L'insécurité alimentaire s'aggrave, où est passé le programme social lancé par le gouvernement haïtien ?

Dans un rapport d'alerte intitulé « Hunger Hotspots - FAO-WFP early warnings on acute food insecurity », les Nations unies mettent en évidence la détérioration de l'insécurité alimentaire aiguë dans 18 foyers de famine répartis dans 22 pays. Les facteurs tels que les crises économiques, les phénomènes climatiques extrêmes et les conflits contribuent à plonger davantage de communautés dans la crise alimentaire.

Les pays les plus touchés par cette insécurité alimentaire aiguë, et placés au niveau d'alerte le plus élevé, sont l'Afghanistan, le Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen. Haïti, le Sahel (Burkina Faso et Mali) et le Soudan sont également des points névralgiques de préoccupation élevée. D'autres pays, tels que l'Éthiopie, le Kenya, le Pakistan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Syrie, le Myanmar, le Liban et l'Amérique centrale (El Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua), font également face à une insécurité alimentaire aiguë critique.

 

Face à cette grave crise humanitaire, le gouvernement haïtien avait lancé le 13 avril un programme social visant à alléger les conséquences pour les plus démunis. Un budget de 21 600 milliards de gourdes provenant du Fonds monétaire international et du gouvernement a été alloué à ce programme, qui devrait s'étendre sur 6 mois. Cependant, depuis lors, aucune nouvelle n'a été communiquée quant à la mise en œuvre des mesures annoncées.

 

Le programme comprend plusieurs initiatives. Plus de 400 restaurants communautaires seront créés à travers le pays, ce qui permettra la distribution de 190 000 rations alimentaires sèches à la population. De plus, plus de 60 000 travailleurs devaient recevoir un soutien économique de 5 000 gourdes sur une période de 5 mois. Des projets à forte intensité de main-d'œuvre seront également lancés, offrant des emplois à plus de 24 000 personnes réparties sur tout le territoire national.

 

Le gouvernement prévoit également d'apporter un soutien économique à plus de 480 000 parents dans sept départements du pays, en collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle.

 

L'administration en place, compte également distribuer des cartes pétrolières d'une valeur de 15 000 gourdes à 100 000 chauffeurs, afin d'atténuer les effets de la crise du carburant. De plus, le ministère du Commerce et de l'Industrie offrira un soutien financier allant de 25 à 500 gourdes à 2 000 petites entreprises touchées par la crise économique.

 

Malgré ces annonces, aucune mise en œuvre concrète n'a été signalée jusqu'à présent, laissant la population dans l'attente de ces mesures cruciales. Le silence des autorités soulève des inquiétudes quant à l'efficacité réelle de ce programme. Bien que le Premier  ministre Ariel Henry ait promis une gestion transparente des fonds et la publication de rapports réguliers, aucune information n'a été donnée à cet égard.

 

Toutefois, des observateurs soutiennent que la crise alimentaire ne peut être résolue uniquement par des mesures à court terme. Bien que le programme social puisse apporter un soulagement temporaire, ils estiment qu'il est nécessaire de mettre en place des solutions durables pour garantir la sécurité alimentaire à long terme. 

 

 

Esdra Jeudy 

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