Le poète Selmy Accilien vient de publier au cours du mois de novembre un nouveau recueil de poème chez les éditions du Pont de l'Europe. Comme à son habitude, il a proposé un recueil écrit avec les tripes tant les images, la cadence et la beauté subliment le texte. Mais pas que ça, c'est surtout et essentiellement un amas d'angoisses provoqué par l'absence d'une mère. Avec un printemps qui finit à mes pieds, Selmy Accilien se réinvente et confirme la bonne dynamique de lettres haïtienne dans la littérature-monde actuelle.
Qui n'a pas encore fait l'expérience du deuil?
Peut-être, personne. La perte d'un être cher où d'autres choses chères à nos yeux est un évènement qui marque notre vie. Encore plus s'il s'agit d'une mère partie trop jeune où peut-être trop tôt.
Dans un printemps qui finit à mes, Selmy Accilien fait dans un lyrisme déconcertant, le récit d'une vie où plutôt de sa vie, marquée par la disparition de sa mère. C'est un livre pour sa mère, pour toutes les personnes qui ont perdu leur mère et par-dessus tout pour eux-mêmes.
Contrairement à d'autres personnes, Selmy Accilien met des mots sur cette rivière de l'enfance qui coule encore en lui. Il ne perd pas de temps, son style est direct.
« Je perds le goût des sables
L'insouciance des flots
Et le saut à la corde des vagues
Ô ! La mer est morte dans mes bras.
Le sang des rêves n'est pas rouge où je suis
Je perds le goût des reproches
La couleur de ma peau
Ô ! La nuit est morte dans mes bras
Cou cassé, ventre vide, elle est morte.
Aujourd’hui c’est l’énervement des heures
Il gronde trop sur Gonaïves
À force de vouloir couper nos remords en miettes
Toutes les heures fâchées ont la marque du feu sur leur langue
Frère humain, dis-moi ce qu’espère la Terre
Je te dirai ce que le froid nous a apporté dans ses poches
Apprends-moi ce qu’espère la Terre
Je te dirai comment le sommeil devient rare. » (P.1)
Des plaies que le temps n'arrivent pas encore à refermer et qu'il porte sans se lamenter sur lui-même.
« À chaque saison
Sa façon de chanter la vie.
La chanson passe et repasse
Elle n'a rien ôté dans ma tête
C’est à nos larmes qu’elle a donné couleur
C’est à la mer qu’elle a donné couleur
C’est nos chemins qu’elle a fait diverger
C’est à nos pas qu’elle a fait grimace
En nous faisant rêver la vie d'hier. »
Depuis sur la tige de l'amour (Éditions du Pont de l'Europe), Et tu m'as dit (Éditions du Pont de l'Europe) et Ti koze bò lanmè (Éditions de la Rosée), Selmy Accilien ne cesse d'impressionner ses lecteurs. Avec Un printemps qui finit à mes pieds, il nous emmène encore plus loin dans son imagination.
Un printemps qui finit à mes pieds est un livre qui ne se résume pas. Il est à lire et relire. Le lecteur doit découvrir le texte de l'auteur, rien ne doit être dit. Il s'agit d'une relation très intime entre le texte et soi-même. Nous sommes concernés, qui que nous soyons, a-t-on li dans la note de présentation du livre par l'éditeur.
En attendant la distribution de livre en Haïti. Selmy était en signature en France au Salon du livre de Paris le 4 et 5 décembre 2021. Il est aussi attendu en Provence, en Ardèche et à Bruxelles au cours du mois de décembre.
Lesly SUCCÈS