Haïti/ Insécurité foncière

Des habitants du Grand Nord victimes de spoliation, des autorités locales pointées du doigt

À Cap-Haïtien, des résidents se font déposséder de leurs propriétés par des individus armés, souvent en connivence avec les autorités locales et les responsables de la Direction départementale des Impôts (DDI), selon le témoignage de certains habitants.

Alors que la région métropolitaine de Port-au-Prince est plongée dans la terreur, avec des groupes armés qui continuent de répandre la peur, poussant environ 95 000 personnes à fuir vers des villes de province en seulement un mois, cherchant refuge face à la violence sans précédent, le département du Nord fait face à une autre forme d'insécurité: « l'insécurité foncière» !

Le déplacement vers les villes de province semble ne pas garantir totalement la sécurité. Dans le département de l'Artibonite, similaire à la capitale, des gangs instaurent la peur et le chaos. Dans la région du Grand Nord, l'insécurité prend une tout autre tournure, les habitants faisant face à des menaces sur leurs biens et leurs moyens de subsistance.

« Ces derniers temps, cette pratique est devenue monnaie courante dans le nord, précisément dans la commune de Limonade, Plaine Du Nord, Quartier Morin, entre autres. Des citoyens envahissent les biens des paysans et les revendent souvent à des personnes fuyant la situation de terreur de Port-au-Prince », nous confie une source qui requiert l'anonymat.

Les autorités observent un silence assourdissant, et pour cause, certains d'entre eux seraient de connivence avec les spoliateurs. En effet, de nombreux citoyens dénoncent des inspecteurs de la Direction départementale des Impôts qui, selon eux, sont de mèche avec les individus qui s'adonnent à cette pratique malhonnête.

«Les paysans n'ont pas le soutien des autorités locales, car les spoliateurs agissent avec leur complicité pour obtenir des documents prétextant qu'ils sont propriétaires de certains terrains privés. En retour, ils leur octroient une partie des biens volés», a renchéri notre source.

«Le dossier est très sensible », ajoute-t-elle, car les individus sont généralement armés et prêts à tout pour continuer à garder dans l'ombre leurs malversations, d'autant plus qu'ils ont des complices à tous les niveaux dans le département, a précisé la source.

Dépassés par la situation, des responsables d'associations militant pour la protection des propriétés privées se font discrets par crainte pour leur vie. Cependant, ils appellent à une intervention rapide des plus hautes instances de l'État pour mettre fin à ce fléau qui a déjà touché de nombreux citoyens dans le Grand Nord.

On se le rappelle, l'insécurité foncière demeure un casse-tête pour les habitants dans quasiment tous les départements du pays. Sensibilisées par ce phénomène, les autorités gouvernementales via le ministère de la Justice avaient constitué une brigade au sein de la Police nationale d'Haïti en vue d'y remédier. Aujourd'hui, plus d'un se demande perplexe où est passée la Brigade d'intervention contre l'insécurité foncière ( BRICIF).

 

Esdra Jeudy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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