Problématique d’assainissement à la commune de Carrefour

Pendant ces trente dernières années, la commune de Carrefour est frappée de plein fouet par de nombreux problèmes liés à la politique d’assainissement : le manque d’infrastructures, difficulté d’accès à l’eau potable et l’insalubrité. Tous ces problèmes sont liés à la politique d’assainissement. Ce sont, entre autres, des obstacles majeurs qui répercutent grandement sur le développement local de cette commune.

La ville de Carrefour fut fondée en 1813(MAIRIE DE CARREFOUR : 2015). Après plus d’un siècle, elle fut élevée au rang de commune, par le décret du 23 décembre 1982. Elle célèbre chaque 1er mai la fête de l’agriculture et du travail, ainsi que sa naissance. Le Saint patron de la ville est « Saint-Charles ». Cette fête patronale est commémorée chaque 4 du mois de novembre.

Pour continuer, Carrefour est une commune qui relie le grand Sud avec la Capitale d’Haïti, elle est traversée par une route principale, qui est la route nationale numéro deux (#2) (Décret : 1982 ; MAIRIE DE CARREFOUR : 2015). La délimitation de cette commune commence de Fontamara 43, jusqu’à Mariani. Alors, elle est bornée au Nord par le golfe de La Gonâve, au Sud par le département du Sud-est (Jacmel), à l’Est par Port-au-Prince, et à l’Ouest par Gressier (Mariani) (Décret : 1982). Elle a une superficie de 165.5 km2, pour une population de 511.350 habitants, pour une densité de 3.096 habitant/km2 (IHSI : 2015).

En tant que collectivité territoriale, elle possède treize (13) sections communales (IHSI et MEF : 1998). Cependant, ses sections communales sont réparties en deux catégories, comme : zone rurale et urbaine (Mairie de Carrefour : 2018). La partie rurale est composée de dix (10) sections communales (Corail Thor, Morne Chandelle, Platon Dufren, Taifer, Procy, Coupeau, Bouvier, Lavalle, Berly, Malanga) qui se trouvent dans la montagne ; les trois autres sections communales (Bizoton, Thor, Rivière-Froide) qui sont placées dans la plaine, et des zones côtières, représentent la partie urbaine de la commune. Cette partie urbaine constitue la « Ville de Carrefour » avec une superficie de 21.85km2 (IHSI : 2015), elle fait partie de la région métropolitaine de Port-au-Prince (IHSI et MEF : 1998 ; MAIRIE DE CARREFOUR : 2015).

Sur le plan politique, elle se divise en blocs. Et, sont au nombre de dix (10), qui commencent de Fontamara 43 et se terminent à « Bò Dlo » (Mairie Carrefour : 2020). La délimitation des blocs sont ainsi : Bloc1 commence de Fontamara 43 et se termine à Bizoton 61 ; Bloc2 commence de Dikini 63 et se termine à Mahotière 77 ; Bloc3 commence de Mahotière 79 et se termine à Brochette 101 ; Bloc4 commence de Titus et se termine à Sapotille ; Bloc5 commence de Bord Cimetière(Troutier) et se termine à Ti-Source ; cette partie se trouve aux zones côtières, Bloc6 commence de Cité-Michel et se termine à Côte-Plage 16; Bloc7 commence de Côte-Plage 18 et se termine à Mon-Repos 38; Bloc8 commence de Mon-Repos 40 et termine à Lamentin 54 ; Bloc9 et Bloc 10  ; commencent à Rue Christophe Chanel et se terminent jusqu’à Bò Dlo (MAIRIE DE CARREFOUR).

Au cours de ces trente dernières années, la commune a connu de grandes difficultés dans le domaine d’assainissement, comme : insuffisance d’infrastructure, carence en eau potable, et la mauvaise gestion des ordures. Malgré l’existence des autorités locales, celles-ci ne disposent pas assez de moyens pour faire face aux défis majeurs que confronte la population carrefouroise sur le plan d’assainissement.

En effet, l’assainissement (l’action de rendre sain un lieu, fait disparaitre les causes de pollution ou d’insalubrités) désigne le maintien de bonnes conditions d’hygiène, grâce à des services, comme l’enlèvement des ordures, l’évacuation des eaux usées (OMS, 2012). Selon le Dr Margaret CHAN, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, l’assainissement est l’élément fondamental de la santé publique. De plus, un assainissement pourrait améliorer considérablement la santé et au bien-être pour la société (OMS : 2008), tout en évitant la prolifération de contamination  par des maladies comme : diarrhée, choléra et autres. Alors, comment pourrions-nous améliorer la santé et la situation de bien-être de la population carrefouroise par l’assainissement ?

Face à ces constats, nous sommes en phase de questionner la présence de l’État haïtien à travers le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) ; le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) ; et la Direction nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement (DINEPA) vis-à-vis de cette commune.

Infrastructure de la commune

En matière d’infrastructure, la commune de carrefour est vraiment en état déplorable. Certaines zones ne possèdent pas de canalisations, afin d’assumer l’orientation des eaux de surfaces (Unité technique de MEF : 2013). D’autres ont des canalisations, mais celles-ci sont utilisées comme dépotoirs, par conséquent, elles ont été bouchées par des ordures, et même des terres. Lors de la saison pluvieuse, les eaux des ravines se dirigent vers la route nationale numéro deux (# 2) avec tous les débris. Cette situation rend les routes en mauvais états (Fontamara 47 et 49, près du marché Bizoton, Bò Dlo  à l’entré de la route rail, toujours près de Lamentin 54), ainsi que le pont de Carrefour se trouve aussi en état déplorable. Alors que la route Nationale #2 désert au moins 5 départements en interaction à la commune (Les autres communes de l’Ouest, le Sud-Est, le Sud, Les Nippes et la Grand-Anse.).

Pour la construction d’un viaduc à l’entrée de la route Rail, et le marché de Bizoton, une bonne partie de la route a été détruite, on assiste à la démolition de plusieurs maisons, et la plus critique, c’est la destruction des canalisations, ceci provoque l’envahissement des eaux de ruissellement sur la route nationale numéro deux (#2). Pourtant, la réalisation de cet ouvrage reste comme un défi pour les autorités de cette commune (DORSINVILLE : 2020). Ces projets du gouvernement ont aggravé davantage la situation de la commune avec le peu qui restait en termes d’assainissement. Cependant, la mise en œuvre de tels projets dans la commune pourrait être bénéfique dans la mesure où il y aurait des retombées économiques et une déconcentration à travers la ville. Mais le constat est alarmant, ces projets ne font qu’envenimer la situation des Carrefourois.

Par ailleurs, le plus grand marché de la commune est en mauvais état, la situation sanitaire est décevante, n’a plus une branche de tuyau qui fonctionne régulièrement; il faut signaler que  la première pierre de la construction du marché Decatus n’est pas encore posée (Mairie Carrefour : 2015); ainsi que, on ne trouve pas même une place publique à Carrefour (DORSINVILLE : 2020).

En termes d’infrastructures sanitaires, la commune de Carrefour compte cent neuf (109) établissements de santé, seulement douze (12) sont recensés dans le milieu rural, ce qui représente environ 10% ; par contre, parmi les 13 sections de la commune, neuf (9) d’entre elles sont totalement dépourvues de centre de santé, soit seulement 30% du territoire de la commune est procuré d’institutions de santé (Mairie Carrefour : 2015). Or, ils souffrent beaucoup pour avoir l’alimentation à l’eau potable, à cause  de problème irrégularité de l’eau (DINEPA) ; et ceux qui sont reculés ne possèdent pas une branche de tuyau pour se fonctionner. Alors, ils sont obligés d’aller acheter des camions d’eau pour répondre à ses besoins.

Carence en eau potable

À l’authenticité, c’est une commune qui est riche en eau, pour avoir possédée environ huit (8) sources d’eau, qui sont captées (Source Mariani, Source Gentil, Source Tunnel de Diquini, Source Mahotiere, Source Corossol, Source Madame Baptiste, Source Chaud’eau, Source Tesso) (Arrêté : 1992 ; DINEPA/OREPA). Malgré, l’exploitation de ces sources par la Direction nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement (DINEPA) beaucoup de gens de la zone ont des grandes difficultés pour avoir accès à l’eau potable (Mon-Repos, Lamentin, Chanel, Paloma…). Ces difficultés sont manifestées par : l’irrégularité de l’eau, la mauvaise distribution, manque d’entretient aux conduire de l’eau, et dans la commune.

Parallèlement, l’urbanisation anarchique a entraîné une pollution des nappes phréatiques rendant l’eau, quoique disponible, non potable, tout en augmentant les risques d’épidémies périodiques liées à la contamination féco-orale (Mairie Carrefour : 2015). À mainte reprise, arrivant avec des fatras, des terres et même des lombrics. Par la défaillance du système, l’eau n’arrive pas à destination, s’arrête au cours de route par des coupures répétitives ; en déversant tout au long de chemin ; or les eaux de surface se dirigent directement dans la mer ; et nous n’avons même pas un lieu de traitement des eaux usagées, tous se perdent. Donc, la somme de ses problèmes fait qu’une grande partie de la majorité de la population vive par la privation de l’eau.

Phénomène fatras

Dans la même perspective, à la commune de Carrefour, le service de voirie et le Service métropolitain de la Collecte des Résidus solides (SMCRS) sont les deux principaux responsables des travaux d’assainissement de la commune. Ils ont entre leurs mains une flotte composée de : trois camions à benne compressive, un loader, et de dix camions à bascule (Mairie Carrefour : 2015). Par Contre, tous ces matériels roulants ont été gérés par la mairie, et la maintenance est assurée par le SMCRS. Malgré tout, le travail d’assainissement reste inopérant (Mairie Carrefour : 2015).

La collecte des ordures ne s’effectue pas souvent par la Mairie, « c’est à nous d’aller jeter nos fatras », a déclaré l’un des natifs de la commune. Pour ajouter, ils se sont organisés eux-mêmes pour jeter leurs fatras. La majorité des habitants de cette communauté ont payé des gens à bourrettes pour jeter leurs fatras, et certains d’entre eux sont allés eux-mêmes de jeter les leurs. Il ne faut pas ignorer que : « dans les pays sous-développés, une grande partie des ménages vivent dans des conditions d’extrême pauvreté qui influent sur la qualité de l’environnement de vie (DORRIER-APPRIL : 2006) ». C’est ainsi, les riverains déversent des tas d’immondices dans les canaux de drainage des eaux de pluie à cause de l’irrégularité des activités de collecte de déchets dans les quartiers résidentiels (Mairie Carrefour : 2015).

Par conséquent, lors de la saison pluvieuse, la capacité réelle du réseau de drainage et de gestion des eaux de ruissellement est nettement insuffisante (Unité technique de MEF : 2013). De nombreuses accumulations d’eau sont observées aux abords et à même le réseau routier, comme : la rue de Thor 67, Mahotière 79, Waney 87 ; et la partie de la route nationale numéro deux est devenue une ravine. Par observation, les infrastructures urbaines de drainage qui sont destinées à accélérer l’évacuation de l’eau, à l’instant, celle-ci reçoivent tous les débris. Présentement, les habitants en amont ont profité de se débarrasser de tous leurs bataclans au moment de la pluie, a raconté les riverains de Mahotière. À cause de l’absence de canalisation, le débordement des eaux pluviales, ensuite nous observons des lopins de dépôts de toutes sortes, comme : des boues, des eaux salles, des ordures, tout au long des routes. Parfois, ce problème répercute grandement sur la circulation. Celle-ci est devenue un calvaire lors des pluies diluviennes abattues sur la zone.

Conclusion

Enfin, pour résorber à cette situation, nous devrions effectuer une campagne d’éducation civique à la population carrefouroise, afin de promouvoir la protection de l’environnement. Pour faire suite, les autorités locales doivent apporter leur soutien à la protection de l’environnement, afin d’assurer une gestion durable des ressources de l’environnement, selon les objectifs du développement durable (ODD6).

Dans la même veine, l’espace de la ville est trop restreint, nous devrions l’élargir. Juste pour assurer la représentativité spatiale de la ville avec la présence d’un maximum de section communale et de tissus urbains, par le critère géographique (WETHÉ, RADOUX et TAWANA : 2003). Avancé par WETHÉ, en appliquant le critère urbanistique qui se caractérise par la présence d’une trame de voirie suffisante, susceptible de continuer un support pour les réseaux d’égouts projetés. On devrait traiter les rigoles avec soin, afin que les eaux arrivent à leurs destinations ; et on devrait avoir des lieux de traitement des eaux usées. Tout en évitant des dépôts d’eaux (stagnantes), des boues, et autres objets qui érigent des barrages aux eaux lors des pluies, afin de limiter les dégâts. Pour accroître, on devrait empêcher les gens de jeter des ordures dans des lieux publics (les plus fréquentées), afin d’éviter la pollution et/ou la contamination de l’environnement (FREYCINET : 1870, 97-98, 206-208). Et aussi, en  faisant la distribution des sachets pour la collette des ordures, avec un horaire régulier.

En ce sens, la Mairie de Carrefour devrait avoir une équipe dynamique à ce sujet, qui fonctionnera dans les treize sections communales ; elle doit avoir son autonomie en sortant sous la responsabilité du Ministère des Travaux publics dans les travaux de canalisation, de construction et des entretiens de la route. La présence du Ministère de la Santé publique serait nécessaire dans les affaires sanitaires de la ville ; l’apport de DINEPA aux affaires d’assainissement, spécialement la distribution de l’eau potable devrait être plus dynamique. Afin, d’apporter l’amélioration à la santé et au bien-être de la population carrefouroise.

 

Jose FERTIL,

Tech. En Informatique, Économiste,

Maitrise en Sciences Développement (en cours)

Faculté d’Ethnologie, Université d’État d’Haïti

Email: josefertil@yahoo.fr

 

Les autres communes de l’Ouest, le Sud-Est, le Sud, Les Nippes et la Grand-Anse.

Marché Duvalier

Aujourd’hui Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS).

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