Relocalisées après des violences sexistes en Haïti

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Najella a survécu à un viol collectif au fort des violences à Cité Soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, en juillet 2022. Son mari qui l’accompagnait a été intercepté par des bandits. Elle n’a plus de ses nouvelles depuis.

« J’ai pu me relocaliser grâce à l’appui d’une organisation féministe Kay Fanm soutenue par l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies chargé de la Santé reproductive », confie-t-elle. « Cette zone est plus tranquille. Cependant, mes conditions de vie le sont un peu moins. Mes enfants ont pratiquement perdu l’année scolaire. Je n’arrive pas à payer leur scolarité », ajoute-t-elle.

Najella n’a pas encore repris son activité antérieure. Elle vendait au détail à la Croix-des-Bossales, le plus grand marché public de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Le quartier avoisinant ce marché est devenu de plus en plus insécure.

Najella et son mari revenaient dudit marché quand ils ont connu leur mésaventure à Cité Soleil. Ils n’étaient pas au courant des violences qui s’y renforçaient.

Najella était parmi trois cents femmes survivantes de violences que l’organisation féministe avait aidées à se relocaliser. La responsable de l’organisation souhaiterait poursuivre ce programme de relocalisation, étant donné la persistance des violences perpétrées par des gangs et ciblant notamment les femmes et les filles.

La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti a observé, devant le Conseil de Sécurité, le 26 avril 2023 qu’ « il sera difficile d’aller de l’avant dans le cadre d’un dialogue politique sans s’attaquer efficacement à l’insécurité endémique, la violence des gangs se développant à un rythme sans précédent dans des zones auparavant considérées comme relativement sûres, à Port-au-Prince et en dehors de la capitale ».

Mari Isabel Salvador, a fait état de « 1647 incidents criminels – homicides, viols, enlèvements et lynchages – enregistrés par la PNH et le BINUH au cours du premier trimestre de 2023, soit plus du double du total de l’an dernier à la même période ».

Selon une organisation de droits humains – « Fondasyon Je Klere » – au cours des 21 derniers mois, « les chiffres non exhaustifs s’élèvent à plus de 2000 morts violentes, plus d’un millier de cas de kidnapping, des cas de viols, de vols, d’incendie, de destruction des propriétés d’autrui, des plantations, de déplacements massifs de population au niveau interne, de la perturbation des activités scolaires, économiques, commerciales, sociales et culturelles, des exécutions sommaires et la dangerosité des routes nationales abandonnées aux gangs armés ».

 

Texte et photos : Vario Sérant, UNFPA Haiti

NB : Najella  est un prénom d'emprunt

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