HAÏTI

La rareté du dollar américain inquiète

Les démarches pour trouver le dollar sur le marché sont de plus en plus fastidieuses. Avec la contraction de la production agricole, l’insécurité qui empêche le bon fonctionnement des activités économiques et une baisse considérable du nombre des transferts d’argent provenant de la diaspora haïtienne en 2022, la rareté du dollar américain inquiète plus d’un. Par conséquent, les banques commerciales font face à une sensible indisponibilité du billet vert et sont incapables de livrer aux clients, la somme réclamée lors des retraits d’argent.

 Pierre Renel, le président de l’Union nationale des sous-agents de transfert d’Haïti (UNATHA), informe qu’il y a un manque de disponibilité du dollar américain, au niveau des banques commerciales. En ce sens, même les 30 % d’argent que les sous-agents de transfert devaient recevoir, comme l’a indiqué la circulaire 114-3 de la Banque de la République d’Haïti, ne sont pas disponibles au niveau de ces institutions commerciales. Parallèlement, des clients se plaignent du fait que les banques commerciales ne sont pas en mesure de livrer correctement, les montants en dollar américain exigés lors des transactions des clients. « Je voulais faire un retrait de 800 dollars pour supporter un proche dans l’achat de son ticket de voyage, un agent de la banque m’a déclaré que l’institution ne dispose  de cette somme », raconte Anna qui a été contrainte de faire un autre  retrait en gourdes pour pouvoir acheter, dans l’informel, le dollar à un coût extrêmement élevé par rapport au taux fixé par la BRH. 



 

Des cambistes qui vivent au quotidien de la spéculation sur le dollar ont fait la même remarque.  Jean Claude, qui exerce cette activité depuis plus d’une décennie, explique que l’instabilité qui paralyse les divers secteurs d’activité du pays a d’énormes conséquences sur son portefeuille. « Autrefois, on pouvait gagner 2 000, 3 000 gourdes et plus après une journée de change dans les rues. Aujourd’hui, les activités ont considérablement baissé. On fait face à une excessive rareté du dollar ; dans une journée on peut avoir seulement 2 ou 3 personnes qui effectuent une opération de change. 

 

Depuis la décision prise par le président Jovenel Moïse de payer en gourdes les transferts d’argent en dollar, notre situation est devenue davantage compliquée. Aujourd’hui, c’est pire », explique-t-il ! 



 

L’économiste Joseph Arold Pierre soutient que cette indisponibilité du dollar sur le marché se traduit surtout par rapport à la situation de crise auquel fait face le pays, depuis plusieurs années. « Il n’y a pas de stabilité. Presque tous les secteurs d’activités du pays sont paralysés, l’inflation tourne à son pic le plus élevé dont elle caresse déjà les 50 %. Les touristes ne peuvent pas visiter le pays. L’insécurité coupe la communication entre plusieurs régions et la circulation des vies et des biens est difficile à travers tout le territoire, ajoute-t-il. Néanmoins, le professeur appelle à des mesures urgentes pour stopper la dépréciation de la gourde dans l’économie. En ce sens, il assure que la stabilité est la principale règle à adopter pour sortir le pays de son marasme. Concernant la circulation du dollar américain sur le marché local, après ce record en 2021 où les transferts d’argent de la diaspora vers Haïti avaient dépassé les 4 milliards, en 2022, ils ont baissé en raison de l’inflation qui frappe les grands pays de l’Europe et d’Amérique. Selon l’économiste, Joseph Arold Pierre, les acteurs haïtiens doivent envisager leurs propres formules pour la stabilité économique et garantir la circulation des biens et richesses sur le territoire. 

 


Oberde Charles

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