Déportation massive: comble de l’indignation!

Quand ce sont des nuls, des mules et des crapules salis de tous les crimes - et donc dépourvus d’une once de pouvoir de négociation - qui assiègent en « bandi legal » les axes stratégiques de la sphère politique et diplomatique, la population ne peut que patauger dans l’humiliation. Dis-moi quelle gouvernance tu as et je te dis comment on te traitera ici et ailleurs.

Soit que tu descends ton pantalon pour traverser le fleuve Rio Grande ou que tu le franchis à la nage en mouillant ta chemise au risque de rester trempé sous les camps ignobles d’un Canaan manqué transporté sous le pont de la frontière texane. La partie abjecte et odieuse des scènes hollywoodiennes qui font ressasser les peurs, les douleurs et les malheurs de certains peuples traités en cons dans des conditions inhumaines apparentées à la période ardente de l’esclavage ont été transférés au Texas.

Si tu cherches des sans-culottes, torses nus, pieds nus, femmes enceintes, enfants innocents et des hommes perdus, vendus, battus, abattus, pourchassés par la pauvreté, l’anxiété, l’insécurité et le désespoir, le San Antonio en représente aujourd’hui le principal théâtre. Plus de 15 000 en provenance du bassin latino-américain ont choisi dans l’intrépidité de fuir le chômage, l’ostracisme, la psychose, la xénophobie et l’aporophobie -notamment des Haïtiens en « exil » au Chili depuis les cinq dernières années - pour au final être vilement expédiés au bercail.

Sauf par une sincère pitié dans une miette d’exception qui se perd dans la foule des distensions et distanciations sociales soulevées, Haïti est macabrement sur toutes les lèvres, dans tous les médias nationaux et internationaux. « Colère crapaud », « factice fierté desalinienne », « faux sentiment patriotique » mais aussi sens d’humanité de plus d’un ; les tensions, les frictions et les frustrations montent d’un cran pour atteindre un niveau paroxysmique.

Défaillance d’État, source du fiasco

Malheureusement, zéro capacité de négociation d’un État lamentable en état d’ébriété et de détresse inapte à tirer sur les ficelles pour mettre le drap du côté des siens qu’il traite plutôt comme des chiens, le chaos bat son plein. Puisqu’indignement représenté politiquement par des vilains, des vauriens, des coquins et des mesquins depuis la tragique catastrophe électorale post-sismique de 2010, l’État haïtien sans vergogne « restavèk » comme lui seul n’a rien foutu de consistant dans la gestion de cette grave crise migratoire où par la vertu de l’approche holistique le monde espérait au contraire déguster une victoire de la dignité sur l’ignominie.

Partie intégrante de la vie, les énigmes dressées sur nos chemins ne sont pas en soi un problème ; en fonction de la gestion qu’on en fait, elles peuvent même se convertir en des opportunités. Aucune vision, aucun leadership, une extrême myopie de ces chefs cupides versés dans une cleptomanie boulimique, voilà la source du sable dans le moteur de la stabilité et du développement de notre Haïti ridiculisée par des hypocrites aux yeux vairons et aux nez allongés.

D’ailleurs au lieu de cogiter dans la bonne direction de liguer des artistes, des intellectuels, des scientifiques, des sportifs au terroir et à la diaspora pour inspirer et travailler de concert sur des projets publics au profit de la collectivité, ce sont des gangs, kidnappeurs et tueurs que ces officiels démentiels ont plutôt fédérés. Évidemment, puisque qui se ressemble s’assemble, la dialectique n’y voit pas une surprise dans la connivence de ces sénateurs pervers, ministres sinistres, présidents indécents et directeurs « Habitant » dans le kidnapping, les crimes de sang et de lèse-patrie qui ont court au cours de cette décennie d’ineptie dominée par la médiocratie rancie.

De simples investigations ont clairement établi les liens étroits de ce régime politique au pouvoir avec des dealers de drogue, des kidnappeurs et des déshonorables « dwètlong » métamorphosés en faux leaders. La justice est prétendument à la recherche de criminels, d’assassins, de bandits et d’escrocs ; pourtant ces spécimens d’une espèce humaine vilaine boivent dans les mêmes verres et mangent dans les mêmes assiettes que les présidents, sénateurs, ministres et les autorités sans notoriété de cette clique politique répugnante.

Sans conteste, pour arguer dans le sens de l’économiste Frédérick Bastia, le mal en soi ne peut être perçu comme une opportunité. Toutefois, la sympathie et l’esprit de solidarité que charrient certains évènements en auraient fait un élément catalyseur vers de meilleurs comportements. Le tremblement de terre de 2010 aurait dû changer nos pratiques d’élections, de coopérations, de négociations, de constructions et de gestion de la chose publique. Ce qui nous éviterait la réitération des mêmes évènements regrettables avec les mêmes conséquences néfastes. Dix ans après le drame du 12 janvier 2010, le Grand Sud patauge dans la même crise de gestion des cadavres, des blessés et des sans-abri suite au séisme du 14 aout dernier.

Si des leçons avaient été apprises de la coordination calamiteuse des fonds du CIRH, Haïti aurait déjoué les projets de concussions agressives dans les fonds publics –Dollars cinquante, contrat Dermalog, Petrocaribe, FAES, BMPAD, FDI, BRH, ONA, CAS, APN,… – opérés avec le support d’une sinécure flagorneuse et budgétivore. Sur tous les plans, en particulier celui de la politique, Haïti ne peut continuer dans le « Business as usual ». La probité ne peut se croiser les bras en se cloitrant dans sa zone de confort inconfortable pour laisser trôner l’empire de la politique vampire sous l’emprise d’une mafia outrageuse sans gêne dans la déloyauté. J’ai entendu des voleurs/voleuses, kidnappeurs et malfaiteurs épinglés dans les rapports de la Cour des comptes, des Nations-Unies et de la DCPJ qui osent choquer la société dans leur velléité de courir aux prochaines élections. Aladesalmanaza papa !

Nettoyer le terrain politique

Tant et aussi longtemps que la lumière ne cesse de prendre la fuite pour ne bloquer l’arrivée des ténèbres qui ont donc pris le large pour occulter les bonnes actions et les bonnes attitudes, les valeurs de la société se néantiseront. En 2011, Haïti a adopté le vagabondage sur le sage pour accélérer en vitesse de croisière vers le naufrage d’un paysage sauvage empreint de marchandage, de chantage et de lynchage. Des présidents délinquants, des ministres et directeurs généraux trafiquants de visas, des sénateurs sans lecture ni écriture, des députés « dyòl si », des maires « dyòlbòkyè », pensez-vous que les autres allaient exprimer de la pitié envers vous quand vous-même vous ne vous prenez pas au sérieux ?

Si tu ne valorises pas ton enfant, ne sois pas surpris que le voisin lui envoie des vases de pipi et lui crache au visage à la moindre peccadille. Bien sûr, la magnanimité de la conscience humaine charrie avec elle des externalités positives qui se solderaient en des avantages pour autrui en dépit de ses erreurs. Mais républicain ou démocrate, Haïti ne peut espérer un bonheur « Finger Crossed » qui dépendrait du caprice des autres.

La porte de salut d’un peuple réside décidément dans la prise en charge interne de son destin par des dirigeants compétents et consciencieux aptes à assurer le bonheur collectif par le truchement d’une gouvernance avisée. Loin d’être aristocratique, le paradigme soutenant la prise en charge de la gouvernance politique par la science et la conscience est plutôt salvateur pour les générations présentes et futures. Après deux bicentenaires d’indépendance, Haïti doit définitivement cesser de pisser dans son caleçon. Il faut des interlocuteurs valables sur la scène politique ; c’est le point de départ d’une bonne configuration économique et sociale. Suivez mon regard avec le Rwanda, le Botswana, le Cuba.

Perte colossale en raison d’asymétrie d’information

Déficit d’image, perte financière sèche, des investissements issus en de lourds surendettements familiaux jetés à la poubelle dans la loterie de se jeter aveuglément un Brésil ou au Chili stupidement perçus comme un El Dorado, des centaines de milliers de nos compatriotes ont été mal conseillés pour se décapitaliser avant de traverser des océans en vain pour enfin gaspiller leur profession et leur épargne à la mer.

Bravant à haut-risque des forets, des jungles, des animaux, la faim, la soif, des rivières, des nuits blanches, certains compatriotes désespérés au Chili, au Panama et au Brésil ont même transité à plus de quatre pays avant d’atteindre le Mexique dans l’espoir que leur cri allait toucher l’empathie des autres. C’était peine perdue.

Nos compatriotes pleuraient en créole alors que les autres du camp adverse sont hispanophones et anglophones. C’était une confusion à la Babel ; volontairement, on ne se comprenait pas. Voilà pourquoi les coups de fouet du moyen-âge ont refait surface dans la honte la plus spectaculaire. La mémoire de Martin L. King a été une fois de plus souillée. Les scénarios cyniques vécus dans l’infamie et l’inhumanité ont fait remémorer les atrocités des genoux de policiers criminels sur le coup de Georges Floyd.

Ces Haïtiens en quête de meilleures conditions de vie pour eux-mêmes et pour leurs progénitures ne peuvent plus respirer chez eux. « They Can’t Breathe » ! Ils sont en train de payer au prix fort la bêtise de l’ingérence étrangère qui a osé imposer l’amuseur Michel Martelly à la magistrature suprême de la première république noire indépendante du monde. D’un côté l’irresponsabilité des petits dirigeants haïtiens et de l’autre la rancœur des faux samaritains de l’international ; voilà pourquoi nous sommes arrivés là.

Les défis sont à être relevés. C’est dans cette ligne que Sénèque stipulait que « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles ». Au temps des élections, le peuple doit oser dire NON aux imposteurs, aux racketteurs, aux amuseurs et aux dealers pour plutôt plébisciter les éducateurs, les véritables leaders et donc les personnalités dotées d’un bon crédit moral.

Les dirigeants des pays trop longtemps appauvris et humiliés doivent oser dire NON au blanc hypocrite qui leur dicte de mauvaises leçons. L’université doit oser dire NON à la gouvernance mazette du pays. La société doit dire NON aux médias affairistes et aux journalistes arrivistes qui pourrissent les ondes de leurs inepties inédites. Les fidèles doivent brandir un NON aux pasteurs magiciens charlatans qui profitent de leur naïveté en les dépouillant jusqu’au dernier sou.

Le ver est dans le fruit. L’éradication de la pauvreté, la recherche de la stabilité sociale, la création de la richesse et de la prospérité partagée, la résolution des conflits internes et externes passent par un renouveau du paysage politique avec des âmes honnêtes et cultivées. La société doit définitivement entrer dans une nouvelle dynamique. Quand le politique veut, le diplomatique peut.

Carly Dollin, carlydollin@gmail.com
Instructor-PhD Student in Economics
Master Student in Statistics
Washington State University (WSU)
wsu.edu

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