Les bégaiements du CPT

À peine installé, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a sauté sur une mine de discorde. On savait le terrain piégé et les chemins pas du tout balisés, mais on ne s’attendait pas aussi tôt à ce qui s’apparente à un coup de force au sein même de cet organe exécutif flambant neuf.

Une majorité « indissoluble », selon les bonnes vieilles pratiques de nos malheureuses assemblées législatives, s’est rapidement constituée au sein dudit Conseil. Quatre « cavaliers » prêts à rafler la mise du pouvoir de décision au sein de l’administration publique. Le fait d’avoir une majorité ne constitue nullement un crime de lèse-patrie. D’autant qu’en face, il y a bien un groupe qui travaille ensemble à faire avancer certains agendas, affirment-ils, « progressistes ».

« Est-ce que tout cela dérange ? », comme aurait dit un ancien chef d’État. Oui, dans la mesure où ce nouveau bloc apparaît non « soluble » en démocratie. On a vu un leader bien connu se vanter de ce coup de poker. Une victoire à la Pyrrhus qui met du plomb dans l’aile de ce nouveau Conseil tant souhaité par ses protagonistes. Une branche d’un « pouvoir bicéphale » qui ne compte plus ses têtes. Mais surtout quand celles-ci menacent de se cogner très fort. Les craintes ici et là semblent malheureusement se justifier. Les négociations politiques ont-elles accouché d’un nouveau monstre dans le musée des horreurs de la politique haïtienne ? On veut croire que non, quitte à être dans le déni. On ne peut faire cela à ce peuple en souffrance!

On va devoir se réveiller de ce cauchemar. Ce n’est pas possible qu’un projet aussi laborieux explose ainsi en plein vol. Y’aurait-il trop de pilotes dans l’avion qu’ils se battent dans le cockpit pour prendre les commandes? Seulement un crash risque de tous nous emporter.

Depuis quelques jours, une clameur monte de tous les temples du pays pour que le bien commun l’emporte sur les égos et les intérêts des uns et des autres, « pou nou ka rale yon souf ». Les nouveaux hommes forts du pays sauront-ils écouter la voix des sans-voix et agir en conséquence ?

 

Roody Edmé

 

 

 

 

 

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