L’historien Roger Gaillard et La déroute de l’intelligence en Haïti

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L’année 1992, au cours de l’évolution historique du peuple haïtien, représente, somme toute, une année terrible, annus horribilis, s’il en était. En effet,  le 30 septembre 1991, il y a eu dans le pays un coup d’État sanglant renversant  le Président Jean-Bertrand Aristide qui, au cours des élections du 16 décembre 1990, avait accédé à la magistrature suprême du pays le 7 février 1991 avec une forte légitimité populaire. Ce coup d’État avait duré plus de trois années  entrainant le pays dans une spirale infernale avec sanctions économiques, embargos et répressions au quotidien[1]. Dans ce contexte, l’année 1992 remettait en cause la possibilité même d’exister pour de larges secteurs de la population haïtienne face à une communauté internationale écartelée entre le soutien tacite aux putschistes et l’engagement ouvertement proclamé de garantir la démocratie avec le retour à l’ordre constitutionnel. Au cours de cette année 1992, il faut le rappeler, la répression s’abattait sans ménagement sur l’Université d’État d’Haïti (UEH) et une entité comme l’École Normale Supérieure (ENS) par exemple, pour survivre avec ses programmes de cours, avait dû laisser en catastrophe ses locaux de la rue de la Réunion pour fonctionner pendant près de deux années, au sein de l’édifice du Collège les Normaliens Réunis du Professeur Emmanuel Buteau. 

Au cours de cette année 1992, l’historien et Professeur Roger Gaillard, déjà célèbre dans le pays et à l’étranger avec la publication des différents tomes de la fameuse série Les Blancs débarquent consacrée à la période de l’Occupation américaine d’Haïti de 1915 à 1934, allait publier le troisième volume d’une nouvelle série historique dénommée La République exterminatrice. Il s’agit en effet de l’ouvrage intitulé La déroute de l’intelligence, livre consacré aux luttes et affrontements entre M. Anténor Firmin d’une part et le Général Nord Alexis d’autre part, au cours de l’année 1902 pour le pouvoir suprême. A l’issue de ces affrontements sanglants dans la ville du Cap-Haïtien, il y a eu des scènes de pillages, de répressions, d’exécutions et le Général Nord Alexis, vieux routier des guerres civiles haïtiennes et porte-étendard de l’oligarchie traditionnelle, devrait l’emporter avec les manœuvres de M. Boisrond Canal représentant le Gouvernement provisoire de l’époque. Par la suite, avec l’explosion de l’aviso de guerre la Crête à Pierrot et la mort  héroïque de l’amiral Hammerton Killick et du docteur Coles, le Général Nord Alexis[2] devrait accéder à la présidence dans un contexte particulièrement déchirant consacrant ce que l’historien Marc Péan appelle « L’échec du Firminisme » et M. Roger Gaillard « La déroute de l’intelligence ».

Les études et recherches sur la personnalité et le parcours politique de M. Anténor Firmin ne sont pas nombreuses au niveau de l’historiographie haïtienne. On pourra d’abord retenir la solide biographie consacrée à l’auteur De l’Egalité des Races humaines par le Dr. Jean-Price Mars[3]. Nous avons ensuite l’ouvrage de Marc Péan[4] et les travaux de M. Leslie Péan[5]. M. Charles Dupuy avait étudié la personnalité et les luttes du personnage[6]. Nous avons également les publications du Professeur Watson Denis[7] Secrétaire-Général de la Société haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie. Ensuite, nous retenons le récent travail du Professeur Georges Eddy Lucien[8].  Il y a aussi l’entretien accordé par le sociologue Carlyle Adrien dans les colonnes de la publication Le firmin.com.[9] Du 14 au 16 décembre 2011, l’Université Quisqueya avait organisé un Colloque international  intitulé : « L’actualité d’Anténor Firmin : Hier, aujourd’hui et Demain » avec les apports de spécialistes d’horizons divers.

L’historien Roger Gaillard lui-même avait eu à étudier les actions de M. Firmin comme ministre des Finances du Président Florvil Hyppolite[10] et du Président Tirésias Augustin Simon Sam[11]. Il avait amplement relaté les performances extraordinaires réalisées par M. Firmin dans la gestion des finances publiques du pays en rationalisant des choix budgétaires et en mettant de l’ordre dans les dépenses conformément aux principes de la gestion moderne. Du coup, la crédibilité de l’État haïtien s’était considérablement accrue sur les places financiers, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les ressources propres de l’État de l’État ont substantiellement augmenté avec pour la première fois un budget excédentaire depuis l’expérience christophienne dans le Royaume du Nord. Dans ce contexte, le Président Florvil Hyppolite, « Le Président de fer », a pu fonder  le Ministère des Travaux Publics et lancer les grands travaux d’infrastructures solides et durables dans le cadre de ce que l’historien Roger Gaillard appelait alors « une modernisation manquée ». M. Anténor Firmin demeure, somme toute, une figure emblématique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle haïtien. C’est celui qui a eu le courage d’entreprendre les réformes économiques et financières nécessaires à la modernisation du pays. Anténor Firmin, comme ministre des relations extérieures, a su négocier  dans la dignité la plus parfaite et en conformité avec le les usages diplomatiques et le Droit International Public (DIP), le fameux dossier du Môle Saint-Nicolas face aux canonnières des USA tout en jetant les bases, avec le Cubain Jose Martí et le Portoricain Ramon Emeterio Betances, d’une Confédération antiléenne, ancêtre de l’actuelle CARICOM. Dans les cours d’Histoire de la pensée sociale haïtienne, dans les programmes universitaires, une place de choix est accordée à M. Anténor Firmin pour sa production intellectuelle, sa culture encyclopédique, sa puissance de travail, son sérieux et son sens du bien commun, sa lecture de l’histoire nationale, ses compétences diverses, son patriotisme. Au moment même ou nous révisons ces lignes, le cinéaste haïtien Arnold Antonin vient de consacrer un film documentaire sur la personnalité et l’œuvre  de M. Anténor Firmin[12]. Mais, revenons à l’année 1992 et à l’ouvrage de l’historien Roger Gaillard. Comme c’est la tradition dans les livres du Professeur Roger Gaillard, nous avons un ouvrage très bien écrit, un style clair, simple et limpide. Une mise en page avec des photos d’époque réalisée par la maison Le Natal, éditeur sans failles de toute l’œuvre historique de M. Roger Gaillard sous la direction de M. Robert Malval.  Un récit vivant comportant deux livres et onze chapitres avec chronologie des évènements, références bibliographiques, index et annexe. L’auteur s’appuie alors sur des sources documentaires primaires, sur des collections de journaux de l’époque consultés à la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l’Instruction Chrétienne (BHFIC) et les rapports diplomatiques des représentants des puissances  étrangères accrédités à l’époque en Haïti. Des entretiens sont également réalisés. Le parti pris est clair et assumé : Nous sommes en plein dans la tradition de l’histoire événementielle. Ce qui n’exclut pas de nombreux passages constituant de profondes et judicieuses analyses de l’auteur. La personnalité de Firmin a été bien esquissée par M. Gaillard dans un volume antécédent de la même collection[13]. L’auteur avait alors présenté les antécédents de M. Firmin, sa formation académique, ses productions anthropologiques, littéraires et ses idées politiques et sociales. Nous retrouvons alors la description, par l’auteur,  d’un esprit de premier ordre, d’un défenseur de la race noire, d’un homme à la probité sans tache, d’un internationaliste et d’un patriote luttant pour l’instauration de « la République de l’intelligence ».  Il importait alors, selon le mot de M. Demesvar Delorme  « d’enlever le hasard à la direction du gouvernement pour la donner à l’intelligence ». Si le « Firminisme » n’impliquait pas alors un corps de doctrine articulé en des  programmes et des projets concrets, il n’en demeure pas moins évident que les initiatives concrètes de M. Firmin comme ministre et homme d’État visaient la modernisation de l’État. Cette volonté du bien commun et de modernisation des structures archaïques et traditionnelles du pays pour entrer dans la rationalité moderne institutionnelle, constitue les bases, les fondements du Firminisme. Ces idées sont  propagées au sein de la jeunesse scolaire et universitaire, au sein des populations éclairées et  motivées par les prises de position de M. Firmin et ses articles instructifs publiés dans les journaux et surtout par les livraisons régulières du journal même de M. Firmin, Le Messager du Nord. Pour plus d’un, dès la fin du XIXe siècle le Firminisme allait devenir une véritable religion, une profession de foi. Les idées de M. Firmin  sont diffusées dans les couches les plus diverses de la société haïtienne de l’époque, au sein des populations du Cap-Haïtien, de l’Artibonite avec le soutien du Général Jean-Jumeau, de Port-au-Prince, de Petit-Goave, de Jacmel. Les esprits étaient préparés, la volonté tenace, les moyens à portée de main. Le poète Massillon Coicou pouvait alors écrire : une heure doit sonner, un homme doit venir... Tout semblait indiquer que cette fois, les réformes que nécessitait le pays pour passer de la société traditionnelle à une entité moderne, allaient pouvoir enfin se réaliser sous la férule énergique et efficace de l’auteur De l’égalité des races humaines. Mais c’était  compter sans les bassesses, les « koutba » de la politiques traditionnelle  haïtienne et surtout des manœuvres de Boisrond Canal dans l’explosion de l’aviso la Crète-à-Pierrot. La bataille était perdue. Définitivement perdue. Et le lecteur assiste, la rage au cœur, à « La déroute de l’intelligence ». Tristesse. Rage. Impuissance. Frustrations. Les responsables haïtiens, contre toute exigence de base de  comptabilité publique, continuaient à dépenser plus que les rentrées et à maintenir, au niveau de l’administration publique, un personnel autant pléthorique qu’inefficace. La corruption endémique, les « révolutions » en cascade, les fameuses prises d’armes de « généraux improvisés », la résurgence du mouvement caco sont autant de facteurs contribuant à un affaiblissement substantiel de l’État.  La modernisation des structures économiques, financières et politiques du pays furent alors renvoyées aux calendes grecques. L’Occupation américaine de 1915, par le biais du Conseiller financier, appliquera aux finances publiques haïtiennes des thérapies de choc qui feraient trembler les élites du pays et réorienter de façon déterminante l’administration publique et les choix budgétaires du pays. En 1902, l’intelligence, en Haïti, a été mise en déroute. Pour l’économiste Leslie J. R. Péan, de cette « déroute » a découlé, dans certains secteurs de la société haïtienne, un certain rejet et un mépris pour les intellectuels et toute approche rationnelle de la chose publique haïtienne[14]. Il s’agit là d’un courant de pensée tenace et qui a refait brillamment surface lors de certaines joutes électorales récentes en Haïti… Le livre de l’historien Roger Gaillard est dur, très dur à lire. Mais, il faut le lire. Surtout dans la conjoncture difficile de mars 2024 que nous sommes en train de vivre. Les pages 184, 185, 186, 187 du livre relatent  le « déchoucage » et le pillage systématique, « avec rage » et pendant plus de deux jours, de la résidence familiale de M. Firmin, du magasin de son épouse, de son cabinet d’avocat et surtout, surtout, de sa fameuse bibliothèque, alors la plus importante de toute la Caraïbe, tant par la quantité que par la qualité et la valeur des fonds et collections[15]. Un désastre. Une véritable catastrophe. D’après le journal L’Effort du 6 juillet 1902, « nous savons que la bibliothèque de M. Firmin a été dévastée avec des raffinements de méchanceté et que le lendemain, les gavroches offraient à des prix dérisoires les ouvrages les plus rares ramassés dans les ruisseaux »[16] Pour l’historien Roger Gaillard, il s’agit bien de ces pages d’histoire d’Haïti que  «Tout honnête homme lit comme  s’il reçoit du crachat en plein visage »[17]. C’est tout dire…Et M. Gaillard de terminer le livre avec cette phrase annonçant la suite tragique des évènements : « l’intelligence mise en déroute, il ne restait plus aux progressistes qu’une option : le soulèvement armé »[18].

L’ouvrage La déroute de l’intelligence, c’est dur, très dur à lire. Mais il faut bien le lire. C’est le seul ouvrage de l’historien Gaillard dans lequel l’auteur se départit de son habituelle réserve[19]. L’enjeu est de taille et l’objectivité en Histoire n’est point celle du chimiste mélangeant les corps dans les éprouvettes des laboratoires. M. Firmin devrait tenter une ultime initiative en 1908 pour débarquer au pays. Mais les armes qui devraient arriver pour soutenir l’ardeur et le courage de ses partisans ont été retenues par les Américains dans le port de New-York. C’était bien le commencement de la fin et arrêté, le Général Jean-Jumeau sera fusillé à Marchand-Dessalines. Quant à M. Firmin, il regagna définitivement l’exil dans l’Ile de Saint-Thomas. Alors, dans son dernier ouvrage, Les lettres de Saint-Thomas, M. Firmin eut à écrire, avant sa mort survenu en 1911, ces paroles prémonitoires : « Homme, je puis disparaitre, sans voir poindre à l’horizon national l’aurore d’un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattu. Car, au XXe siècle, et dans l’hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l’injustice, l’ignorance et la misère ».

La déroute de l’intelligence  (1992) représente une œuvre majeure de l’historien Roger Gaillard. Lors de sa parution en 1992, l’ouvrage avait suscité de nombreuses réactions. Je me rappelle encore celles de M. Claude Vixamar, pendant plusieurs semaines, dans les colonnes du Nouvelliste à propos du préjugé de couleur au Cap-Haïtien. Plus près de nous, le 24 octobre 2022, M. Frantz Duval, Rédacteur en Chef du Nouvelliste, a rédigé un éditorial intitulé « L’intelligence est encore en déroute »  au sein duquel il s’est retourné sur cet  ouvrage capital de M. Gaillard. En effet, pour M. Duval, « Il y a une urgence de relire toute l’œuvre de Gaillard, de nos jours. Elle est toujours d’actualité. Peu d’historiens haïtiens ont fait mieux que lui. Gaillard, c’est une somme d’informations et des interrogations sur nous »[20]. Qu’en est-il de ce célèbre ouvrage du Professeur Gaillard aujourd’hui ? Il est épuisé, complètement épuisé sur le marché du livre en Haïti. Il n’est même pas disponible dans plusieurs bibliothèques des facultés de sciences sociales des universités publiques et  privées du pays. La nouvelle génération de  nos étudiants l’ignore. Une réédition s’impose. Lors de la vente signature de l’ouvrage du Professeur Jean-Alix René[21] dans les locaux de la Société haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie (SHHGG), j’en ai parlé personnellement à la fille de M. Roger Gaillard, l’historienne Gusti-Klara Gaillard-Pourchet. Je renouvelle aujourd’hui cette demande. Il faut rééditer l’ouvrage La déroute de l’intelligence de l’historien Roger Gaillard avec préface et commentaires. Il s’agit d’un ouvrage dur, très dur à lire. Mais il faut le lire et surtout, le relire dans la cruciale conjoncture que nous vivons tous.

Depuis la fin du mois de février 2024, Haïti vit des moments particulièrement difficiles et même tragiques de son histoire. L’intelligence pour la conduite efficace des affaires de la chose publique par des acteurs politiques enfin rationnels, est plus que jamais interpellée et sollicitée. Le pays pratiquement se meurt. Cette intelligence est-elle de nos jours  à l’œuvre ou encore en déroute comme nous le rappelait M. Frantz Duval en octobre 2022 et comme nous l’avait décrit l’historien Roger Gaillard en 1992 ?   

Jérôme Paul Eddy Lacoste, Documentaliste,

Responsable Académique de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti (UEH).          

 

       Légende:  L’historien  Roger Gaillard, source Internet.

NOTES

[1] Voir sous ce rapport le livre La répression au quotidien  publié par le R.P. Gilles Danroc et la Commission Justice et Paix du diocèse des Gonaïves en 2004.  

2 Le gouvernement du Général Nord Alexis s’est caractérisé par des pratiques d’exécutions sommaires de ses opposants. L’exécution du poète Massillon Coicou et de ses deux frères le 15 mars 1908 a ému l’opinion et donné lieu à des recherches historiques comme l’ouvrage de Gérard Jolibois, L’exécution des frères Coicou, Imp. Le Natal, paru en 1986. En 2013, M. Pierre Richard Narcisse consacra une ample recherche à ce drame sous le titre : Dans l’ombre d’une exécution : toute l’enquête sur l’enquête sur l’affaire Coicou, Editions de l’Université d’État d’Haïti. A sa décharge, le  gouvernement de Nord Alexis a pu commémorer le centenaire de l’Indépendance nationale en 1904 et réaliser, en dépit des menaces et pressions internationales, le fameux procès de la Consolidation.

3Jean Price Mars (1978). Anténor Firmin. Imp. Séminaire adventiste, Port-au-Prince.  

4Marc Péan. (1987). L’échec du Firminisme. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince. 

5 Leslie J. R.  Péan (2005).Haïti : économie politique de la corruption - Tome II L'État marron (1870-1915). Ed. Maisonneuve / Larose, Paris.  

6Charles Dupuy(2002). Le coin de l’histoire. Tome I. Imprimeur II, Port-au-Prince, pp. 23-28. 

7 Watson Denis. « Commémorons le centenaire de la mort d’Anténor Firmin », le Nouvelliste, 30 mars 2011.

8 Georges Eddy Lucien 2023). Le lieu à l’épreuve de la complexité : appropriations et usages chez Anténor Firmin. C3 Editions. Port-au-Prince.

9 www.lefirmin.com. « Un retour à la pensée d’Anténor Firmin s’avère nécessaire » selon le sociologue Carlyle Adrien. Consulté le 20 janvier 2024.

10 Roger Gaillard (1984). La République exterminatrice : une modernisation manquée 1880-1896. Imp. Le Natal, Port-au-Prince.

11 Roger Gaillard (1988). La République exterminatrice : L’État Vassal. Imp. Le Natal, Port-au-Prince.

12 Le film s’intitule: Anténor Firmin: entre la plume et l’épée ou De l’égalité des races humaines. La première devrait se tenir au cours de la première semaine du mois de mars 2024 dans la ville du Cap-Haïtien. Mais la situation de violence explosive que connait le pays durant cette période a porté le cinéaste haïtien Arnold Antonin à procéder  au report de ces activités culturelles de la plus haute importance.

13Roger Gaillard (1988). La République exterminatrice: L’État Vassal. Ed. Le Natal, Port-au-Prince. Voir la deuxième partie : Pour une République nouvelle. Pp. 69-184.

14 Leslie J. R.  Péan Op. Cit.

15 Selon le ministre américain accrédité en Haïti, M. Powell cité par Roger Gaillard, « cette bibliothèque, la plus complète de la République », contenait plus de 4.000 volumes, des livres rares en plus de documents primaires de grande valeur  historique et littéraire. Il y a eu, au cours des scènes de pillage, la perte  du  manuscrit d’un ouvrage rédigé par M. Firmin et qui était prêt pour impression intitulé : L’Histoire d’Haïti, de l’établissement des Français à l’administration du Général Sam. Un véritable désastre pour l’intelligence.

16 Roger Gaillard, Op. Cit, p. 187.

17 Ibid

18Ibid., p. 224.

19Mais l’historien Gaillard a eu l’occasion de s’exprimer. Au cours de  l’année 1982, le journaliste Jean-Robert Antoine présentait une émission de bonne facture et très prisée sur les écrans de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) intitulée Format 60. Pendant une heure d’horloge, M. Jean-Robert Antoine recevait un invité de marque dans le cadre d’un entretien structuré. Ainsi, M. Jean-Robert Antoine a pu réaliser une émission célèbre avec l’historien Gaillard. Au cours de cette émission dont des extraits sont actuellement disponibles sur You Tube, l’historien Roger Gaillard a avoué « être triste d’être haïtien », sans en avoir pour autant honte. Il a fait le procès de nos élites et montré leur incapacité à réaliser « les tâches bourgeoises » pour la constitution d’un État et d’une société modernes dans un scénario préfigurant la débâcle de 1915. Le politologue Sauveur Pierre Etienne, dans son ouvrage L’Enigme haïtienne : essai sur l’échec de l’État moderne en Haïti est, à certains égards, du même avis.

20 Frantz Duval.  « L’intelligence est encore en déroute ». Editorial. Le Nouvelliste, 24 octobre 2022. 

21Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l’État et culture politique populaire  (1804-1846). Editeur Communication Plus,  Prix de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Port-au-Prince.


[1] Voir sous ce rapport le livre La répression au quotidien  publié par le R.P. Gilles Danroc et la Commission Justice et Paix du diocèse des Gonaïves en 2004.  

[2] Le gouvernement du Général Nord Alexis s’est caractérisé par des pratiques d’exécutions sommaires de ses opposants. L’exécution du poète Massillon Coicou et de ses deux frères le 15 mars 1908 a ému l’opinion et donné lieu à des recherches historiques comme l’ouvrage de Gérard Jolibois, L’exécution des frères Coicou, Imp. Le Natal, paru en 1986. En 2013, M. Pierre Richard Narcisse consacra une ample recherche à ce drame sous le titre : Dans l’ombre d’une exécution : toute l’enquête sur l’enquête sur l’affaire Coicou, Editions de l’Université d’Etat d’Haïti. A sa décharge, le  gouvernement de Nord Alexis a pu commémorer le centenaire de l’Indépendance nationale en 1904 et réaliser, en dépit des menaces et pressions internationales, le fameux procès de la Consolidation. [3] Jean Price Mars (1978). Anténor Firmin. Imp. Séminaire adventiste, Port-au-Prince.  

[4] Marc Péan. (1987). L’échec du Firminisme. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince.  

[5] Leslie J. R.  Péan (2005).Haïti : économie politique de la corruption - Tome II L'Etat marron (1870-1915). Ed. Maisonneuve / Larose, Paris.  

[6] Charles Dupuy(2002). Le coin de l’histoire. Tome I. Imprimeur II, Port-au-Prince, pp. 23-28. 

[7] Watson Denis. « Commémorons le centenaire de la mort d’Anténor Firmin », le Nouvelliste, 30 mars 2011.

[8] Georges Eddy Lucien 2023). Le lieu à l’épreuve de la complexité : appropriations et usages chez Anténor Firmin. C3 Editions. Port-au-Prince.

[9] www.lefirmin.com. « Un retour à la pensée d’Anténor Firmin s’avère nécessaire » selon le sociologue Carlyle Adrien. Consulté le 20 janvier 2024.

[10] Roger Gaillard (1984). La République exterminatrice : une modernisation manquée 1880-1896. Imp. Le Natal, Port-au-Prince.

[11] Roger Gaillard (1988). La République exterminatrice : L’Etat Vassal. Imp. Le Natal, Port-au-Prince.

[12] Le film s’intitule: Anténor Firmin: entre la plume et l’épée ou De l’égalité des races humaines. La première devrait se tenir au cours de la première semaine du mois de mars 2024 dans la ville du Cap-Haïtien. Mais la situation de violence explosive que connait le pays durant cette période a porté le cinéaste haïtien Arnold Antonin à procéder  au report de ces activités culturelles de la plus haute importance.

[13] Roger Gaillard (1988). La République exterminatrice: L’Etat Vassal. Ed. Le Natal, Port-au-Prince. Voir la deuxième partie : Pour une République nouvelle. Pp. 69-184.

[14] Leslie J. R.  Péan Op. Cit.

[15] Selon le ministre américain accrédité en Haïti, M. Powell cité par Roger Gaillard, « cette bibliothèque, la plus complète de la République », contenait plus de 4.000 volumes, des livres rares en plus de documents primaires de grande valeur  historique et littéraire. Il y a eu, au cours des scènes de pillage, la perte  du  manuscrit d’un ouvrage rédigé par M. Firmin et qui était prêt pour impression intitulé : L’Histoire d’Haïti, de l’établissement des Français à l’administration du Général Sam. Un véritable désastre pour l’intelligence.

[16] Roger Gaillard, Op. Cit, p. 187.

[17] Ibid

[18] Ibid., p. 224.

[19] Mais l’historien Gaillard a eu l’occasion de s’exprimer. Au cours de  l’année 1982, le journaliste Jean-Robert Antoine présentait une émission de bonne facture et très prisée sur les écrans de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) intitulée Format 60. Pendant une heure d’horloge, M. Jean-Robert Antoine recevait un invité de marque dans le cadre d’un entretien structuré. Ainsi, M. Jean-Robert Antoine a pu réaliser une émission célèbre avec l’historien Gaillard. Au cours de cette émission dont des extraits sont actuellement disponibles sur You Tube, l’historien Roger Gaillard a avoué « être triste d’être haïtien », sans en avoir pour autant honte. Il a fait le procès de nos élites et montré leur incapacité à réaliser « les tâches bourgeoises » pour la constitution d’un Etat et d’une société modernes dans un scénario préfigurant la débâcle de 1915. Le politologue Sauveur Pierre Etienne, dans son ouvrage L’Enigme haïtienne : essai sur l’échec de l’Etat moderne en Haïti est, à certains égards, du même avis.

[20] Frantz Duval.  « L’intelligence est encore en déroute ». Editorial. Le Nouvelliste, 24 octobre 2022. 

[21] Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l’Etat et culture politique populaire  (1804-1846). Editeur Communication Plus,  Prix de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Port-au-Prince.

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