ÉVITER LE GRAND POURRISSEMENT

Alors que certains pensent que la position du State Departement au sujet des nouvelles élections est un cas de nuisance en plus pour le pays, d’autres croient que le moment est arrivé pour réveiller la conscience nationale en agonie depuis des décades. Le geste rapporté par la presse d’un groupe de parlementaires haïtiens qui seraient disposés à verser au Conseil Électoral Provisoire trois mois de leur salaire est interprété par les plus optimistes comme le signe inattendu d’une attitude nationaliste. Pour les habitués de la Real Politik, la décision est démagogique et populiste dans la mesure où les sénateurs et les députés, pour la troisième fois, ont raté de se prononcer sur la situation d’une présidence arrivée à terme suivant un accord conclu à la fin du quinquennat passé.

Alors que certains pensent que la position du State Departement au sujet des nouvelles élections est un cas de nuisance en plus pour le pays, d’autres croient que le moment est arrivé pour réveiller la conscience nationale en agonie depuis des décades. Le geste rapporté par la presse d’un groupe de parlementaires haïtiens qui seraient disposés à verser au Conseil Électoral Provisoire trois mois de leur salaire est interprété par les plus optimistes comme le signe inattendu d’une attitude nationaliste. Pour les habitués de la Real Politik, la décision est démagogique et populiste dans la mesure où les sénateurs et les députés, pour la troisième fois, ont raté de se prononcer sur la situation d’une présidence arrivée à terme suivant un accord conclu à la fin du quinquennat passé.

Depuis l’opérationnalisation de la Commission de vérification, les anciens « amis d’Haïti » observent une attitude de prudente distance par rapport à l’actuel gouvernement. Ils ont tous agi d’un commun accord. Le financement des dernières élections qui ont abouti aux résultats contestés par tous les secteurs politiques sauf le candidat du gouvernement sortant fait enfin comprendre que l’argent étant le nerf de la guerre celui qui avance le pognon se donne automatiquement le droit de faire respecter ses quatre volontés. Donc, ledit retrait des ambassades amies d’Haïti du côté du financement ne signifie pas l’abandon du contrôle stratégique d’un appareil gouvernemental mis dans la difficile situation de se trouver des partenaires politiques d’une opposition exigeante en même temps de sauvegarder un compromis avec le secteur qui a occupé le pouvoir pendant les cinq dernières années.

Voilà une conjoncture particulièrement paralysante ! La rumeur laisse croire que des agents de Service d’informations et de surveillance seraient déjà sur le terrain. Dans les « hautes instances » on craindrait une radicalisation surprenante. D’autant que, plus que jamais depuis des décades, le fossé entre les possédants et les démunis s’est creusé à un stade de non-retour et que les classes moyennes n’ont jamais connu une paupérisation si dangereuse. L’héritage politique des cinq dernières années pèse lourd dans la balance et les enjeux ne peuvent être de simplistes intelligences de ruse et de coups bas. Aux anciennes contradictions économiques viennent s’ajouter des valeurs qui mettent en question notre souveraineté. On a tout fait, sur le plan diplomatique, pour cacher la vérité sous l’étiquette de la stabilité et de la démocratie. Mais, voilà que la réalité concrète de la misère inédite, de la honte répétée et de l’irrespect historique étale aux yeux de tous que nos excès nous ont conduits à l’impasse ultime.

On est comme lassé avec le « Que faire ? » des hommes politiques. À force de rhétorique, les plus pragmatiques et les plus audacieux occupent des places de décision en bousculant ladite « classe politique ». Ce qui porte nos illustres « financiers » à faire des choix les plus proches de leurs intérêts immédiats.

« Comment agir ? » dans une situation complexe impliquant tant de forces et tant de mépris à notre histoire ? Il y a une théorie qui s’appelle le pourrissement. Le problème est qu’il faut, dans cette tentation à l’infection, faire un tri pour empêcher que tout le panier de fruits ne soit complètement gâté.

Pierre Clitandre

Gary VICTOR

 

 

 

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique n’a pas tardé à réagir. Pas moins de deux notes ont été publiées. L’une exprimant l’indignation du ministre et informant comme d’habitude, que cet acte ne restera pas impuni. L’autre avisant que « des instructions formelles ont été passées aux forces de l’ordre, en vue d’un contrôle plus strict de la circulation des motos » et au final une réunion du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) sur le problème.  Comme si le ministre, en poste depuis plusieurs mois, venait à peine de s’informer sur les crimes commis par des hommes circulant à moto. Comme si aussi la question de l’insécurité concernait uniquement la circulation des hommes à moto. 

 

L’expression « Ces actes crapuleux ne resteront pas impunis » le pays est habitué avec. Ce sont des actes et des décisions fermes qu’il attend. Pas des cris d’indignation et des annonces. 

 

Entre temps, au niveau du Sénat, le dossier de la nomination et l’installation du directeur ad intérim de la Police nationale d’Haïti sommeille devant la Commission justice et sécurité. Les sénateurs, qui siègent en permanence, sont trop occupés à une affaire d’Assemblée nationale devant statuer sur l’avenir de Jocelerme Privert. Une situation dans laquelle seuls les parlementaires sont confortables. Les pères conscrits sont trop occupés dans leurs exigences de séparation du gâteau gouvernemental. Trop occupés dans des soubresauts pour protéger leurs arrières et alliés dénoncés dans la dilapidation des fonds publics. 

Au pays de Jean Jacques Dessalines, la politique occulte tout.  Des hôpitaux publics dysfonctionnels depuis environ trois mois  à cause d'une grève des médecins résidents. Le nom d’un sénateur de la République aurait été cité dans ce mouvement. La gourde poursuit lentement, mais surement sa dévaluation. L’Université d’État d’Haïti, en crise depuis plusieurs mois, est incapable de bien planifier les concours d’admission. Des parents sont scandalisés devant la forte augmentation des frais scolaires. Autant de questions qui attendent une réponse et que la politique, comme elle se pratique ici à notre détriment, oublie.

 

Jacques Desrosiers

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