Le Comité central du couloir humanitaire de Solino a organisé, ce jeudi 31 juillet 2025, une marche pacifique pour appeler les autorités à assumer leurs responsabilités et rétablir la sécurité dans le pays. Objectif, permettre aux habitants de Solino de regagner leur quartier, qu’ils ont dû abandonner depuis plus de huit mois en raison de la violence armée.
Plusieurs dizaines de déplacés internes originaires de Solino ont pris part à ce mouvement de protestation. Ils ont exprimé leur profonde frustration face aux conditions de vie précaires qu’ils endurent quotidiennement dans les camps d’hébergement improvisés, depuis que des groupes armés de la coalition dénommée « Viv Ansanm » les ont chassés de leurs maisons.
La mobilisation a débuté par une cérémonie vodou organisée devant les locaux de l’Office de la protection du citoyen (OPC), à Bourdon. Portant des pancartes aux messages, comme « Moun Solino pa gadyen, nou bouke viv nan kan » ou encore « Leta, moun Solino vle viv ak diyite », les manifestants ont ensuite emprunté la route de Bourdon, en direction de Lalue.
« Nous avons organisé cette marche pacifique pour attirer l’attention de nos dirigeants sur la situation des déplacés internes dans les centres d’hébergement depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, nous exigeons que l’État prenne les décisions nécessaires pour rétablir la tranquillité dans nos quartiers. Nous, habitants de Solino, voulons simplement retrouver notre domicile et mener une vie normale, loin de la terreur des caïds », a déclaré l’un des protestataires.
Parmi les manifestants, une femme a témoigné des conditions difficiles dans lesquelles elle vit depuis plusieurs mois dans un camp ,« Quand il pleut, c’est l’enfer. J’ai développé des douleurs articulaires à force d’attraper froid. La seule issue pour retrouver une vie normale, c’est de rentrer chez moi », a-t-elle confié.
Marie, une autre victime des violences, affirme que l’aide reçue de l’État ne lui permet pas de trouver un logement décent avec sa famille « La majorité des maisons disponibles sont louées en dollars américains. Nous exigeons des mesures concrètes pour pouvoir réintégrer nos quartiers en toute sécurité. »
Les manifestants ont aussi critiqué l’inaction des autorités policières, qui, selon eux, n’ont mené aucune opération significative à Solino depuis leur expulsion du quartier. Ils déplorent que les groupes armés y circulent encore librement, sans être inquiétés.
Ils appellent la Primature à ordonner aux forces de l’ordre d’utiliser tous les moyens disponibles, y compris des drones kamikazes et d’autres équipements spécialisés, pour neutraliser les bandits et reprendre le contrôle du territoire.
Les déplacés affirment qu’ils resteront mobilisés tant que l’État ne prendra pas ses responsabilités pour pacifier les zones contrôlées par les groupes armés. Ils encouragent les autorités à agir de manière concertée afin de sortir le pays de cette crise sécuritaire sans précédent.
Yamine Sanon
