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UEH-Élections : Jean Poincy, Vice-recteur aux affaires académiques, présente sa vision pour moderniser l’Université d’État d’Haïti

Alors que l’Université d’État d’Haïti traverse une période d’incertitude et de réformes inachevées,  Jean Poincy, actuel Vice-recteur aux affaires académiques et candidat au poste de Recteur, revient sur son bilan et sa vision pour l’institution. Entre modernisation du système académique, défis de gouvernance et enjeux électoraux, il expose lors d’une interview accordée  au quotidien Le National ce vendredi 31 janvier 2025, les grands axes de son programme et les changements qu’il souhaite apporter pour faire de l’UEH une université plus structurée et compétitive.

 M. Poincy, en tant que Vice-Recteur actuel, quel est votre bilan concernant l’évolution de l’Université d’État d’Haïti (UEH) au cours des dernières années ?

Merci pour la question : parler de mon bilan au poste de Vice-recteur aux affaires académiques, c’est parler d’un bilan de continuité portant sur les actions de modernisation du système académique initiées par le Vice-recteur aux Académiques Professeur Wilson Laleau dans les années 2004-2011. Sa vision était d’uniformiser le système académique de l’UEH pour divorcer de la diversité académique où chaque entité avait son propre régime académique, son propre format des actes académiques, en d’autres termes, sa propre culture de fonctionnement académique. L’essence de sa vision était de faire fonctionner l’UEH comme une seule université et non comme plusieurs universités dans une seule université. Dès lors, il était question d’harmoniser les curricula, une démarche contre laquelle il y a eu beaucoup de résistance.

 A mon arrivée, j’ai compris que les difficultés s’expliquaient principalement par l’absence d’un système de gestion académique capable de faire fonctionner les différentes entités comme un tout pour concrétiser sa vision. Ce faisant, j’ai proposé un système de gestion académique dénommé Régime Académique Commun (RAC) axé sur un système de crédit afin de faciliter la mobilité académique des étudiants et des professeurs, la transférabilité des crédits et la lisibilité de nos programmes et actes académiques au même titre que ce qui se fait à l’échelle internationale. Pour y arriver, doter l’UEH d’une base de données performante comme auxiliaire était incontournable. Elle permettrait d’identifier, de répertorier et de suivre le parcours académique des étudiants avec exactitude.

 Sommairement, les 10 actions prévues à entreprendre dont : Le Régime Académique,  le Registrariat, les Actes Académiques, l’identification, la base de données centrale, l’unité Informatique, les archives, le  Bureau de Placement, l’attribution des honneurs et mérites aux enseignants, le championnat de débats.

Au cours de mon premier mandat de 2012-2016, le RAC, la standardisation des actes académiques et le système d’identification unique ont été introduits. Cependant, si les discussions autour du RAC étaient toujours houleuses, les deux derniers ont démarré. Malheureusement, ayant perdu les élections en 2016, tout a été abandonné. Toutes les avancées sont parties en fumée. De retour en 2020, tous les items de la liste sommaire ont été relancés. Heureusement, en septembre 2023, le Conseil Académique composé des vice-décanats académiques a adopté une résolution pour assurer le système de gestion académique à implémenter dans toutes les entités. Toutefois, il n’attend que La bénédiction du Conseil de l’Université (CU) pour être institué comme le système de gestion académique unifiant les divers régimes académiques en vigueur. Concrètement, les items sont sur les rails et vont bon train.

Quels défis majeurs avez-vous rencontrés pendant votre mandat au Vice-Rectorat, et comment comptez-vous les aborder si vous êtes élu Recteur ?

Mis à part les difficultés socio-politiques paralysant les activités du pays, le défi majeur rencontré au cours de mon mandat est le manque d’accompagnement technique, faute de fonds mis à la disposition du BVRAA pour initier des activités académiques d’envergure, traiter les données techniques, et même exécuter certaines routines administratives. Tant bien que mal, et prônant l’efficience administrative dans la gestion des ressources, le Bureau s’y est accommodé pour réaliser autant qu’il ait pu réaliser.

Les élections à l’UEH sont souvent marquées par des petites tensions. Quelles mesures proposez-vous pour assurer un processus électoral transparent et serein au sein de l’institution ?

Jusqu’à date, le processus électoral est truffé d’irrégularités et de violations non seulement des principes régissant le fonctionnement de l’UEH et la tenue des élections devant renouveler le Conseil Exécutif, mais aussi le corps de différents décanats. C’est une bonne chose que je suis arrivé à identifier les failles et les ai dénoncées. Cela a donné du retard au processus dans le bon sens pour le bien-être de l’UEH contre les grés de beaucoup qui prenaient un malin plaisir à outrepasser les principes et procédures. Arrivé comme Recteur, le Conseil Exécutif portera par devant le Conseil de l’Université lesdites doléances ou manquements institutionnels pour préserver l’intégrité de l’UEH appelée à donner le ton dans notre société.

Les étudiants et le corps professoral expriment parfois des préoccupations concernant la gestion des ressources et la gouvernance.

Ce sont de justes préoccupations que les réformes déjà enclenchées ont abordées. Leur implémentation que le CE va porter par devant le CU fera souffler le vent du progrès et taillera une place pour l’UEH dans le concert des universités modernes.

Quelle est votre vision pour améliorer la gouvernance de l’UEH dans les années à venir ? 

Succinctement, c’est d’instituer un organe de veille administratif et financier devant jouir d’une indépendance absolue des dirigeants. Cet organe devra trimestriellement présenter un rapport de suivi du fonctionnement administratif, financier et académique afin d’identifier les zones d’inconforts qui méritent d’être réévaluées.

Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter au poste de Recteur de l’UEH ? Quels changements apporterez-vous à l’Université si vous êtes élu ?

Depuis 1997, l’UEH s’est embarquée dans une entreprise de se réformer et permettre aux différentes entités de cesser de fonctionner comme une université dans une université ce qui affecte son intégrité et ternit son image d’antan. A date, la réforme requise dans six mois après l’adoption des dispositions transitoires, un « gentlemen agreement » n’a jamais été entamée. La loi organique requise par cet accord entre le gouvernement et les entités de l’UEH, reste encore une casse-tête. En outre, l’UEH n’arrête pas de se donner une balle dans les pieds, en galvaudant le texte basique devant permettre un fonctionnement collégial entre les pairs pour faciliter la réforme.

Il a semblé que pour certains, avoir la loi organique était le point de départ pour justifier la réforme. Tout en reconnaissant son importance, je suis convaincu que la réforme aurait pu être entamée à d’autres niveaux en attendant la naissance de la loi organique. En effet, la réforme académique a été entamée par le Vice-recteur Laleau et je l’ai poursuivie sur la même lancée, en témoigne l’adoption du RAC comme réponse à la première question.

Quels sont les grands axes de votre programme pour moderniser l’UEH et la rendre plus compétitive au niveau national et international ?

 Succinctement, entre autres, ces grands axes tournent autour d’/de :

1) Un système de veille administratif permanent comme réponse à la question 5.

2) Revisiter les Dispositions Transitoires de 1997 pour doter l’UEH d’une loi organique adaptée à sa réalité et celle de l’enseignement supérieur national. 

3) Assurer l’implémentation du RAC auprès du Conseil de l’Université pour entériner la réforme académique.  

4) Promouvoir la recherche autrement en lançant annuellement des termes de recherche touchant les problèmes de notre société. 

5) Travailler vers l’expansion de l’Université en transformant en Villages-universitaires, (Campus universitaires comme on aurait aimé dire) les zones avoisinantes où sont déjà logées les différentes entités. Il y aurait des dortoirs, restaurants universitaires, espaces loisir et de sport, et de centre de santé. Du coup, cette expansion permettra aux résidents de s’en approprier pour les encadrer et les former. 

6) Finalement rendre effective sa troisième mission de service à la communauté, en réalisant des études au profit des secteurs public et privé, et doter les jeunes de capacités universitaires techniques pour mieux se défendre dans la société.

 L’UEH a un rôle crucial dans la formation des futurs leaders du pays.

Comment envisagez-vous son rôle dans le développement socio-économique d’Haïti à l’échelle régionale et internationale ?

Toutes les réponses fournies en haut décrivent le rôle crucial que doit jouer l’UEH dans la formation de nos citoyens d’abord qui sont à coup sûr les futurs leaders du pays. Réussir un tel pari fera notre marque régionale pour devenir un modèle de société moderne à émuler. D’où la vision de faire de l’UEH l’une des meilleurs universités de la région à compter de 2050, a déclaré Jean Poincy, Vice-recteur aux affaires académiques et Candidat au poste de Recteur à l’Université d’Etat d’Haïti

Vladimir Predvil

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