Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022

À la mémoire de Pradel Pompilus,

pionnier de la lexicographie créole contemporaine

et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » 

(Université de Paris).

À la mémoire de Pierre Vernet,

fondateur de la Faculté de linguistique appliquée

de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-français

en Haïti.

Le droit à l’enseignement en langue maternelle créole et l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien --aux côtés du français et en conformité avec l’article 5 de la Constitution de 1987--, fait aujourd’hui l’objet d’un consensus grandissant chez nombre d’enseignants et de directeurs d’écoles. De la réforme Bernard de 1979 (réforme inaboutie et mise en coma en 1987) à la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution de 1987 puis de 1987 à nos jours, des enseignants (à titre individuel), des linguistes, des rédacteurs-créolistes d’horizons divers, des institutions d’enseignement (les Frères de l’instruction chrétienne par exemple) et des éditeurs de manuels scolaires ont élaboré ces dernières années des outils pédagogiques et didactiques en créole ou destinés à l’apprentissage du/en créole. Parmi ces outils figurent des ouvrages thématiques destinés à l’enseignement des matières scolaires ainsi qu’un nombre relativement élevé de dictionnaires et quelques lexiques ciblant le créole, notamment deux dictionnaires unilingues créoles, des lexiques bilingues et de nombreux dictionnaires bilingues français-créole et anglais-créole confectionnés au fil des ans. Un « Diccionario creol-español / español-creol », édité en République dominicaine, a également été répertorié, ainsi qu’un autre, bilingue créole-espagnol et publié en Haïti a lui aussi été retracé.

Depuis la parution en 1958 du premier « Lexique créole-français », œuvre pionnière du linguiste haïtien Pradel Pompilus, l’on ne disposait pas encore d’une vue d’ensemble ou d’une typologie des dictionnaires et des lexiques créoles publiés tant en Haïti qu’en outre-mer ces soixante dernières années. La nécessité d’une telle classification/taxinomie s’est imposée au cours de nos travaux de recherche sur l’aménagement du créole aux côtés du français en Haïti et il a fallu y donner suite de manière méthodique. Le présent « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » constitue la première grande classification de l’ensemble des dictionnaires et des lexiques créoles parus de 1958 à 2022. La lexicographie créole dispose désormais d’un outil de connaissance « in vivo » de l’ensemble des documents élaborés ces soixante dernières années et cet instrument de connaissance pourra contribuer à la modernisation de toute l’entreprise lexicographique créole. Un tel instrument de connaissance pourra également servir à l’élaboration de matériel pédagogique de qualité en langue créole et tous ceux qui s’intéressent au créole y trouveront à coup sûr d’utiles références.

Cet « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » a été élaboré ces derniers mois au moyen d’un ample travail de recherche documentaire et il a permis de répertorier 64 dictionnaires et 11 lexiques, soit un total de 75 ouvrages édités pour la plupart au format livre imprimé ; quelques titres sont offerts au format électronique. Plusieurs sources, institutionnelles ou individuelles, ont été inventoriées afin de retracer les lexiques et les dictionnaires ciblant le créole. Il n’a pas été possible de consulter à distance le fonds documentaire de la Bibliothèque nationale d’Haïti, fondée en 1940, car cette vénérable institution nationale vieille de 82 ans et qui entrepose plus de 60 000 ouvrages, ne dispose même pas, en 2022, d’un élémentaire site Internet… La consultation des répertoires informatisés de la BanQ (Bibliothèque et archives nationales du Québec) puis de Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, a permis de répertorier entre autres les deux « Leksik kreyòl-franse » de Michel Doret. À la Library of Congress des États-Unis où est accessible la version créole de la Constitution haïtienne de 1987, plusieurs titres comportant le mot « créole » figurent au catalogue, notamment « Le créole haïtien dans la tourmente ? Faits probants, analyse et perspectives », par Fortenel Thélusma, C3 Editions, 2018 ; et « Le créole haïtien : description et analyse » (sous la direction de Renauld Govain, L'Harmattan, 2017). Toutefois, aucun lexique ni dictionnaire ciblant le créole n’a été répertorié à la Library of Congress. Pour leur part, les bibliothèques de la Florida International University consignent trois dictionnaires mais aucun lexique. Le portail WordCat, puissant et habituel moteur de recherche des bibliothécaires et qui donne accès à des centaines de collections et aux services de nombreuses bibliothèques à travers le monde, a permis le repérage de plusieurs dictionnaires créoles et de quelques lexiques souvent introuvables sur d’autres sites.

Vieille d’une soixantaine d’années, la lexicographie créole n’avait pas encore fait l’objet d’une analyse systématique et exhaustive couvrant les années 1958 à 2022. Il reste donc, sur le plan du contenu des ouvrages identifiés, à effectuer une étude méthodique de la production lexicographique des années 1958 à 2022 afin d’en dresser un profil analytique détaillé capable de déterminer si ces ouvrages s’adressent principalement au grand public ou s’ils ont été conçus pour servir à l’apprentissage scolaire en langue maternelle créole. Une telle étude, pour tous les ouvrages lexicographiques couvrant les années 1958 à 2022, devra éclairer leur typologie, évaluer la méthodologie de leur élaboration, la détermination des nomenclatures et l’étude du contenu rédactionnel/lexicographique des ouvrages. Le profil analytique détaillé de la production lexicographique des années 1958 à 2022 sera utile aux enseignants, aux directeurs d’écoles, aux cadres du ministère de l’Éducation nationale ainsi qu’aux rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires : il leur permettra entre autres de déterminer quel type d’ouvrage de lexicographie créole recommander pour accompagner l’apprentissage scolaire en langue maternelle créole, et il pourra également constituer un pôle de référence de grande qualité méthodologique en vue de la rédaction des futurs lexiques et dictionnaires créoles. À ce chapitre, il convient de souligner fortement que la relative abondance d’outils lexicographiques créoles --64 dictionnaires et 11 lexiques--, ne doit en aucun cas occulter le fait qu’il n’existe pas encore, dans le champ lexicographique haïtien, un cadre méthodologique modélisé de référence destiné à encadrer l’élaboration des dictionnaires et des lexiques.

Dans l’état actuel des connaissances en lexicographie créole et du point de vue de la pratique de la lexicographie professionnelle, il n’est pas possible de recommander –à l’exception notable de quelques rares ouvrages ayant été élaborés selon la méthodologie de la lexicographie professionnelle--, un nombre relativement élevé de publications répertoriées dans cet essai de typologie. Ainsi, la grande médiocrité, au plan scientifique et lexicographique, du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » n’autorise pas à le recommander pour l’enseignement en créole des sciences et des techniques (voir notre article « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative », Le National, 15 février 2022). Ce « glossary » est en réalité un lexique et non pas un glossaire, il a été bricolé dans un épais brouillard méthodologique et la plupart de ses équivalents « créoles » sont fantaisistes, erratiques, faux ou non conformes au système grammatical du créole (exemples : « pis kout lè », « pis ayere », « epi plak pou replik sou », « dyagram fòs », « gwoup emik », « fòs volay », « kouran ki endui », « echikye Punnett mono-ibrid pou yon jèn ki lye ak sèks »). Et sur le plan de la méthodologie de l’élaboration des lexiques et des dictionnaires, le pseudo « modèle » de type Wikipedia hors contrôle scientifique que préconise le MIT – Haiti Initiative pose d’énormes problèmes de crédibilité et de fiabilité. À l’analyse il s’est révélé être essentiellement un contre-modèle, erratique et amateur, capable d’enfermer la lexicographie créole dans un cul-de-sac improductif alors même que sur son site le MIT – Haiti Initiative prétend qu’il « enrichi[t] la langue d’un nouveau vocabulaire scientifique qui peut servir de ressource indispensable aux enseignants et aux étudiants. Ces activités contribuent au développement lexical de la langue » créole. » [Traduction de RBO.] À l’opposé, le « Haitian Creole-English Bilingual Dictionnary » d’Albert Valdman, en raison de ses grandes qualités méthodologiques et de la fiabilité de ses rubriques dictionnairiques, constitue à ce jour la plus rigoureuse référence scientifique en matière d’élaboration d’un dictionnaire bilingue créole + autre langue. Une étude systématique et exhaustive de la production lexicographique des années 1958 à 2022 aura donc, il faut à nouveau le souligner fortement, à situer un cadre conceptuel et méthodologique unifié en vue de la production d’outils lexicographiques créoles de haute qualité scientifique (voir nos deux articles, « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, 14 décembre 2021, et « Les dictionnaires et lexiques créoles, des outils pédagogiques de premier plan dans l’enseignement en Haïti », Le National, Port-au-Prince, 18 août 2020).

Pour l’heure, nous disposons de deux études datées, donc partielles, qui consignent des références bibliographiques en lien avec l’état de la lexicographie créole sur une courte période d’environ vingt-cinq ans jusqu’en 2005. La première, rédigée par Albert Valdman, s’intitule « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le créole haïtien ? ». Parue en 2005 dans la revue La linguistique, cette étude de grande amplitude informative et analytique présente en annexe un « Inventaire des dictionnaires portant sur le créole haïtien ». De manière fort pertinente dans cette étude, Albert Valdman trace une perspective méthodologique centrale qu’il est utile de rappeler pour mieux éclairer la démarche lexicographique car elle est destinée à orienter la constitution d’un futur dictionnaire monolingue créole : « Au fur et à mesure que le CH [créole haïtien] est appelé à la rédaction d’une large gamme de textes, en particulier dans les domaines techniques, et à son emploi dans les cycles scolaires supérieurs, il se dotera d’un métalangage capable de traiter de concepts de plus en plus abstraits. Dans l’attente de cette évolution, la lexicographie bilingue peut préparer le terrain en affinant ses méthodes, en particulier quant à : 1 / la sélection de la nomenclature ; 2 / la description des variantes et le classement diatopique, diastratique et diaphasique des lexies ; et 3 / le choix des exemples illustratifs. » (Sur les notions « diatopique », « diastratique », « diaphasique » et « lexie », voir la note en fin de texte.) Le « métalangage » (le langage spécialisé que l'on utilise pour décrire une langue naturelle) qu’évoque Albert Valdman renvoie à l’ample et complexe problématique de la « didactisation » du créole (voir à ce sujet, entre autres, le remarquable et fort instructif article du linguiste Renauld Govain, « Pour une didactique du créole haïtien langue maternelle » rédigé avec la collaboration de la linguiste Guerlande Bien-Aimé et paru dans le livre collectif de référence « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (par Robert Berrouët-Oriol et al., Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 2021).

Le deuxième article dont nous disposons et qui comprend un état des lieux de la lexicographie créole sur une courte période d’environ vingt-cinq ans, jusqu’en 2005, a été élaboré par le linguiste Henry Tourneux, auteur, avec Pierre Vernet en 1976, du « Ti diksyonnè kreyòl-franse » paru aux Éditions caraïbes. L’article s’intitule « Un quart de siècle de lexicographie du créole haïtien (1975-2000) » et il est paru dans « À l’arpenteur inspiré, Mélanges offerts à Jean Bernabé », ouvrage dirigé par Raphaël Confiant et Robert Damoiseau (Éditions Ibis rouge, Matoury, Guyane, 2006). Cette remarquable étude, qui éclaire la méthodologie d’élaboration et le contenu de plusieurs ouvrages, consigne en conclusion une importante remarque qui doit être prise en compte dans toute évaluation de la lexicographie créole contemporaine : « Les indications suivantes n’ont pas toutes la même précision, car nous n’avons pas pu examiner physiquement toutes les références données ci-dessous. D’autre part, il existe, semble-t-il, de nombreuses rééditions pour les ouvrages de certains auteurs (Vilsaint, en particulier), sous des formats parfois différents, avec des lieux de publication différents. »

En clair, Henry Tourneux attire l’attention sur le fait qu’il est extrêmement difficile pour le chercheur d’accéder physiquement à des renseignements de premier plan pour chacun des dictionnaires et des lexiques répertoriés puisqu’il n’a pas en mains, sur sa table de travail, la totalité des ouvrages. Ainsi, il ne peut déterminer pour l’ensemble des ouvrages les données suivantes : total des entrées de chacun des lexiques, nombre d’entrées rattachées aux rubriques notionnelles de chaque dictionnaire, nombre de pages que comporte chacun des ouvrages, qualifications lexicographiques avérées des auteurs, présence ou pas d’un énoncé éditorial, critères méthodologiques d’établissement de la nomenclature, critères méthodologiques d’établissement des définitions des dictionnaires, pertinence des contextes d’utilisation des termes dans les dictionnaires et guide d’utilisation à l’intention des usagers des dictionnaires et des lexiques. À cela s’ajoute le facteur de la rareté de certains ouvrages édités une seule fois à compte d’auteur, très peu diffusés et qui ont par la suite entièrement disparu des radars de la lexicographie créole.

Parmi ses qualités analytiques, l’étude d’Henry Tourneux exemplifie la confusion qu’il y a chez certains auteurs qui confondent un dictionnaire et un lexique : « Les ouvrages baptisés « dictionnaire créole-anglais » sont les plus nombreux. Ils possèdent généralement une entrée créole-anglais et une entrée anglais-créole. Plusieurs ne sont que de simples lexiques de poche (C. Théodore 1995, G. Brenton 1985) et n’ont pas de prétentions particulières. L’ouvrage de Théodore constitue cependant une curiosité, car il essaie de donner aux anglophones une idée de la prononciation du créole (par exemple : enbesil [enhbehseel] ou [enhbesil]), et aux créolophones, une idée de la prononciation de l’anglais (par exemple : awkward [aòkwaòd], auspicious [ospikuyous]). On peut a priori douter des résultats obtenus par cette méthode. »  

La confusion entre dictionnaire et lexique soulignée par Henry Tourneux renvoie à celle, plus générale mais au demeurant essentielle, du statut scientifique des ouvrages de la lexicographie créole de 1958 à 2022 : sont-ils rédigés par des personnes la plupart du temps bien intentionnées mais qui ne disposent pas de qualifications lexicographiques avérées comme c’est le cas avec le « Diksyonè kreyòl karayib » de Jocelyne Trouillot ? Sont-ils le fait de missionnaires étrangers désireux d’évangéliser en créole et qui se prennent pour des lexicographes d’inspiration divine ? Sont-ils produits avec l’aval laxiste du Département de linguistique d’une université américaine où la lexicographie n’est pas enseignée et qui n’a publié aucune étude de terrain en lexicographie créole (c’est le cas du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » bricolé, sous la direction du linguiste Michel DeGraff, dans l’ignorance assumée de la méthodologie de la dictionnairique et qui fait la promotion d’un « modèle » amateur pré-scientifique et pré-lexicographique). La promotion aveuglante du « modèle » amateur pré-scientifique et pré-lexicographique du MIT – Haiti Initiative constitue un facteur de recul dommageable pour la lexicographie créole et cela interpelle un rigoureux débat public dont l’enjeu est l’aménagement du créole sur des bases scientifiques plutôt que sur les « critères » fantaisistes de l’aveuglement idéologique des Ayatollahs du créole.  

La problématique du statut scientifique des ouvrages de la lexicographie créole de 1958 à 2022 renvoie donc à une question centrale : ces ouvrages sont-ils tous élaborés selon la méthodologie de la lexicographie professionnelle ? Pour un nombre relativement élevé d’ouvrages, il est difficile de répondre par l’affirmative. De nombreux dictionnaires et lexiques rédigés du seul fait d’un individu autoproclamé lexicographe relèvent souvent d’un amateurisme banalisé et nous avons démontré, par exemple, que les deux seuls dictionnaires unilingues créoles (le Vilsen et le Trouillot) sont lourdement lacunaires au plan du contenu des rubriques notionnelles et qu’ils n’ont pas été élaborés selon la méthodologie de la lexicographie professionnelle (voir nos articles « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen », Le National, 22 juin 2020 et « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl karayib » de Jocelyne Trouillot », Le National, 12 juillet 2022). En ce qui a trait aux lexiques, en plus des travaux de grande qualité de Pradel Pompilus cités dans cette typologie, il y a lieu de mentionner, en raison de ses qualités méthodologiques, le « Petit lexique créole haïtien utilisé dans le domaine de l'électricité » d’Henry Tourneux daté de 1986. Élaboré à la demande du Centre de linguistique appliquée (qui deviendra par la suite la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti) et issu d’un travail d’enquête et d’observation de terrain, ce lexique comprend une présentation adéquate de ses objectifs et de sa méthodologie d’enquête par échantillonnage. Il situe les modalités de l’emprunt lexical dans un domaine technique, l’élecricité, et il suggère d’utiles pistes en vue de l’élaboration ultérieure de lexiques spécialisés en langue créole, à savoir « (…) dans quelles directions devraient s’orienter les travaux des linguistes amenés à s’intéresser à la modernisation du lexique dans les langues à tradition orale ».

Cet « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » exclut les dictionnaires non lexicographiques tels que le « Dictionnaire des communes » d’Annaïse Chavenet paru en 1996 ou le « Dictionnaire géographique et administratif universel d'Haïti illustré » de Sémexan Rouzier paru en 1891. Il pourra au besoin être complété et mis à jour par des travaux ultérieurs à des fins de recherche et de support documentaire aux rédacteurs d’outils pédagogiques et didactiques en créole, ainsi qu’aux éditeurs de manuels scolaires en Haïti. L’avenir qualitatif de la lexicographie créole passe nécessairement par son institutionnalisation et sa professionnalisation : pour y parvenir, la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti a un rôle majeur à jouer en instituant un enseignement et une spécialisation novatrice en lexicographie. L’institutionnalisation et la professionnalisation de la lexicographie en Haïti disposent déjà d’un réservoir de compétences reconnues, comme on l’a constaté à l’évaluation du rigoureux « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » d’André Vilaire Chery --tomes 1 et 2 parus en 2000 et 2002 chez Édutex ; (voir notre article « À propos du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti d’André Vilaire Chéry », Le National, 29 novembre 2019). Et les enquêtes sociolinguistiques conduites par de jeunes chercheurs haïtiens sauront également y contribuer (voir par exemple le livre du linguiste Renauld Govain, « Les emprunts du créole haïtien à l'anglais et à l'espagnol », Éditions L’Harmattan, 2014).

Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

Montréal, le 20 juillet 2022

NOTE

Les langues naturelles évoluent et connaissent des phénomènes relevant de la « variation linguistique » :

--La variation diachronique, concerne l'évolution de la langue dans le temps. Elle permet de distinguer les formes anciennes des formes plus récentes d'une même langue.

--La variation diatopique permet d'identifier les variétés d'une même langue sous un angle géographique.

--La variation diastratique relève les différences d'usage d'une même langue au sein des couches sociales.

--La variation diaphasique rend compte des usages différant d'une situation de discours à une autre. La production langagière est déterminée par le caractère « formel » ou « informel » de la situation de communication.

--La variation diagénique concerne les différences de parler relevées entre les hommes et les femmes.

Le Larousse définit comme suit le terme « lexie » : « Unité fonctionnelle significative du lexique (mot, expression, etc.). [Une lexie peut être simple (chat, fourchette) ou composée de plusieurs mots (brise-glace, pomme de terre, avoir peur, se tenir à carreau).]

 

 

 

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