Dans sa rubrique mensuelle dénommée le coin de l'IPC, l'Institut haïtien de statistique et informatique (IHSI) a révélé que l'inflation a connu une légère décrue pendant les mois d'avril et mai 2023, soit des variations annuelles respectives de 47,9 % et 46, 4 %. À la base, cette décélération est due à la baisse du prix des produits de première nécessité sur le marché mondial, la baisse du taux de change du dollar américain sur le marché local et la disponibilité des produits pétroliers au niveau des stations-service.
Parallèlement, les produits qui ont le plus influencé le glissement annuel de l'Indice des Prix à la consommation en Haïti, selon l'IHSI sont: les produits alimentaires (riz (en moyenne 57 %), viande (en moyenne 68,4 %), lait (en moyenne 50,1 %), huile comestible (67,2 %) et sucre (en moyenne 58,6 %). Les articles d'habillement et chaussures : robe (48,2 %), chemise (49,1 %), pantalon pour homme (40,4 %), soulier, tennis (44,4 %), sandale (47,5 %). Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles : loyer du logement (39,2 %), charbon de bois (37,5 %), gaz propane (57,1 %) et kérosène (91,8 %). Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer : meubles de salon (50,7 %), salle à manger (49,1 %), groupe électrogène (61,4 %) et savon de lessive (46,2 %). Néanmoins, les produits importés ont cautionné ces chiffres avec une hausse de 54,3 % et les produits locaux à 41,9 %.
Le département du Sud et une partie du département de l'Ouest dont Gressier, Léogâne affichent respectivement les hausses de prix les plus élevées, 47,3 %. Notamment, la région du Grand Nord (Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest), le département du Centre et de l’Artibonite ont connu une hausse commune de 46,4 %. Pour sa part, la région métropolitaine de Port-au-Prince (Port-au-Prince, Delmas, Pétion-Ville, Carrefour et Croix-des-Bouquets) affiche le taux d’inflation le plus bas en mai, soit 45,6 %.
Mis à part des faits mentionnés par l'IHSI, l'économiste Joseph Harold Pierre souligne que les mesures adoptées par la Banque de la République pendant le deuxième trimestre de l'exercice fiscal en cours ainsi que les retombées du mouvement « Bwa Kale », où une bonne partie de la population avait été mobilisée pour interroger les banques par rapport à la disponibilité du dollar, sont entre autres des faits qui peuvent contribuer à la baisse du niveau de l'inflation. En effet, M. Pierre indique que le financement monétaire évalué à environ 15 % durant la période a une forte valeur sur la réduction de l'inflation. En ce sens, pour une croissance économique et des solutions beaucoup plus durables à la crise, il soutient qu'à moyen terme, la relance de la production agricole doit être la bonne réponse pour combattre l'insécurité alimentaire et contrecarrer les produits importés qui constituent de grands défis pour le développement économique du pays .
Oberde Charles
