Appréciation de la gourde et rareté du dollar

Une appréciation considérable de la gourde a été observée depuis plusieurs semaines dans l’économie. Le taux de référence de la BRH est passé de 154 gourdes à 150 gourdes entre ce mois d’avril et début mai, alors que des institutions bancaires font face à une rareté du billet vert, qui les oblige à diminuer les frais de retrait des clients. L’économiste Eddy Labossière pointe du doigt, un secteur de l’élite économique qui prend en otage le dollar, tout en multipliant les spéculations pour un strict contrôle du marché des changes et gagner beaucoup plus de profits.

« Malgré la hausse du taux de l’inflation au niveau mondial qui a provoqué des turbulences dans le système bancaire américain et des faillites de Silvergate Bank et Silicon Valley Bank, aucune banque commerciale haïtienne n’a déclaré de faillite. Ceci est un signe clair que les institutions haïtiennes sont loin de leurs missions et n’ont pas respecté le principe de l’intermédiation financière.  Des banques commerciales pratiquent la spéculation et vendent le dollar à un taux dépassant celui de référence de la Banque centrale », a expliqué l’économiste Eddy Labossière. Ces institutions commerciales gardent leur stabilité à partir de leurs actions sur le marché parallèle, sans obéir à leur mission qui consiste à faciliter le crédit et recycler l’excédent monétaire au sein du système financier, a-t-il ajouté. 

 

En outre, M. Labossière souligne que la rareté du dollar sur le marché local se traduit par l’absence des exportations, d’où la production agricole a considérablement baissé par rapport à la crise sécuritaire et sociopolitique du pays. « Si on ne vend rien, on n’exporte rien du tout à l’étranger, on ne peut pas s’attendre à l’entrée des devises étrangères dans l’économie. Le secteur minier et l’agriculture sont des ressources qui pourraient beaucoup apporter pour le pays », a-t-il précisé. Parallèlement, l’économiste soutient que les transferts d’argent de la diaspora vers Haïti pourraient aussi contribuer au progrès économique du pays, s’il n’avait pas eu ces perturbations internes dont l’insécurité et les situations migratoires qui sont à la base d’un prélèvement exagéré du billet vert sur le marché, au fait que des Haïtiens laissant le pays voyagent avec une somme d’environ 5 000 dollars américains, ce qui constitue une très grande perte pour l’économie, sans compter les Investissements directs vers l’étranger (IDE), totalement impossibles dans le contexte actuel, vu la montée de l’insécurité sur le territoire qui empêche le développement des secteurs clés comme la construction et le tourisme.

 

En effet, le professeur Labossière a aussi mis l’accent sur les cas d’enlèvement où les familles sont complètement appauvries par le fait que les gangs exigent plus de 400 000, 500 000, et même des millions de dollars pour la libération des otages. « Je connais une victime qui a donné plus d’un million de dollar américain à un groupe armé. Cet argent n’a aucune chance de retourner dans l’économie. Les malfrats vont utiliser cet argent pour se procurer de munitions, de nouveaux vêtements et aucune part importante ne sera dépensée dans l’économie haïtienne », soulève-t-il. 

 

Par rapport à ses considérations sur les perceptions du marché où il y a une appréciation de la gourde constatée depuis plus d’une semaine à partir du taux de référence de la BRH, M. Labossière souligne que cette évolution n’a rien de technique et implique les spéculations qui lient les banques commerciales et le marché informel. En ce sens, pour éviter les différends entre les clients et le personnel des banques concernant la rareté du dollar que fait face les institutions commerciales, M. Labossière invite les acteurs économiques à mieux informer la population sur les réalités du marché et prendre de très bonnes décisions pour épargner la clientèle du chaos, garantir l’épargne des clients et bien s’assurer du contrôle de leurs réserves tout en veillant à respecter les normes établies par la Banque de la République d’Haïti sur la gestion des comptes et les transactions entre les parties. 


Oberde Charles

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