Après la journée de tension du lundi 18 mars à Pétion-Ville, les activités ont repris timidement ce mardi. Cependant, les petits commerçants, les entrepreneurs et les membres de la population sont visiblement sur le qui-vive, redoutant une éventuelle attaque des bandes criminelles dans la commune.
Petit à petit, la vie a repris son cours à Pétion-Ville. Des entreprises ont rouvert leurs portes, le secteur du transport a fonctionné au ralenti, des affluences ont été remarquées à l'entrée de certaines succursales de banques et bureaux de transferts, qui sont restés pour la plupart entrouverts. Néanmoins, le secteur éducatif est resté paralysé.
En effet, dans certaines rues, sur des trottoirs, les petits commerçants ont étalé leurs marchandises. Au marché de Pétion-Ville, les petits détaillants ont exposé leurs différents produits dans l'espoir de recevoir leur clientèle et de les écouler. Certains entrepôts, dépôts et magasins ont également rouvert leurs portes. En revanche, dans les hauteurs de Pétion-Ville, les activités sont restées paralysées.
Les marchands affirment qu'ils sont obligés, malgré la situation, de se rendre au marché pour offrir leur commerce afin de subvenir aux besoins de leurs familles. « Je ne peux pas m'offrir le luxe de rester à la maison, j'ai 4 enfants à nourrir, leur père est décédé et je vis au jour le jour. J'ai étalé qu'une partie de la marchandise au cas où la situation se dégénère », a déclaré une marchande de friperie assise à la rue Panaméricaine.
Ces détaillants confient qu'ils ont eu une peur bleue à cause de la situation de tension qui a régné dans la commune hier et qui les avait contraints à emballer rapidement leur gagne-pain. Ils ajoutent qu'ils ont passé la nuit terrifiés, se protégeant des résidents de leurs quartiers qui ont barricadé presque toutes les voies y donnant accès.
« Nous craignons que cette ville qui a toujours été épargnée des actions des bandits, là où nous vivons en toute quiétude d'esprit, ne devienne elle aussi un territoire perdu et que nous serons obligés d'aller nous réfugier dans des camps de fortune », s'inquiète un citoyen.
Ils imputent la responsabilité de cette situation aux autorités étatiques, qui selon eux n'ont jamais fait montre d'une réelle volonté de résoudre la crise sécuritaire. Ils demandent à la communauté internationale de déployer en urgence la mission multinationale d'appui à la sécurité en Haïti, afin de rétablir la paix et la sécurité dans le pays et de stopper les actions des bandits.
Ces compatriotes invitent tous les acteurs à mettre de côté leurs différends afin de résoudre les multiples crises qui ne font qu'enfoncer le pays dans la misère. « C'en est trop, nous ne pouvons pas continuer à vivre dans cette situation de trouble constante, nous devons redorer le blason de notre Haïti », s'exclame Jean, un marchand de denrées alimentaires.
Sheelove Semexant
