L’école haïtienne face aux défis sociaux

En Haïti, le système éducatif est profondément marqué par une dualité persistante, d’un côté, les écoles dites « de haute qualité », souvent mieux équipées et mieux encadrées, et de l’autre, des écoles qualifiées de « moyennes », confrontées à de nombreuses difficultés. Cette réalité est d’autant plus préoccupante que l’État ne contrôle directement que moins de 10 % des établissements scolaires, laissant plus de 80 % du secteur entre les mains d’acteurs privés.

Face aux défis sociaux croissants, quel type d’école est réellement capable d’y faire face ? Pour l’éducateur Wilfrid Gilles, la réponse repose d’abord sur la qualité du personnel encadrant. Il ne suffit pas que les enseignants soient compétents sur le plan académique , ils doivent également être formés aux dimensions psychologique et psychosociale de leur métier. « Les parents, les enseignants et surtout les élèves ont besoin d’un accompagnement psychologique pour affronter les réalités sociales du pays », affirme-t-il.

Alors que l’année scolaire touche a sa fin, M. Wilfrid appelle l’État à renforcer son soutien aux écoles les plus vulnérables, afin qu’elles puissent mieux gérer ces défis. Il plaide également pour la réintégration des programmes d’éducation à la citoyenneté, retirés depuis plusieurs années du curriculum scolaire. À ce jour, selon lui, aucun ministre de l’Éducation n’a corrigé cette lacune. « L’école est un porteur d’espoir. Si les choses vont mal dans les écoles, c’est toute la société qui en paie le prix », insiste-t-il.

Bien que certaines matières liées à la citoyenneté aient récemment été introduites dans le système, leur portée reste encore trop limitée. « On commence à en entendre parler, mais cela n’a pas encore pris un élan national », déplore-t-il.

M. Wilfrid souligne aussi l’importance de transmettre des valeurs civiques aux jeunes. Or, dans un contexte où les figures les plus visibles sont parfois des individus armés et influents, les enfants se retrouvent exposés à des modèles négatifs. « Beaucoup d’enfants sont confrontés à ce côté sombre de la société, et cela contribue à sa détérioration », avertit-il.

L’école, l’un des secteurs les plus affectés par la crise actuelle, peine à remplir son rôle de vecteur de valeurs et de repères. Les comportements inappropriés observés chez certains élèves après les examens ne sont, selon lui, qu’un symptôme d’un problème plus profond.

En définitive, comme le rappelle M. Wilfrid Gilles, l’école demeure un pilier fondamental de la société. Mais pour qu’elle joue pleinement son rôle, elle doit être accompagnée, soutenue, et réformée. Sans cela, c’est l’avenir même de la nation qui est en jeu.

Sorah Schamma Joseph

 

 

 

 

 

 

 

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