L'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a commémoré, ce mardi 09 décembre 2025, la Journée internationale de la Lutte contre la Corruption, autour du thème : « S'unir aux jeunes contre la corruption : façonner l'intégrité de demain ». L'événement a mis en lumière les initiatives majeures menées par l'ULCC pour prévenir et combattre la corruption en Haïti et l'importance des jeunes dans la lutte contre ce fléau.
La commémoration de cette journée a réuni des personnalités venant d'horizons divers : des membres du gouvernement, des organisations de la société civile, des représentants du secteur universitaire et éducatif, ainsi que des partenaires de la communauté internationale. Dès la mise en contexte de cette activité, passant par les discours officiels et les ateliers de discussion, jusqu'à sa clôture, chacun des intervenants a souligné les conséquences néfastes de la corruption sur la société haïtienne.
L'ULCC a particulièrement mis en évidence les pertes et les manques à gagner de l'État au regard des soixante-trois (63) rapports d'enquêtes menées de 2020 à 2025, autour de détournement de biens publics, de prise illégale d'intérêt, d'enrichissement illicite, entre autres. Ces documents font état d'une perte directe totale évaluée à un milliard quatre cent vingt-trois millions trois cent vingt-neuf mille cent vingt-six gourdes et quarante-trois centimes (1 423 329 126,43) et d'un manque à gagner pour l'État qui s'élève à neuf cent soixante-cinq millions deux cent cinquante-six mille cinq cent sept gourdes trente-neuf centimes (964 256 507,39).
Dans son allocution de circonstance, le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent St-Cyr, a relaté les conséquences de la corruption sur la jeunesse et les enfants, en les privant de leurs droits et de leurs opportunités. Il a encouragé l'inclusion de l'éducation à l'intégrité dans les écoles, les centres d'enseignement professionnel, les universités et les programmes de sensibilisation dans les espaces d'interaction afin de promouvoir une culture de lutte contre ce fléau.
M. St-Cyr a salué le travail indéfectible de l'ULCC dans cette course effrénée contre la corruption, tout en encourageant l'institution à accomplir cette tâche avec rigueur, impartialité et indépendance, sans tenir compte des appartenances. « Personne n'est intouchable, mais les enquêtes ne doivent pas être des persécutions ou des règlements de comptes », rappelle-t-il.
Le président du CPT a réaffirmé sa détermination à continuer à promouvoir et à renforcer les mesures visant à combattre la corruption avec plus d'efficience et d'efficacité. Il appelle tous les acteurs à œuvrer pour rendre pleinement opérationnels les deux pôles judiciaires et exhorte les autorités judiciaires à assumer leurs responsabilités afin d'enrayer l'impunité.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, estime que cet événement ne doit pas être une simple célébration, mais l’occasion de prendre des décisions fermes contre la corruption. Il renouvelle son engagement à travailler pour que les ressources publiques soient utilisées avec rigueur, efficacité et transparence, et réaffirme sa détermination à collaborer avec les acteurs engagés dans cette lutte.
M. Metellus informe que le ministère a engagé plusieurs réformes dans l'objectif de faciliter toute initiative visant à créer un environnement favorable aux efforts de développement. Ces changements s'articulent autour de la modernisation de la gestion budgétaire, du renforcement des mécanismes de contrôle à travers le déploiement des contrôleurs financiers et des comptables publics dans les dix départements géographiques du pays.
Le directeur général de l'ULCC, Jacques Hans Ludwig Joseph, a lui aussi fait le point sur les impacts de la corruption sur la jeunesse. Il précise que la dernière enquête diagnostique sur la gouvernance et la corruption montre que la situation de la corruption est alarmante et inquiétante : 92,76 % de la population considèrent que la corruption est omniprésente, 89,92 % des fonctionnaires et 96 % des ONG croient que la corruption est très élevée.
Me Joseph dénonce la banalisation des faits de corruption, qui est l'ennemi de la nation. Il plaide en faveur de la mise en œuvre des deux pôles judiciaires. Il sollicite un traitement judiciaire pour tous les dossiers acheminés à la justice, tout en réaffirmant sa détermination à combattre la corruption.
Présent à cette activité, le chef des affaires politiques et de la bonne gouvernance auprès du Bureau Intégré des Nations Unies, Sancho Coutinho, rappelle que la lutte contre la corruption est essentielle pour garantir l'avenir des jeunes. Il a salué la création des deux pôles judiciaires spécialisés et l'établissement de la task force dédiée à la coopération en matière de corruption.
M. Coutinho plaide en faveur de l'opérationnalisation rapide et complète de ces deux pôles judiciaires à travers l'affectation des magistrats, la sécurisation des locaux, le renforcement des moyens matériels, la formation ciblée et l'adoption de procédures judiciaires. Il renouvelle l'engagement de l'ONU dans la modernisation des institutions, la digitalisation des services publics et la mise en place d'audits efficaces.
L'ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, salue lui aussi la création des deux pôles judiciaires spécialisés dans les crimes financiers et les crimes de masse. Il évoque les conséquences de la corruption sur la sécurité, l'économie et la gouvernance du pays, et renouvelle son soutien dans la lutte pour combattre ce fléau.
Sheelove Semexant
