La population à l’assaut des bandits

Depuis le début de cette semaine, la population se manifeste dans certaines rues de Port-au-Prince, la capitale et ses environs pour contrer les actions des bandits, devenus aujourd’hui la proie. Chaque jour, environ une dizaine de présumés bandits est brutalement tuée par des citoyens en colère à cause de l’insécurité.

Le seuil de tolérance de la population face aux malversations répétées des gangs armés semble avoir été atteint. Armés notamment de machettes, de bâtons accompagnés des agents des forces de l’ordre dans bon nombre de quartiers, c’est la châsse aux bandits, comme le démontrent des vidéos amateurs publiées sur les réseaux sociaux.

« Nous sommes tous en danger, on ne peut pas attendre qu’on vienne nous massacrer chez nous, on en a marre d’attendre les autorités qui ne font absolument rien pour nous protéger. Nous sommes plus nombreux que les bandits, nous prenons notre responsabilité pour protéger nos familles », soutient un jeune homme croisé sur la route de Juvénat.

 

Pour se protéger, dans quelques zones telles que Christ Roi, Carrefour-Feuilles, les habitants ont érigé des barricades avec des branches d’arbres et de pneus usagés. » Assez souvent les bandits commettent leurs forfaits à bord de voitures, les barricades limitent leurs déplacements, et nous laissent suffisamment de temps pour réagir », explique ce jeune homme sous couvert de l’anonymat.

 

À Canapé-Vert, les résidents restent sur leurs gardes après l’événement du 24 avril, où près de 14 présumés bandits, interceptés d’abord par des agents de l’ordre, ont été lapidés puis brûlés. Craignant d’éventuelles représailles des bandits, ils appellent au renforcement du sous-commissariat de la zone.

Parallèlement, ils se montrent très critiques à l’égard des autorités qui ont laissé la situation se détériorer sans lever le petit doigt. Les citoyens ont mis sur pied des équipes de surveillance dans l’objectif d’attraper les malfrats, le mercredi 26 avril, plusieurs présumés bandits ont été une nouvelle fois lynchés et leurs corps brûlés, notamment à Débussy, au cœur de la capitale haïtienne.

 

La population dans des villes de province commence également à s’organiser pour faire face aux caïds opérant dans leurs régions. Des observateurs redoutent que cette justice expéditive ne donne lieu à un massacre, certains évoquent même le génocide du Rwanda survenu en 1994, pour illustrer leurs propos. 

 

Esdra Jeudy

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