À l’approche du 7 février 2026, le Père Gardy Maisonneuve, prêtre et coordonnateur général du Sant Karl Lévêque, dresse un constat sans complaisance. Selon lui, le Conseil présidentiel de transition a failli à sa mission, laissant place à un climat d’insécurité, de clientélisme et de fragilité politique qui risque d’ouvrir la voie à de nouvelles crises.
Pour le Père Maisonneuve, l’échec du CPT est manifeste. « Oui, la date approche et le Conseil présidentiel de transition a failli à sa mission », déclare-t-il, rappelant que ses deux principales responsabilités étaient de rétablir la sécurité sur toute l’étendue du territoire, notamment à Port-au-Prince, et de garantir l’organisation d’élections crédibles et transparentes. « le CPT est passé à côté de sa mission ».
Toutefois, le religieux estime que la crise ne peut pas être réduite au seul Conseil présidentiel. « Ce n’est pas seulement une question du CPT. Qu’est-ce qu’on veut faire de ce pays ? Où est-ce qu’on veut emmener ce pays ? », interroge-t-il, appelant à un dialogue national pour sortir Haïti du bourbier actuel.
Parallèlement, sur le fonctionnement du pouvoir, il dénonce une logique de partage intéressé. « Depuis quelque temps, le pouvoir est devenu comme un gâteau qu’on partage. Chacun cherche à prendre la plus grosse part avec son clan, avec ses amis. » Une pratique qui, selon lui, contribue à la déliquescence de l’État.
Son analyse s’élargit également au plan international. Le prêtre estime que la situation sécuritaire et sociopolitique délétère profite à des pays voisins, notamment la République dominicaine. « Certains de ces pays ont déjà embrigadé des acteurs politiques pour agir pour eux et garder au moins un pied sur Haïti », affirme-t-il.
En guise de mise en garde, le Père Maisonneuve exprime sa crainte que « cette transition n’annonce d’autres crises sociopolitiques, peut-être encore plus aiguës si rien n’est fait pour résoudre la situation sécuritaire délétère ».
Vladimir Predvil
