Pourquoi investir dans le Vodou en Haïti ?

Des années âpres avoir reçu une éducation religieuse imposant un regard critique sur la culture populaire et les traditions ancestrales fortement dominées par le Vodou, il faudrait une campagne de sensibilisation intense auprès des Haïtiens évoluant en Haïti et dans la diaspora, pour arriver à leur faire comprendre que le Vodou est l'un d'être le principal obstacle au développement social, économique et culturel d'Haïti. C'est au contraire l'ignorance et l'incompétence, la trahison et l'ingratitude qui sont à la base des nombreux mots du pays. 

 

Dans tous les grands pays qui ont dominé l'histoire universelle, et les plus riches nations dans le monde, Haïti reste l'un des seuls ou l'unique nation qui ne valorise pas ses morts, qui ne vénèrent pas ses ancêtres et qui ne valorisent pas le sens du mot sacré et ses symboles. En choisissant d'importer et d'imposer une éducation discriminatoire et autodestructrice des valeurs ancestrales et de la vision des Pères fondateurs. Avec le racisme et les discriminations de toutes sortes que subissent les migrants haïtiens dans le monde, l'indifférence de la communauté internationale face au sort du peuple haïtien, que certains reconnaissant de nos jours comme un véritable complot international, et la souffrance des familles haïtiennes victimes des maladies, armes, munitions importées, on se demande s'il ne serait pas mieux d'investir et d'encourager la médecine traditionnelle, de se réarmer de l'énergie et des croyances ancestrales pour résister, et de s'inspirer de la grandeur historique du peuple haïtien pour se réinventer dans ce nouveau millénaire de la mondialisation.   

 

Devant cette forme d'extermination lente et progressive des familles haïtiennes, sur le plan mental, psychologique et physique, sous le poids de la déshumanisation et du désespoir, investir dans le Vodou représente l'une des dernières alternatives dont l'Haïtien dispose pour se redéfinir et se renouveler, pour répondre aux attentes des autres pays qui traversent ces épreuves, et pour rentabiliser ses actifs. Sachant que la nature a horreur du vide, pendant longtemps le Vodou avait été délaissé aux marginaux, aux plus pauvres, aux mercenaires  et aux criminels, il est venu le temps pour les personnes saines d'esprit et de corps parmi les plus visionnaires et entrepreneurs crédibles, se rapprochent des temples Vodou pour apprendre, comprendre, ses défendre, entreprendre et vendre les bienfaits et les valeurs ajoutées du Vodou. 

 

Derrière les informations qui laissent croire que des membres des groupes armés en Haïti, utilisent à tort ou à raison des secrets et des recettes dans le Vodou pour se protéger contre les balles ou les tirs des armes automatiques, depuis quelque temps, on s'étonne que des universitaires haïtiens et des journalistes avant-gardistes ne prennent pas le temps de questionner et d’approfondir un tel sujet aussi pertinent, qui pourrait placer Haïti sur la carte des prochaines puissances militaires dans le monde, et le premier marché de production et des exportations des boucliers ou gilets par balles mystiques dans le monde.

 

Dommage qu'une telle information n’attire même pas des entrepreneurs également qui profiteraient pour se livrer dans l’exploration des pratiques initiatiques, techniques et technologiques mystiques “Made in Haïti”, “100/100 Vodou”.  Combien coûtent pratiquement de tels services ou ces procédés mystiques entre le paiement des frais et l’achat des accessoires et des objets de sacrifices pour les rituels ? Quels sont les principaux esprits Vodou ou Lwa mobilisés pour aboutir à de tels résultats ?  Qui sont les principaux Hougan et Manbo  qui disposent assez de pouvoir pour offrir de tels services ?  Quelle est l'économie de ces pratiques mystiques dans le Vodou ?

 

Derrière ceux qui critiquent ces pratiques et cherchent à diaboliser les Hougan et les Manbo qui offrent ces services, il y a toute une hypocrisie malsaine venant chez ces personnes, qui cherchent à oublier que nous vivons tous dans une économie dominée par le capitalisme, et que ce sont les mêmes pays qu’ils souhaitent ou continuent de visiter qui produisent et exportent massivement les armes et les munitions qui tuent nos enfants et nos familles.

 

Depuis toujours la défense est un droit sacré. Au lieu de critiquer ces Hougans et Manbo, depuis toujours livrés à eux même, sans formation, sans accompagnement pour pouvoir leur exiger de meilleurs comportements plus responsables et profitables au plus grand nombre. Avant de critiquer ces comportements mercantiles de nos plus grandes autorités mystiques, le pays doit commencer par reconnaître en eux des acteurs utiles, importants et valorisés au même titre que les autres membres des autres communautés religieuses, qui importaient des armes jadis,  et que l’on continue d’accorder un ensemble de droits, des privilèges et des honneurs.  

Devant tous les pouvoirs réels et symboliques, mystiques et sécuritaires que l’on associe au Vodou haïtien, et dont la majorité des membres des Lakou continuent d'évoluer dans la crasse et la misère dans plusieurs coins du pays, il serait préférable que  l’État commence par investir dans l'éducation des masses qui pratiquent le Vodou en Haïti, tout en investissant parallèlement dans les élites qui doivent développer de nouvelles entreprises culturelles et mystiques en Haïti.

De la nécessité d’investir dans le Vodou en Haïti, pour pouvoir mieux informer et former la population sur les connaissances et les compétences mystiques, sur la vision et les vérités chez tous les pratiquants, afin de mieux démasquer, responsabiliser et sanctionner les acteurs qui s'alignent dans les camps des hors-la-loi.

Dans l’obligation d’encourager la décentralisation et la déconcentration des institutions et des services publics dans les coins les plus reculés du pays, une meilleure compréhension des adeptes de cette communauté culturelle devra obligatoirement passer par des investissements pour l'aménagement, l’attraction et la rentabilité des sites Vodou dans le pays. Et dire que contrairement aux autres secteurs religieux en Haïti, le Vodou est pratiquement livré à lui-même, ne disposant pas de fondations internationales et des ONG pour financer ses activités en dehors de quelques miettes accordées occasionnellement par l’Etat, et des soutiens de quelques membres et pratiquants qui fréquentent les temples.  

De nombreuses universités aux États-Unis choisissent d’investir dans les projets de recherches scientifiques de plusieurs dizaines universitaires américains et d’autres nationales depuis plusieurs décennies. Ces fonds investis dans ces voyages, ces études, ces conférences, ces laboratoires d’analyse, de recherche et de la documentation, ne sont nullement perdus dans des activités inutiles et non rentables. Au contraire. Ils participent dans une forme de rapprochement intelligent et pragmatique de la première puissance mondiale autour de la plus influente nation de la Caraïbe, dans l’histoire de l'indépendance des pays de l'Amérique, et dans la résistance confirmée du peuple haïtien avec le passage de l'épidémie de Covid19 dans le monde, et pourtant qui a, à peine, emporté quelques dizaines et centaines de victimes.

 

Durant  l’une des dernières éditions du congrès de Santa Barbara (KOSANBA) organisées dans l’une des plus importantes universités de la ville de Nouvelle Orléans aux États-Unis, en 2017, ils étaient nombreux, et particulièrement en majorité qualitative et quantitative les chercheurs et les experts américains qui partageaient durant les rencontres, la somme des expériences réalisées sur les traditions ancestrales et le Vodou en particulier en Haïti. Pourquoi  et comment  un tel domaine aussi méprisé et qu'un tel sujet soit privilégié dans les grandes universités nord-américaines ?

 

Défendre des investissements dans  le Vodou est une nécessité et une opportunité pour l’État haïtien, qui doit commencer par investir dans la traduction d’un ensemble de documents et des publications multiples, à la fois scientifiques, dont les données ont été collectées en Haïti, avant, pendant et après  l’occupation américaine de 1915, et jusqu'à nos jours.

 

Dans l’ignorance des Haïtiens, parmi les plus lettrées continuent de critiquer et diaboliser le Vodou en Haïti, comme si la bombe atomique avait été fabriquée dans un péristyle, comme si de nombreux virus sont créés dans les humfò,  que les activités des sociétés secrètes ne sont pas à l’image des pratiques des unités d'élite des grandes puissances dans le monde, ou que la zombification est la seule et l’unique sanction inventée par les Haïtiens et qui existent dans le monde. Pourtant, ce sont ces mêmes pays, aussi riches et puissants, comme les États-Unis, le Canada, la France, et d’autres pays européens entre autres, qui explorent, exploitent et exposent les principales dimensions du Vodou haïtien.

 

Dans le cinéma, comme dans l'armée et les industries pharmaceutiques, parmi les trois plus importantes industries et au sein des multinationales, les pratiques autant que les connaissances, les compétences et les technologies du Vodou haïtien participent activement dans la recherche scientifique et la rentabilité des activités et croyances mystiques. “Sòt ki bay, enbesil ki pa pran !”.

 

Dominique Domerçant

 

 

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