Des journalistes ont perturbé une conférence de la PNH pour réclamer justice pour leur confrère

Des membres de la corporation journalistique ont entamé un mouvement de revendication lors d'une conférence bilan tenue ce vendredi 9 février par le commissaire Garry Desrosiers au siège de la Direction générale de la Police nationale d'Haïti. Leur objectif est de réclamer justice pour le journaliste Jean-Marc Jean, qui a perdu un œil après avoir été touché en plein visage par une bonbonne de gaz lacrymogène le jeudi 8 février.

 

Le commissaire divisionnaire a commencé normalement la conférence. Dans son bilan partiel des activités réalisées par la Police nationale, de la période allant du 5 au 8 février, le porte-parole de la PNH, Garry Desrosiers, indique que 5 agents de la Brigade Sécurité des Aires protégées ont été tués à Laboule 10, alors que 3 autres ont été arrêtés. Trois policiers ont été blessés, et trois individus interpellés dans le département des Nippes. Précisant que 10 armes, 39 222 cartouches de 7,62 et 51 753 cartouches ont été saisies lors des opérations policières.

 

Ajoutant que des actes de pillage et des incendies ont été enregistrés au cours de cette même période. Dans la ville de Hinche, la mairie et le bureau départemental du ministère des Finances ont été incendiés. Dans l'Artibonite, deux centres commerciaux ont été pillés. À Ouanaminthe, le Bureau de la Croix-Rouge et un des véhicules de la mairie ont été incendiés, et le commissariat de Terrier-Rouge a essuyé des jets de pierres.

 

Cependant, dans sa présentation, le commissaire a omis de mentionner le nom du journaliste, Jean-Marc Jean, qui a été touché en plein visage par une bonbonne de gaz lacrymogène au moment où il couvrait une manifestation populaire, le jeudi 8 février, dans la commune de Delmas. Ce qui a soulevé la colère des travailleurs de la presse, qui ont lancé instantanément un mouvement de protestation pour dénoncer les brutalités policières dont ils sont constamment l'objet.

 

Pour calmer la situation, Garry Desrosiers a proposé de se rendre à l'Hôpital Universitaire D'État d'Haïti (HUEH), communément appelé l'hôpital général, pour constater la gravité du cas de la victime. Un cortège de plusieurs dizaines de journalistes à bord de motocyclettes et de véhicules, en compagnie du commissaire, a quitté les locaux de la Direction générale de la PNH  pour se diriger vers le centre hospitalier.

 

À son arrivée, le policier s'est entretenu avec la mère et les membres de la famille de Jean-Marc Jean, et a promis à la fin de la visite de donner suite à ce dossier, afin que le haut commandement de la Police nationale puisse diligenter une enquête pour faire jaillir la lumière sur cet incident et rendre justice à la victime. Avant même qu'il ait la possibilité de quitter les lieux, une ambulance est venue transporter le malade vers un centre pour faire un scanner.

 

À côté de Jean-Marc Jean, de nombreux autres travailleurs de la presse ont été tués ou sont devenus handicapés suite à des brutalités policières. C'est le cas de Romelson Vilcin, décédé le dimanche 30 octobre 2022, suite à une blessure à la tête sur la cour du commissariat de Delmas 33, et Maxiben Lazarre, après des blessures attribuées à des agents de la Police nationale. Malheureusement, les dossiers concernant ces meurtres sont classés sans suite, et les proches des victimes n'ont jamais obtenu justice.

 

Ainsi, les journalistes ont enjoint aux autorités d'ouvrir une enquête pour faire toute la lumière sur cet incident malheureux et disent s'attendre à ce que le gouvernement prenne l'engagement public et ferme pour rappeler aux policiers que les journalistes ont le droit de couvrir toutes les manifestations populaires.

 

Sheelove Semexant

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