Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le Secrétaire général a dressé un tableau sombre de la situation en Haïti, marqué par l’effondrement de l’État de droit, la violence des gangs et une crise humanitaire sans précédent.
Une population piégée par la violence
L’ONU a souligné que Port-au-Prince et plusieurs régions du pays sont désormais sous l’emprise des gangs armés, qui multiplient les violences contre les civils. Des témoignages font état de viols collectifs, d’attaques contre des hôpitaux et des écoles, tandis que plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées la moitié étant des enfants, déplore t-il.
« Le peuple haïtien est plongé dans une spirale de souffrances », a déclaré le Secrétaire général, ajoutant que six millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire. Haïti figure désormais parmi les cinq pays les plus affectés par l’insécurité alimentaire aiguë.
Un appel au financement international
Malgré l’urgence, l’ONU déplore le manque criant de ressources. Pour 2025, l’organisation estime ses besoins à 908 millions de dollars pour assister 3,9 millions de personnes, mais moins de 10 % de cette somme ont été réunis. « Ce n’est pas un simple déficit de financement c’est une question de vie ou de mort », a averti le Secrétaire général, exhortant les donateurs à agir immédiatement.
Les enfants, premières victimes
La crise frappe de plein fouet les plus jeunes. Le dernier rapport de l’ONU sur les enfants et les conflits armés révèle une explosion des violations graves en 2024, près de 1 373 enfants ont été victimes de 2 269 violations, soit cinq fois plus qu’en 2023. Les chiffres sont alarmants : 213 enfants tués, 138 blessés, 302 enrôlés par des groupes armés, 566 victimes de violences sexuelles, dont 160 cas de viols collectifs.
À cela s’ajoutent les enlèvements, les attaques contre des écoles et les refus d’accès humanitaire, aggravant la privation d’éducation et de soins pour des milliers d’élèves.
Parallèlement, sur le plan politique, l’ONU souligne quelques signes d’espoir. Le Président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, et le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, mènent des consultations pour relancer le processus politique. De plus, la coordination entre la Police nationale, la Mission multinationale d’appui à la sécurité et les autorités haïtiennes s’est renforcée.
Mais pour le Secrétaire général, ces avancées ne survivront qu’avec un soutien international décisif et coordonné, notamment sur le plan sécuritaire. Il a plaidé pour une force internationale bénéficiant d’un appui logistique et financier durable de l’ONU.
À cet effet , l’ONU appelle à interrompre les flux d’armes et d’argent alimentant les gangs. Le Secrétaire général a exhorté le Conseil à instaurer un véritable embargo sur les armes et à étendre les sanctions contre les chefs de gangs, trafiquants et leurs complices.
« Si l’unité prévaut dans le pays, et avec la détermination du Conseil, le peuple haïtien pourra sortir de cette spirale, transformer l’épreuve en espoir et se réapproprier son avenir. » Il a réaffirmé la solidarité indéfectible des Nations unies et leur engagement à rester aux côtés d’Haïti pour restaurer la paix, la dignité et la sécurité.
Vladimir Predvil
