Frantz Zéphirin, un talent confirmé dans la jungle picturale !

De quoi faire rêver les plus jeunes plasticiens, dont certains cherchent à se déguiser ou se dénaturer pour pouvoir se créer une place dans la littérature artistique. Zéphirin se confirme comme ce modèle, qui croit avant toute chose dans la semence de ses créations partagées. Le Centre d’art nous a déjà rapporté qu’un de ces tableaux a fait la couverture de The Immaculate Invasion de Bob Sacoches, best-seller du New York Times paru en 1999. Son travail parait dans deux grandes expositions au musée américain Visionary Art, « Holy H20 » en 2004-2005 et « Home & Beast » en 2006-2007.

Depuis plusieurs décennies, l’artiste peintre Frantz Zéphirin persiste et signe des œuvres qui portent un regard à la fois esthétique, critique, symbolique et expressif autour des animaux, tout en explorant d’autres frontières identitaires et multiculturelles, notamment la rencontre des trois mondes, qu’il cherche à représenter ou à renouveler dans une nouvelle fresque dans la capitale haïtienne.

Des artistes qui proposent la lecture du monde, de l’histoire, et de nos sociétés à travers des animaux (sauvages et imaginaires), Frantz Zephirin est loin d’être le premier dans le monde à emprunter cette voie. Lafontaine a déjà bien imposé ses marques dans ce registre à travers la littérature, comme Zéphirin le fait si bien dans la peinture. Et ce n’est pas par hasard, en 1994, qu’il reçut le Prix Suisse et le Prix Europe de la peinture primitive moderne à Kasper Pro Arte, Morges, en Suisse.

Dans les registres du Centre d’art, sa biographie se précise en ces termes: « Ayant grandi dans un univers artistique, il a appris à lire en même temps qu’il est initié à la peinture. À 7 ans déjà, il vend ses paysages, ses petits tableaux aux touristes de croisière en visite au Cap-Haïtien. En 1983, il s’installe à Port-au-Prince pour continuer ses études classiques. Il les abandonnera pour se consacrer entièrement à la peinture et s’associer à la galerie Monnin. C’est à partir de 1988 qu’il arrive au Centre d’art et développe sa propre thématique, son propre style ».

Dans les profondeurs des fonds marins, l’artiste fait remonter dans ses tableaux une pléiade d’animaux sauvages, en dehors d’autres scènes qui abordent certaines dimensions historiques et des personnages mystiques.

Des animations dans les œuvres de Zéphirin, le public est invité à non seulement identifier les personnages que l’artiste met en scène d’une part. Il faut prendre également le temps de découvrir les relations que ces animaux entretiennent entre eux, tout en pénétrant le langage, les différents messages, et l’objet principal qui justifie le titre de l’œuvre d’autre part. C’est pratiquement une invitation qui est faite pour se mettre à l’école des animaux ou des esprits qui animent la culture haïtienne.

De nombreuses distinctions ornent le palmarès de ce peintre majeur. En octobre 1996, il reçoit la médaille d’or à la troisième biennale de peinture des Caraïbes et d’Amérique centrale au musée d’art moderne de la République dominicaine. Zéphirin est l’un des cinq Haïtiens à participer à la Vème Biennale de Cuenca, en Équateur. Il a aussi participé à l’exposition « Arts sacrés du vaudou haïtien » qui a connu une tournée aux États-Unis entre 1997-1998.

Des tableaux de Frantz Zéphirin font partie des Collections des Musées internationaux comme l’Afrika Museum, Berg-en-Dal, Pays-Bas, le Waterloo Museum.

D’une créativité sans pareil, sa palette propose une variété de sujets les plus expressifs et engagés. « Ses peintures s’inspirent de l’histoire, de la politique, de l’environnement, de la Bible et de la culture créole haïtienne ; le vaudou d’Haïti. Son travail est immédiatement reconnaissable par les caractéristiques de ses peintures : des couleurs vives avec des motifs complexes, des compositions très compressées sur des figures humaines à têtes animales sauvages ou domestiques, de personnages mystiques, de mondes parallèles », rapportent les responsables du Centre d’art, tout en affirmant que Frantz Zéphirin ironise le monde en caricaturant les hommes notamment de la classe dirigeante du pays. Non sans cynisme, il se décrit comme un « animaliste historique ».

Du Cap-Haitien (sa ville natale) à Port-au-Prince, la peinture de Frantz Zéphirin allait suivre son cours, entre la vente des tableaux aux passagers des bateaux de croisière qui venaient se mouiller sur les côtes de la ville historique christophienne, pour rentrer dans les salles d’exposition de la galerie Monnin à Pétion-Ville.

Des œuvres de cet artiste, devenu une icône de sa génération, figurent dans plusieurs catalogues des expositions tenues en Haïti et plusieurs autres manifestations culturelles organisées dans plusieurs grandes capitales en dehors de sa terre natale. Ces œuvres continuent d’illustrer les couvertures de célèbres magazines, comme: The New Yorker, le magazine Smithsonian, Times of London, The Guardian, la BBC, New York Times, Los Angeles Times, Wall Street Journal, entre autres.

Derrière son grand sourire, renforcée par une humilité débordante, l’artiste Frantz Zephirin, du haut de ses 54 ans en 2022 (né le 10 décembre 1968), est une figure importante et authentique, un talent confirmé dans l’histoire de la peinture haïtienne. En attendant que les plus importantes institutions culturelles publiques et privées du pays trouvent le temps nécessaire, pour apprécier et célébrer le travail de Frantz Zéphirin, l’artiste va continuer à communiquer en toute liberté et créativité, partager ses observations et ses représentations des différents animaux qui animent la scène mystique, politique, historique et géopolitique de la jungle.    

Dominique Domerçan

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES