Chaos et désolation à Port-au-Prince

Depuis l'évasion spectaculaire des prisonniers du pénitencier national dans la nuit du 2 mars 2024, les bandits armés intensifient leurs assauts. Une bonne partie de la capitale, Port-au-Prince, est devenue un champ de ruine où des tirs d'armes automatiques résonnent constamment et où toutes les activités sont paralysées.

En effet, une scène apocalyptique règne dans la région métropolitaine, notamment au cœur de la capitale. Port-au-Prince rejoint quasiment la liste des territoires perdus. Des entreprises commerciales, des universités, des écoles classiques, des centres hospitaliers et des pharmacies ont été incendiés ou vandalisés. Même les activités du secteur informel ne sont pas épargnées.

La première ville du pays est pratiquement livrée à la merci des criminels notoires. Sous la station du Post-Marchand, non loin du Champ-de-Mars, une atmosphère de terreur règne. Les réparateurs de téléphones qui se trouvaient généralement à la rue des pavés, ainsi que les marchands de livres et les distributeurs de produits prêts-à-porter, ont déserté l'espace suite aux actions des bandits. Toutefois, quelques chauffeurs essaient de passer à toute vitesse.

De loin, dans l'air du Champ-de-Mars, on pouvait remarquer un petit groupe de personnes visiblement inquiètes, assises sur la place publique Henry Christophe et du Kiosque Occide Jeanty. Cependant, les places Dessalines, Pétion, de la Constitution et des Artistes, où des citoyens ont l'habitude de se réunir, parfois pour discuter, réfléchir sur des sujets de société, ou tout simplement se divertir, sont complètement vides. 

À côté des institutions qui ont tiré leurs rideaux de fer depuis plus d'un mois, à la rue Saint-Honoré à côté de l’Hôpital de l'Université d’État d’Haïti (HUEH), une odeur nauséabonde empeste et pollue l'environnement. Des tas d'ordures et des amas de boues jonchent les artères. Un peu plus bas, à l'angle des rues Saint-Honoré et Monseigneur Guilloux, tout près de la rue de la Réunion, des barricades de branches d'arbres, de tabourets et de tables, ainsi que des carcasses de voitures, ont été remarquées.

Principalement à la rue Monseigneur Guilloux, entre l’Hôpital Général et l'Institut Supérieur de Formation de Sages-Femmes, des barricades ont bloqué plusieurs tronçons de la route. Une odeur putride, mêlée de boues et de cadavres d'animaux, empeste l'air ambiant. Plus loin, là où stationnaient les véhicules qui assurent les trajets Clercine/Centre-ville, Gérald/Centre-ville, on pouvait constater quelques bus qui parcourent les rues en direction de Carrefour-Feuilles, Léogâne, Cayes et Carrefour.

Néanmoins, si l'on remarquait dans les rues susmentionnées des citoyens qui tentent tant bien que mal de fréquenter certaines artères, à proximité du stade Sylvio Cator, à la rue Oswald Durand Prolongé et à la rue Chareron, les voies sont infranchissables avec des barricades qui sont plus corsées que les autres. Toujours à la rue Oswald Durand, des détritus et des carcasses de voitures ont été constatés. Cependant, entre la Faculté d'Odontologie et l'entrée du marché Salomon, on pouvait remarquer quelques bus qui stationnaient et essayaient d'attirer quelques passagers.

Quelques riverains rencontrés ont témoigné avec la mort dans l'âme leur inquiétude face à la situation. «Vous voyez, je n'arrive plus à mener librement mes activités, le véhicule est quasiment vide, je ne trouve plus de passagers, à l'exception de ceux qui n'ont plus d'autres options que de passer par le centre-ville», a lancé un chauffeur assurant le transport Léogâne/Port-au-Prince.

De plus, un jeune, croisé à la rue Monseigneur Guilloux, ayant requis l'anonymat, impute la responsabilité de ce qui arrive aux quartiers, notamment à la capitale haïtienne, aux autorités étatiques qui continuent de briller par leur absence face à la souffrance de la population en détresse. «Tout ceci est de la faute de nos dirigeants qui n'ont pas su agir à temps pour mettre un frein aux actes des bandits. Mais j'espère qu'ils pourront y remédier, car ceux qui ont commis ces actions sont tous des jeunes qui pourraient être utiles à leur communauté», explique-t-il.

 

Sheelove Semexant

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