L’impossible liberté !

Visitant la Maison de la Presse ce mardi 7 juin 2016 à l’occasion de la journée latino-américaine de la liberté de la Presse, Le chef de l’État a rappelé fort justement que les « médias constituent le principal outil d’accès à l’information de la population. » Il a ajouté aussi qu’ils jouent le trait d’union entre les autorités et les citoyens. La presse haïtienne qui a déjà joué un rôle plus qu’appréciable ces dernières décennies en devenant surtout le principal canal d’expression de toute une population souvent ignorée par ses dirigeants se retrouve de plus en plus dans une situation difficile avec les échecs à répétition de la classe politique. Elle est comme contrainte, et cela n’est que l’expression d’une crise de la pensée au sein de notre société, à fonctionner avec un déficit de leaders capables d’avoir un regard nouveau et d’autres schémas d’approche sur les problématiques de notre société.

Visitant la Maison de la Presse ce mardi 7 juin 2016 à l’occasion de la journée latino-américaine de la liberté de la Presse, Le chef de l’État a rappelé fort justement que les « médias constituent le principal outil d’accès à l’information de la population. » Il a ajouté aussi qu’ils jouent le trait d’union entre les autorités et les citoyens.

La presse haïtienne qui a déjà joué un rôle plus qu’appréciable ces dernières décennies en devenant surtout le principal canal d’expression de toute une population souvent ignorée par ses dirigeants se retrouve de plus en plus dans une situation difficile avec les échecs à répétition de la classe politique. Elle est comme contrainte, et cela n’est que l’expression d’une crise de la pensée au sein de notre société, à fonctionner avec un déficit de leaders capables d’avoir un regard nouveau et d’autres schémas d’approche sur les problématiques de notre société.

Rapporter exclusivement les faits en se retranchant derrière la règle dite sacro-sainte de l’objectivité permet certes d’éviter des erreurs, de se protéger contre ceux qui voient le travail des journalistes comme une constante menace. Mais chez nous, dans un lieu où les manipulations et les mensonges sont des armes bien affutées, il faut avoir la capacité d’aller au-delà des faits, de questionner les discours et les comportements, chose ardue dans un lieu où toute enquête est mort-née. L’immunité étant la règle, les fraudeurs occupant toujours le haut du pavé, la liberté de la presse devient chez nous un concept malaisé à appréhender. Dans de nombreux pays, des enquêtes journalistiques ont permis à la Justice de déclencher des procédures et souvent même de les terminer. Chez nous, la Justice, sorte de bras protecteur d’un système de précarités spécialisé dans la production permanente de ressources pour une minorité, s’est évertuée à ne jamais bouger d’un pouce. On peut donner comme exemple un tas de dossiers, en commençant par celui de Gasner Raymond, en passant par celui de Jean Dominique et bien d’autres encore sur le tapis. Quand la Justice n’est pas libre d’appliquer la loi, quand elle se spécialise dans la protection des loups qui dévorent le troupeau, la liberté de la presse forcément côtoie de manière permanente une frontière. Entre le journaliste et la liberté de la presse, c’est un amour jamais consommé. Un amour qui ne peut rester qu’au stade de la rhétorique.

L’impossibilité à cette liberté de se déployer pleinement, car elle pourrait mettre en danger les fondements mêmes de cet édifice social construit sur le mal vivre de la majorité de la population haïtienne, force le journaliste à rester dans la photographie prudente des faits, faits qu’il peut tenter d’utiliser pour permettre à un peu de lumière et à un peu de compréhension d’atteindre le citoyen sujet de toutes les manipulations. Traverser la frontière peut alors actionner une guillotine. Car toute liberté à ses critères définis par les tenants du pouvoir. Et ainsi, toute liberté à ses gardiens du seuil.

Ainsi on va reprendre les élections. Avec les mêmes acteurs. Sur le même terrain miné. Le Core Group, la communauté internationale ont sorti des communiqués attentistes. L’ensemble de la population manifeste déjà son désintérêt pour un processus qui a toujours joué contre elle. Tout va se réduire encore à une lutte à mort entre des minorités sans projet pour la possession de la caisse publique. La presse va avoir fort à affaire. Va-t-elle se contenter de rester simple chroniqueuse d’une nouvelle mort annoncée, bien que chez nous les morts restent toujours vivants, ou va-t-elle affronter les gardiens du seuil et oser, contre vents et marées, sauter par-dessus les murs, traverser les frontières, pour dire enfin ce qu’on devrait finalement dire et dévoiler ?

 

Gary VICTOR

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