Le temps passe et les élections ne semblent pas pour demain. Les citoyens sont d’accord dans leur immense majorité qu’il faut faire déguerpir ces gens qui occupent toutes les allées du pouvoir depuis des décennies. Leur gestion nous a conduits à la catastrophe que nous connaissons aujourd’hui. Aucun secteur n’est épargné.
Le pouvoir cependant donne accès à trop de privilèges. Il permet le développement d’une corruption tentaculaire qu’il est impossible de stopper quand les institutions de contrôle ne fonctionnent plus. Justement, ces institutions ont été dévoyées, détruites par ces pouvoirs qui voulaient les réduire à leur plus simple expression.
Le dernier scandale qui vient de secouer la cité est celui d’une ambassade haïtienne à l’étranger. Des passeports vendus sans doute à des individus troubles ! Pourtant, ce scandale ne devrait surprendre personne. Nous vivons dans une poisseuse hypocrisie. Nous faisons la révérence devant des personnes qui sont connues comme étant de grands voyous, mais comme ils sont en position de pouvoir et ont acquis fortune à cause de leur malfaisance, nous faisons comme si nous n’étions pas au courant. Les journalistes les courtisent, les invitent sur les plateaux.
Le banditisme le plus dangereux pour la nation n’est pas celui des gangs qui assiègent la capitale et qui contrôlent des territoires dits perdus. Le Salvador et d’autres pays l’ont démontré. Une volonté politique et une reprise en main du système de sécurité permettent dans un laps de temps de mettre à la raison les gangs et de les faire passer du statut de bandit légal qu’ils ont aujourd’hui à celui de simples bandits ne pouvant s’opposer longtemps à la vraie force légale. Mais les bandits à cravate installés partout empêchent toute velléité de fonctionnement sain de l’État. Incrustés partout comme des tiques, ils profitent des privilèges de l’État sans être astreints à aucun résultat bénéfique pour la nation. C’est une armée de parasites dont la plus grande peur est l’arrivée au pouvoir d’une équipe voulant changer enfin les choses, ce qui nécessitera forcément un grand coup de balai.
Le grand coup de balai ! Le cauchemar de la sinécure ! Une nécessité pour remettre le pays en état de marche. La sinécure explose avec tous ces gens de l’opposition qui sont venus s’asseoir à la table du pouvoir. Il y a aussi tous ceux qui frappent impatiemment à la porte du temple et qui réclament leur place à la mangeoire.
Les élections seront mises difficilement à l’ordre du jour si on n’est pas certain que le système en place ne sera pas maintenu. Pour cela, il faut trouver un groupe politique, des hommes et des femmes qui donnent cette garantie. Ce serait plutôt facile vu l’étendue de la corruption. Mais il y a cette population qui jure maintenant de ne plus tomber dans le panneau. Il y a une masse critique constituée au niveau de la conscientisation. C’est dangereux pour les tenants du système qui craignent un possible dérapage impossible à contrôler au moment des élections.
Alors on fait durer le provisoire, de facto. À une autre époque, on serait rentré sereinement en dictature. La conjoncture internationale seule ne s’y prête pas même si ces hypocrites d’étrangers sont concentrés sur le problème de cette Russie à démembrer à tout prix. Alors on prend son temps. Un « À vie » qui ne se dit pas pour ripailler le plus longtemps possible.
Gary Victor
