Les conditions de détention s’aggravent de jour en jour dans les prisons haïtiennes. Une fois de plus, le Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO) tire la sonnette d’alarme sur les conditions inhumaines des détenus dans les centres carcéraux du pays. Au cours de ces derniers jours, la situation continue de s’empirer, entraînant plusieurs cas de décès en détention dans la prison de Jacmel.
Dans une interview accordée à la rédaction ce lundi 4 août 2025, le coordinateur Arnel Rémy continue de plaider en faveur d’une autre politique carcérale, dans la dignité et le respect des droits des détenus. Maître Rémy dit regretter que le système carcéral haïtien soit saturé, avec un taux d’occupation dans les quatre prisons principales du pays d’environ 401 %, soit quatre fois leur capacité maximale, dénonçant ainsi la promiscuité, source de maladies et de contaminations. Après le décès des détenus dans la prison de Jacmel, M. Rémy explique une situation générale d’inconfort, d’insalubrité et, par-dessus tout, d’une pénurie majeure de nourriture et d’intrants médicaux. C’est à peine si un repas leur est servi par jour, et ceux qui le peuvent doivent compter sur leurs proches pour le faire.
Dans de pareilles conditions, le nombre de décès au sein des prisons augmente de manière alarmante. La malnutrition sévère est donc un facteur déterminant, par exemple à la prison du Cap-Haïtien où la majorité des détenus sont en état de malnutrition avancée. « De telles conditions sont inacceptables et soulèvent de vives préoccupations du point de vue des droits humains », a alerté l’homme de loi. Le gouvernement a donc un besoin urgent de soutien et d’accompagnement en repensant sa politique carcérale, en allouant de meilleures ressources au système pénitentiaire, loin de satisfaire les besoins.
Face à ce triste constat, l’État de droit doit adopter des mesures fortes et urgentes pour améliorer les conditions de détention et s’assurer que l’administration pénitentiaire dispose des moyens nécessaires, tant financiers qu’humains et matériels. Nous autres, au niveau du Collectif, nous continuerons non seulement à dénoncer mais à agir aussi, en nous déplaçant afin de nous rendre auprès de ces détenus qui sont des laissés-pour-compte. Nous continuerons à faire le plaidoyer pour le renforcement de la direction de l’Administration Pénitentiaire, ainsi que la recevabilité de ses fournisseurs, afin de garantir un approvisionnement suffisant en nourriture, médicaments, eau potable, gaz propane, etc., et surtout d’attaquer le nombre de personnes détenues de façon arbitraire et illégale dans l’intérêt de la population carcérale.
Il a rappelé l’urgence d’une réforme du système judiciaire par l'État, afin de donner les moyens de gérer les flux de prisonniers, en organisant des audiences pour libérer les personnes ayant commis des infractions mineures.
Gérard H. Résil
