Deus Déroneth admet l’échec de la Chambre des députés

Au terme du mandat des parlementaires de la 50e législature le lundi 13 janvier 2020, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le bilan insignifiant de cette législature qui s’est beaucoup de ses missions. Selon le député de Marigot, Deus Déroneth, la 50e est passée à côté des deux principales missions du Parlement : légiférer et contrôler l’Exécutif.

Les critiques pleuvent sur la 50e législature. Quand ce n’est pas des membres de la population haïtienne, ce sont les parlementaires eux-mêmes qui se livrent à l’autocritique. Faisant partie des députés de la 50e dont leur mandat arrive à terme le 13 janvier 2020, le député de Marigot, Deus Déroneth, n’est pas tendre avec cette législature qui n’a pas su prouver l’utilité d’une telle institution dans le pays. Le député de Marigot a fait savoir que les pouvoirs en Haïti ne pensent pas au peuple haïtien, mais à leurs intérêts personnels. Il a souligné que la 50e législature n’avait pas un problème de compétences, mais plutôt de volonté manifeste — de certains — qui travaillaient uniquement à défendre la corruption et remplacer les maires.

Considérant le groupe des députés de la majorité à la Chambre basse comme le groupe responsable de cet échec, Deus Déroneth a confirmé que la Chambre des députés a été très peu productive. Pour lui, le groupe de la majorité n’était ni pour le président ni pour le pays. « C’était une majorité d’affaires », précise le professeur à l’université, qui affirme que ces parlementaires profitent de chaque occasion au Parlement pour faire débloquer des sommes en leur faveur, tandis qu’ils n’ont pas de temps pour légiférer, voire procéder au contrôle de l’Exécutif.

D’un autre côté, s’érigeant en un seul corps avec l’Exécutif, selon le député de Marigot, les députés se sont démarqués du pouvoir de contrôle de l’action gouvernementale dont ils disposent. Le député se rappelle de l’interpellation du gouvernement de Jacques Guy Lafontant tournée en dérision par la démission du chef du gouvernement en pleine séance. Il s’insurge également devant le comportement de ses paires à maintes reprises lors des tentatives de contrôle des ministres des gouvernements de l’administration de Jovenel Moise, et les nombreux affronts contre des ministres censurés retournés par la suite au Parlement dans un nouveau gouvernement.

Le président Jovenel Moise devrait partir comme la 50e législature

D’après le représentant de Marigot à la 50e législature, la situation qui prévaut dans le pays ce 13 janvier montre que le pays est très loin de la démocratie. Dans d’autres pays, il y aurait de nombreuses manifestations pour réclamer le départ du président de la République à la veille de ce jour. En tant que garant de la bonne marche des institutions du pays, le président Jovenel Moise a failli à sa mission, puisqu’il n’a pas pu organiser des élections pour le renouvellement du personnel politique, estime Deus Déroneth qui croit que Jovenel Moise n’est pas à la hauteur. « Aucune initiative en matière électorale », relate-t-il.

Par ailleurs, le député Déroneth a fait un constat d’échec au niveau des trois pouvoirs de l’État. « Les pouvoirs sont passés à côté de leurs taches », fulmine M. Déroneth.

Le député de Marigot défend son bilan, malgré tout

Au nombre d’un groupe de 26 députés qui sont arrivés au Parlement en janvier 2017, soit un an après le début de la législature, Deus Déroneth croit qu’il s’est distingué à la Chambre basse quand même. Il a fait remarquer qu’il a déposé trois projets de loi à la Chambre basse. Le premier se porte sur la « protection sociale universelle obligatoire ». Un projet de loi qui oblige l’État haïtien à fournir à la population haïtienne des soins adéquats avec un système d’assurance et de retraite convenables. Le deuxième projet, « stage obligatoire », vise à garantir des stages pour les étudiants au cours de leurs études. Le troisième projet concerne la légalisation des pièces. Le « bureau de la légalisation des pièces » permettra à la population d’utiliser un guichet unique pour la légalisation des pièces, c’est-à-dire que les étapes réparties dans plusieurs ministères se réuniront en un seul bureau pour faciliter la population haïtienne.

S’il est vrai que le député a déposé ces trois projets de loi, la Chambre basse n’a pas daigné les voter les voter pour, ensuite, les transférer au Sénat. Suivant le député, l’exposé des motifs et les travaux des commissions sur ces lois ont été déjà faits, mais par absence de séance en Assemblée, ces projets de loi sont restés dans les tiroirs de la Chambre des députés. Toutefois, Deus Déroneth n’écarte pas la possibilité de faire son retour au Parlement pour changer l’image de cette institution et apporter un changement également. « Je veux réhabiliter l’honorabilité des parlementaires », confie-t-il.

Woovins St Phard

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