Haïti/République dominicaine/Migration

Les Haïtiens toujours dans la tourmente

Les investissements des Haïtiens en République dominicaine ont augmenté ces dernières années. Pour cause, la détérioration du climat sécuritaire en Haïti qui empêche le bon fonctionnement des activités. Cela pousse de plus en plus de jeunes à investir en territoire voisin. Malgré la valeur ajoutée apportée à l'économie dominicaine, ces derniers ne sont pas exempts des soucis migratoires. Face aux restrictions imposées par les autorités dominicaines sur les migrants, ils sont exposés au rapatriement malgré la régularisation de leur statut.

 



 

Au cours du mois de juillet 2023, les autorités dominicaines ont expulsé plus de 26 000 migrants haïtiens de leur territoire. Ces déportations sont faites en violation des principes régissant les relations entre les deux pays et sans aucun respect des droits et de la dignité de ces personnes. Pharel Baptiste, un jeune haïtien résidé en terre voisine depuis plus de deux ans explique que toute personne noire ayant le trait d'un citoyen haïtien peut à tout moment se faire déporter.  «Il y a une lutte acharnée contre les citoyens haïtiens dans diverses villes et communautés dominicaines. Des agents des services de l'immigration visitent les hôpitaux, les bars et les restaurants habituellement fréquentés par les Haïtiens.  Quotidiennement, ils font des arrestations dans des conditions arbitraires, personne n'est épargné. Même ceux qui ont des entreprises et des investissements plus ou moins importants sont capables d'être victimes de ces cas de déportation», assure-t-il.


 

Sam Guillaume, responsable de communication du Groupe d'appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR), confie que la situation est compliquée pour les Haïtiens qui se trouvent en République dominicaine en raison de la sévérité des agents de l'immigration qui ne prennent même pas le soin de bien vérifier le statut et la situation migratoire de ces concitoyens. Selon lui, les jeunes entrepreneurs qui n'ont pas encore les moyens pour entrer à fond dans le système économique sont les plus menacés. Dans certains quartiers, lors de la chasse contre les Haïtiens, on pénètre dans les "colmados", les ateliers..., on arrête les propriétaires ainsi que les travailleurs, c'est pareil également pour les chantiers de construction où on arrête souvent les travailleurs, explique-t-il.



 

En ce sens, Sam Guillaume dénonce la passivité des dirigeants haïtiens, leur silence face à ces abus souvent répétés en terre voisine et aux abords de la frontière qui sépare les deux pays. Néanmoins, il soutient que les autorités haïtiennes ont pour devoir de rétablir la sécurité sur le territoire, créer la stabilité, faciliter les investissements et permettre aux jeunes de jouir des opportunités afin qu'ils soient en mesure de planifier leurs futurs sans avoir  besoin d'immigrer dans des conditions irrégulières. 

 

Pour sa part, Pharel Baptiste impute cette situation des migrants à la violence des gangs, la misère, le chômage en Haïti. Sinon, dit-il, ils n'auraient jamais accepté de vivre dans des conditions difficiles, inhumaines en République dominicaine.  Par ailleurs, il indique que le rétablissement d'un climat de sécurité en Haïti peut favoriser le retour de bon nombre d'Haïtiens au bercail.


 



Oberde Charles

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