Cri d’alarme pour Haïti

Quand une famille est frappée de fratricide et de  matricide en même temps, la tâche peut devenir plus lourde pour un justicier. Cet état de faits ne doit pas lui faire   perdre pour autant son repère. Sommes-nous dans le far west ou dans une jungle ?  A quelle institution revient la responsabilité d’assurer la sécurité nationale d’un pays ? Point besoin d’être un fin stratège militaire  pour comprendre que la police nationale d’Haïti ne doit plus s’improviser dans des opérations pour lesquelles elle n’a pas été formée. A ceux qui font  référence à la constitution quand bon leur semble et plus particulièrement pour justifier leurs exactions, je les invite à revisiter les articles 264 et la clause d de l’article 266 de ce même texte juridique. Selon cette clause, les forces armées ont le mandat de : »Prêter main forte sur requête motivée de l’Exécutif à la Police au cas où cette dernière ne peut répondre à sa tâche ». Comment expliquer l’hésitation de l’actuel premier ministre d’evoquer cette clause ? N’a-t-il pas pour autant pris des décisions qui relèvent strictement du pouvoir exécutif ?

Comme membre de la diaspora, je suis très préoccupé par la situation actuelle en Haiti.

C’est  dommage que notre passé glorieux soit aussi incompris par beaucoup trop d’acteurs politiques et de membres influents de la société civile. L’étranger ou le blanc est-il tenu de mettre de l’ordre sur notre territoire ? A mon humble avis, la réponse est NON. Est-ce que les colons français avaient pitié de nos souffrances ? Qu’avons-nous retenu des héros de la guerre de l’independance ? Sommes-nous zombifiés ou volontairement irresponsables à un point tel de refuser de s’asseoir autour d’une table pour dégager au moins des pistes de solution à l’insécurité qui sévit au pays ? La réponse à nos malheurs est écrite depuis plus de 2 siècles. Le même esprit qui nous a animé pour sortir de l’esclavage est notre porte de sortie. Si les bandits représentent toute une force c’est parce que l’insécurité était perçue comme un problème pouvant toucher une couche sociale bien particulière (zafè kabrit pa zafè mouton). La réalité d’aujourd’hui est que personne n’est épargnée. Est-ce que le défi d’éliminer les bandits est plus élevé que celui de défaire l’armée de Napoléon ? C’est pour quand notre réveil ?  La communauté internationale est claire dans toutes ses prises de décisions face à l’insécurité en Haiti : »Il s’agit d’un problème interne qui doit être réglé par les haitiens ». N’est-ce pas la même logique prônée par beaucoup de nos compatriotes qui croient encore à la souveraineté du territoire haitien ?  C’est peut-être une belle occasion de donner raison à  l’Empereur Jean-Jacques Dessalines qui nous a servi cet éveil de la conscience à travers cette phrase : « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes ». Essayons au moins de retrouver notre dignité et notre respect par la mise en application  de cet esprit dessalinien.

Quand on voit nos frères et sœurs criblés de balles et que des cadavres jonchent les rues de Port-au-Prince, n’est-ce pas un cas de  fratricide ? Sommes-nous  prêts à aller jusqu’au matricide et l’accepter sans réserve ?  L’histoire retiendra que tous les observateurs et spectateurs étaient aussi des acteurs de ce complot. Notre mère patrie a besoin de nous. Il est grand temps de prendre soin d’elle.

 

Chrisnel Blot

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