HAÏTI À L’HEURE DU RENOUVEAU DE L’ÉTAT

Point n’est besoin d’être grand clerc, géographe, sociologue ou politologue pour s’expliquer l’aspect actuel d’Haïti, sur les plans politique, naturel et humain, encore moins pour questionner les faits sociaux, à la fois au niveau de l’État et de la société en général.  Sans vouloir réveiller les vieux démons de l’histoire, la configuration sociopolitique de l’espace haïtien, au cours de ces trente dernières années, se présente à peu près comme suit : une fraction suburbaine vivant de rapines, achetables et corvéables politiquement ; une classe paysanne, dépossédée de ses terres, en constant transfert d’espace, soit par l’exode dans les grandes villes ou par le choix désespéré de l’émigration clandestine ; une classe moyenne prise en sandwich entre la bourgeoisie et le prolétariat, contrainte de gagner sa vie de manière informelle ; une classe possédante vivant de prébendes, sans attache nationale, et qui se découvre subitement des prétentions gouvernementales, profitant du vacuum laissé par les partis politiques désorganisés structurellement.

Point n’est besoin d’être grand clerc, géographe, sociologue ou politologue pour s’expliquer l’aspect actuel d’Haïti, sur les plans politique, naturel et humain, encore moins pour questionner les faits sociaux, à la fois au niveau de l’État et de la société en général.

 Sans vouloir réveiller les vieux démons de l’histoire, la configuration sociopolitique de l’espace haïtien, au cours de ces trente dernières années, se présente à peu près comme suit : une fraction suburbaine vivant de rapines, achetables et corvéables politiquement ; une classe paysanne, dépossédée de ses terres, en constant transfert d’espace, soit par l’exode dans les grandes villes ou par le choix désespéré de l’émigration clandestine ; une classe moyenne prise en sandwich entre la bourgeoisie et le prolétariat, contrainte de gagner sa vie de manière informelle ; une classe possédante vivant de prébendes, sans attache nationale, et qui se découvre subitement des prétentions gouvernementales, profitant du vacuum laissé par les partis politiques désorganisés structurellement. Cet état de déliquescence nationale se reflète au plus haut niveau de l’État où mêmes les grandes assemblées politiques se convertissent en marchés de change, faisant que les critères d’évaluation pour un poste électif ou administratif ne reposent plus sur la compétence et/ou sur la qualification. Comment donc s’étonner qu’un député ou un sénateur ne puisse se faire comprendre dans aucune des deux langues officielles reconnues par la Constitution ? « Pale franse pa di lespri », dit le vieil adage, mais faut-il bien que la cohérence soit au rendez-vous, dans quelle que soit la langue choisie pour s’exprimer.

De plus en plus, les balivernes entendues à la Chambre des représentants ou au Sénat de République nourrissent les conversations à brûle-pourpoint dans le transport public, car la classe moyenne éduquée, paupérisée par la force des choses, par conséquent fondue dans le prolétariat, reste attachée à certaines normes du langage, voire un certain décorum, dans l’exercice des fonctions représentatives de la nation.

 Les réformes annoncées par l’administration Moise-Lafontant, au niveau de la Fonction publique, augurent une nouvelle configuration de l’État, à un moment où il faut non seulement « nettoyer les écuries d’Augias », mais aussi édicter les règles du jeu dans le partage des pouvoirs. C’est un peu ce qu’on entend par « restaurer l’autorité de l’État », sans aucune velléité dictatoriale, mais avec le rigorisme nécessaire au redressement de la République. Dans toute société démocratique, il existe une « dictature de la loi » qui régit droits et devoirs, afin de faire régner l’harmonie sociale, non seulement entre citoyens et citoyennes, mais aussi entre gouvernants et gouvernés.

S’il existe des incohérences dans notre Charte fondamentale, conçue par des pairs à des fins partisanes, l’heure est venue d’en tenir compte avec lucidité, et dans un esprit de concorde nationale, réparer les erreurs qui ont trop longtemps hypothéqué l’avenir de la population.

 Le président Jovenel Moise semble vouloir prendre son courage à deux mains, pour engager le pays dans la voie du développement durable, avec nécessité de résultats. On le voit déjà prendre son bâton de pèlerin, et par analogie, on espère qu’avec lui le peuple haïtien verra cette terre promise en campagne électorale par tous les candidats à la présidence.

 Mérès Weche

De même que la Constitution de 1987, qui fut concoctée par des pairs, à des fins partisanes, et qui constitue aujourd’hui un accroc à la gouvernance du pays, il importe de ne pas prendre des décisions à la légère qui mettent à mal le devenir de la nation. Nous avons trop longtemps hypothéqué le bien commun, au détriment du «pays-en-dehors», parce que des intérêts mesquins l’emportent sur ceux dits «supérieurs» de la nation.

L’heure est venue de reconnaître le naufrage national, dû à des décisions à l’emporte-pièce. Les signaux d’un nouveau contrat social s’annoncent certes à l’horizon, mais il ne faut pas une nouvelle fois rater le coche.

 Mérès Weche.

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