La nécessité de réformer la Police nationale d’Haïti (PNH)

La police nationale d’Haïti est l’une des trois principales parties ou composantes du système judiciaire en Haïti. Les deux autres sont le système des tribunaux et le système pénitentiaire. Le système des tribunaux est composé des avocats, des juges, des commissaires du gouvernement et du personnel de soutien qui sont des personnes travaillant dans le système judiciaire ou spécifiquement dans le système des tribunaux et qui ne sont ni des avocats ni des juges. Le système pénitentiaire se compose essentiellement de la prison civile et du personnel de soutien.

 

La police nationale a été créée en 1995 après le retour au pouvoir du président Jean Bertrand Aristide. Sa mission est d’apporter la sécurité publique à la population haïtienne. Depuis sa création en 1995, sa plus grande faiblesse a été la centralisation et non le nombre de policiers en activité. Les États-Unis et le Mexique font partie des dix premiers pays par rapport à la taille de leur force de police, mais les États-Unis ont obtenu de meilleurs résultats que le Mexique en raison d’une meilleure décentralisation et d’une meilleure autonomie pour les différents niveaux de police aux États-Unis. La taille de la police est très importante. La façon dont elle est organisée est plus importante que sa taille.

 

Pour que la police nationale fasse son travail, non seulement elle doit être réorganisée, mais les agences sœurs doivent fonctionner et bien fonctionner. C’est ainsi que le système judiciaire est mis en place dans tous les pays organisés. En Haïti, nous ne pouvons pas donner toute la responsabilité au système de police sans que les autres agences se réforment et prennent leurs responsabilités. Le gouvernement centralisé ne fonctionnera jamais. Au moment où j’écris cet article, le niveau de violence est très élevé en Haïti en 2020. Il en est ainsi depuis 30 ans. Nous pouvons tous convenir que c’est pire maintenant sous le président Jovenel Moise. La raison en est la rupture des institutions. Le système de justice en faillite doit être réparé pour de meilleurs résultats. Seules des réformes institutionnelles sortiront Haïti de cette situation difficile. Un système de justice réformé est une exigence de la sécurité publique et une police réformée est nécessaire et obligatoire.

 

La police nationale

La chose la plus simple, et la plus efficace à faire pour réformer le système de police en Haïti est de le décentraliser. C’est aussi la première chose à faire. Dans mon article précédent intitulé : Décentralisation politique et développement économique, j’ai brièvement parlé de la police. Ici, puisque cet article est entièrement dédié à la réorganisation de la police, j’ai plus de temps pour parler de la police et présenter mon cas. La décentralisation a été l’une des stratégies les plus puissantes des pays avancés ou industrialisés tels que : les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, etc. La raison pour laquelle j’aime citer des exemples est pour vous prouver que tout ce dont je parle existe déjà et fonctionne bien. Je ne suis pas en train de créer un système pour Haïti qui peut ou ne peut pas fonctionner. Tout ce que je dis ici fonctionnera en Haïti, car, ce sont là des théories qui ont été testées dans d’autres pays et qui ont donné d’excellents résultats.

 

La décentralisation de la police aux trois niveaux : national, départemental et communal, créera une atmosphère où davantage de chefs de police ou de directeurs réfléchiront à des moyens d’améliorer la sécurité publique du peuple haïtien. Comme je l’ai dit dans mon article précédent, la police nationale s’occupera des enquêtes et fournira un soutien aux polices départementales et à la police municipale, de façon similaire au FBI des États-Unis et à la police royale du Canada. Une fois la police décentralisée, la nécessité pour la police nationale d’avoir un commissariat dans chaque commune sera inutile puisque la police départementale et la police municipale seraient présentes dans ces zones géographiques. Comme le pays compte dix départements, un commissariat dans chaque capitale départementale serait suffisant. Avec ce modèle, 60 % de la police servirait au niveau municipal, 25 % au niveau départemental et 15 % au niveau national.  C’est juste un exemple. Tous ces différents niveaux travailleraient ensemble pour mieux coordonner leur travail au service du peuple haïtien.  Par exemple, si la police nationale est composée de 16 mille policiers, 15 % ou 2400 policiers suffiraient à la police nationale servant dans les dix capitales départementales du pays dans différents types d’enquêtes et apportant un soutien au système de police du département et des communes.

 

La police départementale

La police départementale serait sous le contrôle du gouvernement départemental ou du premier délégué et de son gouvernement départemental. Sa fonction serait basée sur l’accord entre le gouvernement central et les gouvernements départementaux. La supervision de la circulation et de la transportation, la supervision de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine peuvent être des pouvoirs réservés à la police départementale. Dans le processus de réorganisation, 25 % de la police nationale irait aux services de la police départementale. Par exemple, si le nombre de policiers est de 16 mille, 25 % ou 4000 policiers seraient en service dans les différents arrondissements du pays. Si un département a cinq arrondissements, il y aurait cinq commissariats pour la police départementale dans ce département. Haïti a environ 42 à 43 arrondissements, il y aurait 42 à 43 commissariats départementaux de police dans tout le pays sous la direction des gouvernements départementaux. Le nombre de commissariats peut plus ou moins dépendre de la réalité sur le terrain. La police départementale travaillerait avec la police nationale et la police municipale pour mieux coordonner leurs services à la population haïtienne. La dernière fois que j’ai compté, il y avait au moins 15 unités différentes dans la police nationale. Une fois la police décentralisée, certaines de ces unités pourront être transférées à la police municipale et à la police départementale pour de meilleurs résultats.

 

La police municipale

Environ 60 % de la police nationale serait transformée en police municipale. Par exemple, si le nombre d’agents de police est de 16 000, 60 % ou 9 600 agents de police serviraient dans les différentes communes du pays dans différents types d’unités. La police municipale s’occuperait des problèmes locaux tels que les activités des gangs, le trafic de drogue, les problèmes familiaux, etc. Ce sera la police principale. Avant que quelque chose puisse être adressé par la police départementale ou la police nationale, il sera traité par la police locale ou municipale. C’est comme ça dans la plupart des pays organisés. Il y aurait un commissariat dans chaque commune pour la police communale ou la police municipale. Le gouvernement communal ou la mairie serait en charge de la police municipale. La police de Miami, USA, la police municipale de Montréal au Canada et la police municipale de Marseille en France sont de bons exemples de ce dont je parle ici. Puisque le pays compte environ 143 communes, il y aurait 143 services de police municipale sous la direction des maires et du gouvernement de la ville. Ce modèle de police décentralisée est le meilleur au monde. Même les pays qui ont eu une police centralisée comme la France, l’Italie et l’Espagne s’orientent vers une police plus décentralisée.

 

En Haïti, nous ne pouvons pas rester en arrière sans réformer les institutions et blâmer les autres pays pour notre dysfonctionnement. Ces trois niveaux d’organisation de la police sont une exigence si nous voulons aborder les problèmes des gangs qui causent tant de souffrance à la société haïtienne. Ce niveau de violence en Haïti nécessite un niveau d’organisation du pays. Selon la CNDDR, une organisation chargée d’enquêter sur les problèmes des gangs, au moins 70 gangs connus sont présents et causent des dommages au pays. Les crimes, les assassinats, les gangs qui combattent les gangs sont le résultat d’un état dysfonctionnel et le système policier fait actuellement partie de cet état dysfonctionnel. Les choses doivent changer et la décentralisation est un aspect important de l’amélioration du système de police. Un meilleur salaire pour les policiers, une sécurité du revenu pour leur famille en cas de décès, de meilleurs équipements tels que voitures, chiens, hélicoptères, armements, uniformes, etc. font partie du système de police réformé auquel nous nous intéressons ici. Avec un système de police centralisé, ces changements importants n’auront jamais lieu. C’est pourquoi nous devons d’abord décentraliser la police en donnant plus d’autonomie aux différents niveaux de gouvernement afin qu’ils puissent eux-mêmes apporter des changements.

 

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