La Direction générale des impôts (DGI), sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances, a tenu ce mardi un point de presse à son bureau central de l’avenue Christophe afin de faire le point sur les difficultés rencontrées par de nombreux contribuables dans l’obtention de documents officiels, en particulier le Numéro d’Identification Fiscale (NIF).
Le directeur général de la DGI, Romial Petit, a révélé une crise technique d’envergure affectant la gestion du NIF, un identifiant indispensable pour toute démarche administrative ou fiscale. Ce dysfonctionnement, selon lui, paralyse l’émission de documents officiels et ralentit considérablement la liquidation des droits de passeport, notamment pour les nouveaux contribuables.
La modernisation du système d’identification fiscale fait face à des obstacles d’ordre technique, organisationnel et juridique. La section d’identité de la DGI, chargée de l’émission des NIF, est quasiment à l’arrêt. Ce blocage structurel empêche le traitement normal des demandes et met l’accent sur un manque criant de coordination entre les différentes entités concernées notamment la DGI, le ministère de l’Économie et des Finances, et le service de l’Immigration.
Ce manque de synchronisation a des répercussions en chaîne. Les contribuables, notamment les nouveaux inscrits, peinent à obtenir un NIF valide, ce qui compromet leur accès à des services essentiels tels que les passeports, les services bancaires ou les démarches contractuelles. Certains employés de la DGI se retrouvent injustement mis en cause, leur réputation entachée par un système défaillant. « Le NIF est comparable au moteur central d’une usine, lorsqu’il tombe en panne, toutes les machines dépendantes s’arrêtent », a illustré Romial Petit.
La situation est particulièrement critique pour les nouveaux contribuables. Sans NIF fonctionnel, ils se retrouvent dans l’impossibilité d’intégrer pleinement la vie économique et administrative du pays. La section chargée de la liquidation des droits de passeport fonctionne au ralenti, dépendant directement de l’émission de ces identifiants.
Parallèlement, Luc Emmanuel Chrysostome, directeur de l’unité informatique de la DGI, a confirmé que depuis fin octobre, l’institution est confrontée à une incompatibilité informatique entre les serveurs générateurs de NIF et les bases de données gouvernementales. Résultat: les nouveaux codes ne sont pas reconnus par les systèmes de l’Immigration, bloquant ainsi les demandes de passeport, notamment celles des étudiants.
Pour remédier à cette impasse, les autorités ont décidé d’allonger la structure numérique du NIF afin d’augmenter sa capacité d’intégration. Une réforme complète du système est prévue pour janvier 2026, date à laquelle l’ensemble des entités concernées tels que la DGI, Immigration, OAVCT devraient être en mesure de traiter les nouveaux identifiants de manière harmonisée.
Il est important de noter que la DGI ne génère pas elle-même les NIF. Elle dépend des serveurs d’une autre institution étatique, ce qui complique davantage la résolution des problèmes techniques. L’essoufflement de la plage actuelle de numéros a rendu nécessaire l’ajout de chiffres supplémentaires pour garantir l’unicité et la compatibilité des nouveaux codes.
De l’autre côté, Jean Osselin Lambert, directeur technique de la Direction de l’Immigration, a rappelé que le système repose sur un algorithme de vérification mis en place en 1987. Chaque NIF est composé de 10 chiffres, dont le dernier sert de chiffre de contrôle. Si ce chiffre ne valide pas mathématiquement l’ensemble, le numéro est automatiquement rejeté par les systèmes de l’Immigration.
Pour répondre à la demande croissante, les autorités ont élargi la plage numérique des NIF tout en conservant la structure mathématique d’origine. Cette mise à jour vise à éviter toute duplication de numéros entre citoyens, quelle que soit leur province d’origine.
La coordination entre les directions informatiques de la DGI et de l’Immigration est désormais cruciale pour garantir que chaque nouvelle série de NIF respecte les normes de l’algorithme. « Cet algorithme est à l’image d’une empreinte génétique numérique: chaque chiffre doit être à sa place pour que l’identité fiscale soit reconnue comme authentique », a conclu Lambert.
Likenton Joseph
