Des acteurs haïtiens sont pessimistes quant à l’efficacité d’une force multinationale dirigée par le Kenya en Haïti

La résolution 2699 des Nations unies, adoptée le 2 octobre 2023 par le Conseil de sécurité, concernant l’envoi d’une force multinationale en Haïti, continue de susciter des réactions au sein de la société haïtienne. La structure dénommée « Nou pap Konplis » a, pour sa part, demandé que le Premier ministre Ariel exige des paramètres clairs détaillant les mesures opérationnelles de cette intervention militaire en Haïti afin d’éviter tout abus et dommage à la population haïtienne.

« Nou Pap Konplis croit que sans une volonté politique manifeste entre les différents acteurs pour trouver une entente nationale, aucune force étrangère ne peut produire les résultats souhaités par la population. Nous devons procéder à un dépassement de soi et en même temps faire appel aux filles et aux fils du pays qui ont une compétence avérée en politique internationale et diplomatie internationale pour s’asseoir sur la feuille de route de la mission multinationale afin de ne pas répéter les mêmes erreurs du passé. Enfin, Nou Pap Konplis souhaite qu’un leadership éclairé soit dégagé au sein d’un gouvernement d’unité nationale axé sur la bonne gouvernance », ont écrit les responsables de cette structure dans une note en date du 5 octobre.

Parallèlement, ils dénoncent les précédentes missions des Nations Unies qui n’ont jamais apporté une réponse efficace aux différentes revendications du peuple haïtien. Notamment, ils rappellent aux membres de la communauté internationale que les Haïtiens gardent de très mauvais souvenirs de la dernière force internationale qui a été déployée sur le territoire national.

Et qu’ils n’espèrent pas revivre les séquelles semblables à celles laissées par les Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), présents de 2004 à 2017, une mission qui avait en effet apporté le choléra, entraînant une épidémie ayant fait plus de 10 000 morts, sans compter divers cas d’abus sexuels et de vols.

Jean Fritznel Pierre-Louis, le coordonnateur national adjoint de l’organisation « Alyans Pèp », se prononçant sur la venue de cette mission, se dit pessimiste quant aux résultats. « La communauté internationale et une frange de la classe politique haïtienne sont les principaux responsables de cette crise multidimensionnelle. Ils n’ont rien fait au départ pour éviter l’aggravation de la situation. Ils ont en effet cautionné l’insécurité, la misère et l’instabilité dans le pays. En ce sens, on ne peut pas s’attendre à la solution de la crise par ses provocateurs », a-t-il soulevé.

Néanmoins, il soutient que la venue de cette force multinationale va apaiser la crise pendant une courte durée sans pour autant contribuer à une solution durable. Donc, le responsable de « Alyans Pèp » croit que seul un consensus entre les acteurs haïtiens est capable de pallier aux problèmes du pays.

Parallèlement, « Nou p ap Konplis » confie qu’il est contre cette force multinationale qui sera dirigée par le Kenya en Haïti, considérant la réalité du peuple kényan, qui traverse actuellement une crise similaire à celle d’Haïti, et les reproches lancés contre la police kényane par l’opposition et les organismes internationaux de défense des droits humains, car cette police serait à l’origine de dizaines de cas de violation flagrante des droits de l’homme lors des dernières manifestations au Kenya.

Plus de 50 personnes ont été tuées en 6 mois lors des contestations contre le coût de la vie au Kenya, a fait savoir Irungu Hougton, le directeur exécutif de Amnesty International du Kenya.

 

Oberde Charles 

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