L’histoire politique d’Haïti en « C » !

Dans l’exploration des archives et réflexions profondes sur le temps historique et sociologique dans l’espace haïtien, au cours des cinq dernières décennies, des années 80 à nos jours, je me suis rendu compte que la majorité des termes les plus influents, parmi les plus constants et déterminants commencent par le troisième symbole de notre alphabet, la lettre « C ». En tenant compte du pouvoir des lettres dans les esprits et l’imaginaire collectif, partons à la recherche des principales lettres qui composent ou commencent les mots qui définissent nos maux, dans l’espoir de faire renaître ce pays. Notre patrie !

Dur à décrire, mais c’est quand même bien réel. L’histoire d’Haïti en « C », nous impose durant la première décennie des années 80, que l’on croyait pourtant porter les marques de la nouvelle ère démocratique, était manifestement célébrée à travers des mots comme la corruption, les crises, les coups d’État, les crimes et les cochons créoles. Qu’on vienne me prouver le contraire ? Qui a dit Camoquin ? 

Durant la deuxième décennie des années 90, le pays s'était livré dans l'amateurisme politique et diplomatique des coqs, des couleurs, de Charlemagneperaltement, des contes en veux-tu ? du collier en caoutchouc enflammé, de la corruption, du coup d’État, des crimes, et des confessions de « Ti dezòd ». C'était malgré tout et après tout la « Chance » qui passait pour cette génération !  Quel candidat vainqueur des dernières élections en Haïti n’a pas vendu le mot « Changement » à la population, qui tardent encore à voir cette ère de renouveau prisonnier du chaos  ?

Dix ans plus tard, l’histoire politique d’Haïti allait se poursuivre, tout en complétant son lot de concepts et des maux en « C », comme les chimères et les catastrophes durant la première décennie du vingt-et-unième siècle. De crise électorale, en passant par les crimes de toutes sortes, le coup d’État 2.0, après la campagne autour de la comptabilité de la restitution, la population avait quand même droit à une compilation de catastrophes humaines et naturelles, comme les naufrages des bateaux, le cyclone Jeanne dans la capitale historique et mystique du pays (Les Gonaïves), et le séisme du 12 janvier 2010, dans la capitale politique et économique, Port-au-Prince.  On ne manquera pas de rappeler le fameux contrat (social) annoncé par les chefs du mouvement des 184 !

Deuxième décennie inaugurée sur fond de catastrophe naturelle, humaine et sanitaire avec le Choléra, aussi bien par l'échec des élites et des masses, dans une forme de conspiration contre la République, Haïti est passée du C.I.R.H., à la manne du feu président vénézuélien Hugo  Chavez, qui porte le nom de PetroCaribe. Ces deux fonds destinés à la construction du pays se comptabilisent dans le dictionnaire de la corruption, en tenant compte des conclusions des différents rapports et des constats criants imposés à la face de la population. Et cela fait déjà plus de quarante ans, depuis que le pays est pris en otage par ces termes commençant par la lettre « C ». Malgré que la population en a assez, elle ne dispose pas pour autant assez d'intelligence pour comprendre que son sort est déterminé par ses choix.

Durant cette nouvelle décennie en cours, qui a démarré en 2020, l'année de la catastrophe humanitaire et sanitaire en « C », qui porte le nom de Covid, si la résilience des Haïtiens face à ce virus et parmi d’autres vices et violence imposés au pays s’est affirmée avec une certaine conviction, la population dans son essence tarde difficilement à écrire quatre ans plus tard, cette nouvelle ère sans pour autant se détacher et se démarquer des crimes, des coups d’État, des catastrophes naturelles, de la corruption, en s’inventant désormais un conseil de chefs, dans une forme de leadership collectif, contradictoire de par les origines et intérêts des acteurs, dans ce contexte de chaos, que la Caricom tente de cerner.

Devant ce tableau contemporain, composé avec autant de couleurs contrastantes et chaotiques, le pays se recherche dans des négociations circulaires. La capitale et d’autres villes et régions consument, sous les cris des familles qui courent dans tous les sens. Le cynisme de certains acteurs et la confusion des faits convergent à l'horizon.  Les coups de toutes sortes se croisent, entre les coups de feu, coup de force, coup d'État, coup d'épée dans l'eau,  et coup de grâce souhaité même par les plus pires criminels de la République. Si seulement les couches encore saines du pays pouvaient bien prendre le temps de se tourner vers d’autres mots et concepts en « C », que les autres pays et institutions utilisent pour s’inscrire dans un véritable agenda pour la stabilité, le développement et la croissance économique. À quand un complot des citoyens et citoyennes d'Haïti, pour sortir ce pays de ces crises et catastrophes constantes ? 

Définie comme la base de toute société, l'éducation représente pratiquement ce concept rationnel, cette institution sociale capable de changer de manière positive et progressive l’ordre des choses, pour passer du chaos actuel à un véritable changement réel. Elle pourrait grandement contribuer dans la promotion d’une prise de conscience à travers toutes les couches de la population, tout en créant la confiance entre les acteurs. La construction sociale tant souhaitée par le plus grand nombre dans l’histoire politique et économique d'Haïti ne pourra pas se faire sans une articulation des mots en « C », comme : Collectivité, conscience, caractère, croyance, confiance, connaissance, compétence, communication, compromis, complot, compétition, création, culture, construction, croissance.

Dominique Domerçant

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