoir aux professionnels de vivre et aux entrepreneurs d'investir dans le pays. Il a donc appelé à une révision des salaires pour les ouvriers et croit que la stabilité politique et la sécurité sont donc urgentes pour relever les défis économiques qui touchent plus de la moitié de la population.
Par ailleurs, l'un des responsables de l'Université épiscopale d'Haïti (UNEPH), qui n'a pas voulu s'identifier, a confié que les activités sont au ralenti depuis quelque temps dans l'enceinte de cet établissement d'études supérieures. « Des préparatifs ont été faits pour relancer la nouvelle session, mais il y a un maigre effectif qui empêche la reprise de ces activités. Il nous faut payer les professeurs, ils sont nombreux, mais ce petit nombre ne donne pas la garantie pour le bon déroulement de l'année académique. Sur le campus, nous avons six (6) facultés qui fonctionnent, seulement pour la faculté de médecine, on dénombrait autrefois plus de 500 étudiants, aujourd'hui on n'a pas encore 50. Il y a la faculté qui compte ordinairement près de 600 candidats, on n'a pas encore 30. Pour certaines de nos facultés, il n'y a encore aucun inscrit pour cette année. Cependant, on a programmé la nouvelle session pour le mois d'octobre, mais l'effectif ne convenait pas, on l'a renvoyé pour ce mois de novembre, jusqu'à cette date on n'a pas encore atteint la barre espérée. Il nous faut un effectif pouvant répondre au paiement des professeurs, à l'entretien de l'espace et autres besoins, mais avec ces maigres ressources on n'est pas en mesure de balancer les choses », a-t-il fait savoir.
Le responsable d'université souligne que l'insécurité, le faible niveau de vie de la population, principalement la baisse des activités économiques constatée dans tout le pays, sont parmi les causes qui expliquent le ralentissement des jeunes dans les espaces universitaires.
Oberde Charles