Une centaine de morts et 250 000 déplacés suite à une série de massacres en Haïti de mai à août 2023, selon la POHDH

Environ dix attaques ou massacres ont été perpétrés contre la population haïtienne, une centaine de personnes tuées, et près de 250 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs domiciles dans le pays, dont 200 000 dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, sur la période allant du mois de mai à août 2023, selon le dernier rapport de la Plateforme des Organisations haïtiennes des Droits Humains (POHDH) présenté ce vendredi 29 septembre. À travers ce bilan, le regroupement dénonce le comportement cynique des autorités et exige des accompagnements en faveur des déplacés.

En effet, la POHDH note que les actes de violence se sont intensifiés au cours des quatre derniers mois, dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, dans le département de l'Artibonite, notamment dans les communes de Petite-Rivière de l'Artibonite, Liancourt, l'Estère et Verrettes. Les attaques des civils armés contre la population sont devenues de plus en plus fréquentes et provoquent en conséquence des vagues intenses de déplacements forcés, soulignant que les nouvelles stratégies utilisées par les malfrats pour déloger la population sont de plus en plus meurtrières et dévastatrices.

Dans ce nouveau rapport, analysant l'intensification des actes de violence et la situation catastrophique des déplacés forcés dans les sites d'hébergement, la Plateforme des Organisations haïtiennes des Droits Humains décompte une dizaine d'attaques et/ou massacres qui ont provoqué une centaine de décès et la fuite de 250 000 personnes, dont 200 000 dans le département de l'Ouest, parmi lesquelles 40 000 proviennent de Carrefour-Feuilles et 2 000 de la commune de Tabarre.

La POHDH retrace les péripéties des déplacés, décrit leurs conditions de vie dans les camps. « Les conditions de vie dans les camps restent précaires, la nourriture est l'un des plus grands besoins des déplacés, ils ne disposent pas d’eau potable, dans certains camps, ils n’en disposent même pas pour l’usage quotidien. Les conditions hygiéniques et sanitaires dans les centres ne sont pas réunies, certains endroits ne disposent pas de toilettes », a énuméré le directeur exécutif de la POHDH, Alermy Pierrevilus.

Il évoque également les risques sanitaires très élevés, arguant que le choléra peut ressurgir et provoquer un désastre, vu que les déplacés vivent dans des espaces insalubres, non assainis, dans la promiscuité, privés des articles de base, sans aucune assistance médicale. Soulignant la fermeture du centre médical Sanatorium destiné aux personnes souffrant de maladies pulmonaires. « Ces malades qui devraient être sous surveillance médicale constante sont dispersés au sein de la population. Le risque d'une épidémie est évident », estime-t-il.

M. Pierrevilus a fait remarquer que cette vague de déplacements forcés a créé une disjonction au niveau de certaines familles haïtiennes, où les membres sont séparés, éparpillés, et que des enfants mineurs se sont substitués à des parents. Soulignant également la situation précaire des femmes enceintes, nourrices, et que les personnes à mobilité réduite n'ont obtenu aucune assistance particulière.

Face à cette situation, la POHDH exhorte les autorités concernées à prendre des dispositions urgentes pour apporter une assistance réelle, concrète, et régulière aux victimes dans les camps de fournir des accompagnements psychologiques et médicaux aux victimes afin d’éviter plus de pertes en vie humaine ou d’autres catastrophes humanitaires. Parallèlement, elle invite les responsables du ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle à accompagner les enfants déplacés, afin qu'ils puissent regagner leurs salles de classe, demandant au Conseil Supérieur de la Police nationale d'assumer ses responsabilités de garantir la sécurité dans le pays.

 

Sheelove Semexant 

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