Maman CORE Group, bébé kangourou traîne dans la boue

Tout ce qui traîne, se salit. Autant la démocratie de pacotille écussonnée sur la culture politique haïtienne, imperméable à la démocratie, l’État de droit, le verdict des urnes, le respect des institutions républicaines, autant le Core Group, ce syndicat des ambassades étrangères, qui s’octroie des droits quasi monarchiques sur le pays à l’instar des possessions étrangères aux Antilles ou dans le Pacifique. Aujourd’hui, la politique en Haïti se résume à contrer la volonté du peuple par une usurpation conjointe du pouvoir par la négraille violente et corrompue sous la bénédiction internationale. La prolifération des accords provenant de l’establishment polico-économique et des ONG de Port-au-Prince masque mal la volonté de mettre le peuple hors-jeu dans le choix d’autorités légitimes et in fine l’abdication de son droit souverain de décider la politique intérieure du pays. 

Dans l’histoire d’Haïti, les pouvoirs en place sont le plus souvent remplacés par un autre, soit par une révolte ou un putsch militaire faisant place nette à une nouvelle équipe qui attend d’être "déchouquée" à la prochaine saute d’humeur des ayants droit de la république. Ce schéma n’est pourtant pas différent ailleurs, et cette affirmation n’est nullement une apologie maladroite de coup d’État. Quoique l’histoire recèle un certain nombre de cas qui ont fait des avancées sociales non négligeables, à titre d’exemple Bonaparte, Kadafi, Chavez, Sankara, etc.

Le désordre politique a connu un tournant en 2001, quand une fraction de l’OPL a tenté d’installer un président pour contrecarrer l’installation de J. B. Aristide, dont l’élection avait été entachée de fraudes et d’irrégularités savamment organisées par son jumeau de facto. Cette tentative a été infructueuse, mais elle a marqué un point de bascule dans le schème politique national qui connut un dénouement deux ans plus tard par une version plus soft avec un vieux briscard des organisations internationales parachuté de chez l’Oncle. Le maquillage s’est opéré avec beaucoup de perfidie en accompagnant Latortue de quelques indigènes, jetables après usage, trop heureux d’être associés à la manœuvre de la sainte ambassade, dispensatrice de faveurs et autres facilités. Donc, ils se payent du temps et du calme pour ne pas avoir à organiser des joutes 120 jours au plus après une vacance présidentielle selon la constitution en vigueur.

La pilule bien qu’amère a été facilement digérée à grand renfort de mensonges, d’émargements dans la fonction publique, de prébendes et surtout de promesses bidonnes à chacun des prétendants qu’il serait le prochain président. Pour des politiciens traumatisés dans leur âme d’éternels présidentiables et torturés par une chimérique malédiction des urnes, le mot du blanc c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas noir, vaut bien une pénitence supportable devant à terme leur ouvrir les portes du Palais national. Les élections réalisées ont permis le retour inattendu de Préval, qui a pu réussir son quinquennat sur haute surveillance des touristes onusiens en armes et avec lui la tourbe des grands mangeurs, appellation qu’ils trainaient en raison de leur avidité et leur soif d’enrichissement par le vol des deniers publics. Son successeur Martelly n’a pas eu cette veine, il n’a pas pu organiser des élections en raison de la violence de ses ennemis qui ont réussi à gripper son administration et la machine électorale. Il s’était résigné à partir sans avoir passé l’écharpe à un président élu. Les astres étaient alignés pour un repris de justice, ancien sénateur de son état, qui fut impliqué dans des actions de violations des droits humains et même de massacre de militants de l’opposition (dixit le Pape de la cause des droits humains). Donc, il a pu concocter, rédiger et participer au vote de son propre choix comme président provisoire avec mission de parachever les élections en trois mois, mais sa bande s’était octroyée 9 autres mois pour avoir le temps de tout saccager et de tout emporter, pour rester fidèle aux mœurs de sa famille politique.

Puis vient le président Jovenel et le quinquennat qu’il ne termine pas, parce qu’il avait osé entamer de timides réformes dans l’administration de l’État et défendre les intérêts de la nation face à l’appétit féroce de quelques familles de Port-au-Prince. Son gouvernement allait être pris en tenaille par des manifestations violentes et le blocage systématique de la capitale par des barricades, lesquels ont impacté très négativement le reste du pays. On serait morts de rire si ces actes répugnants et sauvages ne détruisaient pas des vies et ne pourrissaient la vie de bien des familles. Les mercenaires de toutes les églises d’Haïti, la classe moyenne de Port-au-Prince, les ONG et quelques éléments des bidonvilles ont prêté main forte pour détruire le président et pour le remplacer échafaudent toutes sortes d’accords d’hôtel pour garder le pouvoir hors des élections et loin de l’expression de la volonté populaire. N’ayant pas pu renverser le pouvoir par la seule violence et les rapts ciblés de la classe moyenne, on a assisté à la pièce de résistance lorsque le fameux Zabelbok Michel et ses acolytes ont, le soir du 7 février 2021, tenté le coup avec un géronte impotent plus proche du tombeau que du Palais national. Le président Jovenel a été assassiné par une nébuleuse criminelle qui lui vouait une haine animale; celui dont il fut forcé de choisir, qui devait continuer sa politique, s’empressa de détruire son héritage. Les premiers actes d’Ariel Henry ne lui épargnent pas le soupçon de présumé coupable dans l’assassinat, lesquels sont : révoquer les ministres qu’il avait nommés, bloquer le processus de justice en sa faveur; bref faire le jeu des ennemis du défunt.

L’héritage du pouvoir de Jovenel se révèle difficile à partager entre les protagonistes du crime, ils se battent au sang pour savoir qui se sortira avec la plus grosse part du gâteau. La basse besogne étant accomplie, la fraction insatisfaite de cette coterie qui se fout bien de la notion de légitimité et du vote populaire se réunira entre complices dans l’établissement dont l’accord porte le nom pour nommer, comme dans un concours de laideur, un conseil de 5 présidents, un Premier ministre et autres comparses. Dommage qu’elle ne prévoie pas de défilé des prétendants avec bikinis, talons-aiguilles, digne des concours de Miss; soit pour une dernière jouissance des yeux à ce peuple en voie d’être dépossédé de son destin politique. On verrait défiler un ancien gouverneur de la banque, second couteau déchu revenu d’exil de lavalas; Edgar Legrand, chef de l’OPL dont la gestion avait été si calamiteuse que son successeur, Sauveur Pierre Étienne malgré ses tentatives de moderniser le parti, buta sur son hostilité. C’est dommage qu’Edgar n’a pas eu plus de baraka à son second forcing, même pas cette odieuse consolation. Pour ce vieux pervers, une entourloupette comme moyens justifie la fin vers la magistrature suprême sans le vote populaire du fait de n’avoir jamais su ce que c’était prendre le pouvoir par des élections. Aujourd’hui Maître Zabelbok Michel s’est tu et manqué d’audace pour battre la mesure à l’indignée Mémé Edmonde dans ses cris d’orfraie contre les « Montanistes ». Elle les accuse de vouloir usurper par pure folie, un pouvoir très légitimement conquis à grands frais et au prix de vies de tueurs importés. Non, la brute « Marriottiste » est plus préoccupée à garder la « Fusion » le plus longtemps sous la table des conviés d’où tombent miettes et os, une gracieuseté de la mafia des adventistes du 7e jour.     

Ne faudrait-il pas face à cette dérive macabre, sans verser dans le conspirationnisme, voir des mains cachées qui perfectionnent une formule qu’elles trouveront finalement plus accommodante pour doter le pays de dirigeants faibles et franchement incapables. Blague à part, ils ne lésinent pas pour s’éviter une rareté d’accords d’hôtel et gardent d’autres fers au feu, telle la bibitte de Louisiane. Il est temps d’agir contre cette coterie Port-au-princienne qui mange dans les mains de l’étranger comme dans celles des ambassades étrangères, de casser la curatelle diplomatique, d’agir contre l’establishment mortifère et ce racisme systémique des pays-amis contre Haïti. Le pays, dont le peuple porte sur son visage et dans sa couleur de peau ce que les Nord-Américains et les Européens détestent le plus. C’est aux Haïtiennes et aux Haïtiens seuls qu’il revient de définir entre eux et par des moyens démocratiques l’avenir d’Haïti. Comment le Canada, les États-Unis, la France, ces grands démocrates du monde oseraient se montrer contre des élections pour une formule qui exclut le peuple dans les décisions en Haïti, contrairement à la mode de chez eux voulant que le peuple à travers les urnes décide de qui doit diriger leur pays.   

Félix Marré

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