Deux ans après, des citoyens réclament encore justice pour l’ex-président Jovenel Moïse

Deux ans après que l’ex-chef d’État a été lâchement assassiné en sa résidence privée à Pèlerin 5, des citoyens n’ont pas cessé de réclamer justice pour ce dernier. En effet, pour marquer ce deuxième anniversaire, une journée de deuil national a été décrétée par le gouvernement. De leur côté, des sympathisants du défunt président ont commémoré sa mémoire à travers des activités tenues non loin de son ancienne résidence.

 

 

En Haïti, la justice fait du surplace dans le traitement du dossier relatif à l'assassinat du président Moise.  En deux ans, le dossier a déjà été confié à 5 juges d'instruction et aucun d'entre eux ne parvient, à ce jour, à faire œuvre qui vaille. Le juge Walter Wesser Voltaire qui mène l'instruction actuellement a déjà auditionné bon nombre d'invités à titre de témoins. D'anciens opposants du feu président comme Nenel Cassy, Antonio Chéramy, André Michel ont été auditionnés dans le cadre cette affaire. L’homme d’affaires Edouard Baussan, l’ancien Premier ministre Jouthe Joseph, l’ancien ministre des Travaux publics, Joaséus Nader et le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains ( RNDDH), Pierre Espérance ont également répondu aux questions du magistrat instructeur.

 

A cette phase, aucun officiel du gouvernement  n’est encore auditionné dans le cadre de cet assassinat. Dans une ordonnance en date du 6 juillet, adressée au commissaire du gouvernement près le TPI de Port-au-Prince, le juge instructeur lui a demandé de solliciter auprès du gouvernement la mise à disposition du ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert et celui de la Planification et de la Coopération externe, Ricard Pierre, le directeur général de l’ ANAP, Jeantel Joseph, le directeur général de la DINEPA, Guyto Edouard ainsi que le directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Amos Zéphirin.


Contrairement à l'année dernière où le 7 juillet a été déclaré férié, cette année le gouvernement l'a simplement consacré comme une journée de deuil national. Une cérémonie d'hommage a été organisée au MUPANAH en mémoire de l'ex-chef d'État.

 

De leur côté, les sympathisants de l'ancien président ont marqué cette date à leur manière. Tout a débuté avec le dépôt de gerbes de fleurs au pied du mur où le portrait de Jovenel Moïse est gravé à Pelerin 5, dans la commune de Pétion-Ville.  Des fleurs et des banderoles avec des messages de justice pour Jovenel ont fait le décor de cette activité. Durant cette journée, de nombreux artistes folkloriques et autres ont performé toujours dans l'objectif d'honorer la mémoire de l'ancien président.


 

Selon les déclarations de l'initiatrice Bertha Joseph, cette journée commémorative vise à montrer l'importance qu'avait l'ancien locataire du Palais national pour le pays. La coordonnatrice du Groupe de recherche et d’appui à la production nationale (GRAPNA) a sévèrement critiqué la justice haïtienne qui, jusqu'à présent, ne peut pas faire lumière sur cet assassinat.

 

« Après 24 mois, qu'en est-il de l'enquête haïtienne? Les assassins sont en liberté, parce qu'ils ont peut-être le soutien des autorités actuelles» a-t-elle déclaré tout en demandant aux Haïtiens de continuer à réclamer justice pour l'ex-président.

 

Dans la même veine,  des étudiants de l'université d'État d'Haïti (UEH) ont remis en cause la lenteur de la justice haïtienne qui, à ce jour, ne donne rien comme résultat satisfaisant.


 

Jean Max Étienne, licencié en Anthropologie-sociologie, a relaté que demander justice pour Jovenel ne va rien donner tant que le Premier ministre, Ariel Henry, tient encore les rênes du pouvoir. « On ne peut rien espérer de ces dirigeants qui ne sont là que pour terminer leur mission dévastatrice», dit-il.


 

Pour sa part, Woodshee Bernard, étudiant en anthroposociologie,  invite la population haïtienne à se soulever pour mettre un terme à ce chaos qui ne fait qu'augmenter les désastres. «Une parfaite collaboration peut tout gérer. Malheureusement, l'unité ne fait que disparaître de plus en plus entre nous», a poursuivi l'étudiant qui est également finissant en économie à la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE).

 

 

Veron Arnault 

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