Diaspora haïtienne: quelle est l'économie des noms de femmes ?

0
135

Douze mois se sont écoulés en 2024, pour nous laisser des traces de souvenirs et un héritage symbolique. Dans la nouvelle configuration et reconfiguration de la diaspora haïtienne, avec une représentation croissante sur les médias sociaux des figures féminines haïtiennes qui abordent de nombreux sujets, comment identifier, catégoriser et répertorier les principaux noms de femmes qui apportent de la valeur ajoutée dans la diaspora haïtienne ? 

Dans l'intervalle de la première semaine de l'année 2025, le prénom de Vanessa sur les médias sociaux aura été le plus célèbre dans la diaspora haïtienne, entre deux duels partagés. Le premier mettant en face les familles et héritiers de Mikaben autour du patrimoine de l'artiste décédé. Le deuxième porte la signature de deux des influenceurs sur les médias sociaux évoluant en dehors d'Haïti, traduit par un prétexte de formulation de pardon transformé en une réplique le personnage de Vanessa pour faire tomber l'autre partie dans le piège et sans les preuves d'accusation.  Retour sur une première sélection autour de l'économie des prénoms de femmes dans la diaspora ? 

Douze façons parmi d'autres, nous permettent dans un certain sens, d'aborder la place symbolique ou d'explorer l'économie des prénoms ou noms de femmes dans la diaspora haïtienne. On peut citer: 1.Les femmes d'origine haïtienne qui occupent une place officielle ou importante au sein de la communauté, de l'Etat ou patronnes d'entreprises. 2. Les femmes célèbres qui mènent la danse dans les secteurs médiatiques, artistiques et culturels. 3. Les femmes responsables des organisations communautaires. 4. Les femmes victimes de violences multiples ou  des victimes qui bénéficient de la sympathie, de la solidarité ou de l'admiration dans la diaspora.  

Dans un deuxième temps, on retiendra 5. Les femmes qui sont accusées ou ont des comptes à rendre avec la justice entre autres. 6. Les femmes professionnelles indépendantes qui viennent de bénéficier des distinctions assez valorisantes ou sélectionnées dans des compétitions. 7. Les femmes émergentes qui se positionnent de plus en plus sur les médias sociaux pour aborder des sujets divers ou à contre-courant de certaines valeurs ou vision du monde. 8. Les femmes symboliques dont les noms sont associées à une variété de produits, de biens et des services que des entreprises fondées par des Haïtiens, qui évoluent dans la diaspora et visent à renouveler certaines traditions et à les rentabiliser par la consommation et le rapprochement de plusieurs générations. 

D'un autre côté, on pensera : 9. Aux femmes qui se sont inscrites dans l'histoire du pays ou de la ville d'accueil, particulièrement associées à l'évolution de la communauté respective de la  diaspora haïtienne qu'il faudra commémorer. 10. Les femmes inscrites dans l'histoire d'Haïti que les membres de la communauté haïtienne et les représentations diplomatiques d'Haïti continuent de célébrer chaque annee. 11. Les femmes inscrites dans l'histoire universelles avec des références socialisantes  et scientifiques,  que certains médias et d'autres institutions comme dans l'éducation, continuent de ressusciter à chaque occasion. 12. Enfin les femmes venues d'ailleurs qui viennent s'inscrire dans l'imaginaire de plusieurs communautés des diaspora, tout en influençant la communauté haïtienne dans un sens ou dans un autre.  

Dans l'histoire contemporaine de la diaspora haïtienne établie dans plusieurs pays et régions dans le monde, en particulier en Amérique du Nord, il existe plusieurs façons de répertorier les noms et prénoms de femmes dans l'écosystème partagé en particulier entre le social, la politique, la culture, l'économie, la justice, les scandales et les médias sociaux. 

Dans le cas qui nous concerne, on retiendra surtout le huitième point, qui prendra en compte : Les femmes symboliques dont les noms sont associées à une variété de produits, de biens et des services que des entreprises fondées par des Haïtiens, qui évoluent dans la diaspora et visent à renouveler certaines traditions et à les rentabiliser par la consommation et le rapprochement de plusieurs générations. Pourquoi et comment ? 

Découvrons ces femmes qui portent l'essence de la mémoire de plusieurs générations et des traditions culturelles haïtiennes, à travers une sélection de produits destinées au secteur économique de l'alimentation, en particulier des boissons. En premier lieu on retrouvera Choucoune, ce personnage poétique dans la littérature haïtienne célébré par l'auteur Etzer Vilaire, que l'entrepreneur Johnson Napoléon a mis dans des boissons, aux multiples couleurs et saveurs distillées et distribuées dans plusieurs pays et en Haïti.

Différentes formes de bouteilles et des couleurs permettent d'explorer les variétés des saveurs qui signent Choucoune.  Entre le cola, l'eau de coco, les fruits transformés, les boissons énergisantes comme les Shake et les Malta, le patron de la bière Ewo tente par tous les moyens de créer à la fois de nouveaux contenus et des narratifs beaucoup plus valorisants dans l'industrie de la consommation au sein des différentes communautés de la diaspora haïtienne en particulier, sous le signe et le symbolisme des saveurs de Choucoune. 

D'autres figures féminines inscrites dans l'entrepreneuriat culturel et gastronomique continuent d'enrichir l'imaginaire collectif et l'économie solidaire au sein de la diaspora haïtienne, en s'impliquant dans la production et la promotion des autres boissons, en particulier des produits alcoolisés comme le Kremas et les liqueurs de différentes saveurs, en dehors des confitures qui portent les couleurs "Made in Haïti".

Des noms comme : «Bagèt», «Chalè Lakay», «Ti Cayenne», et plusieurs autres marques, font référence à des femmes ou sont représentées par plusieurs femmes entrepreneures. Toutes des fidèles promotrices et passionnées des traditions gastronomiques et des saveurs de la terre natale Haïti. 

De «grenadya», à «Kokoye», et «Jenjanm», les «Kremas» de «Bagèt», ce sont parmi les saveurs qui confirment l'emblème phare de Ginite Popote, une figure polyvalente dans la diaspora haïtienne. Elle propose également des liqueurs et des confitures pour nourrir les émotions de sa clientèle.

Dans le répertoire ensoleillé des images des produits associés aux couleurs de  «Chalè Lakay», l'entrepreneure et promotrice  Karoll-Ann Fanfan et ses collaboratrices proposent des produits comme les confitures (gwayav, anana, chadèk) en dehors de la beurre d'arachide plus connue en creole sous le nom de  «Manba».

Des «Kremas» et des  liqueurs partageant les saveurs de «Kokoye», de «Grenadine», permettent à l'entrepreneure Mivida et ses associés dont L. Marie Cassy, de proposer des variétés qui partagent les saveurs qui reflètent les produits du Grand Sud d'Haïti en particulier. A partir des bouteilles et dans des coffrets ces boissons alcoolisés et d'autres produits sont livrés dans plusieurs coins des Etats-Unis. 

Derrière ces nombreux entrepreneurs, en majorité des femmes, parmi les anciennes et les nouvelles générations, évoluant majoritairement aux Etats-Unis, il existe pourtant une femme qui se passe de présentation. Moins visible que les autres, mais mondialement reconnue et appréciée qui trône fièrement devant l'étoile bleue à cinq branches, dans le logo des bouteilles du rhum Barbancourt. Et dire que cette entreprise familiale est dirigée par l'heritiere, Delphine Gardère, une femme entrepreneure. 

Des archives des exposants, et des affiches de nombreuses foires organisées dans la diaspora haïtienne durant les dernières décennies pourraient offrir la possibilité d'identifier et de répertorier d'autres noms de produits associés  aux noms de femmes. 

Dans le cadre de la prochaine exposition qui se tiendra au musée de la Diaspora haïtienne autour du thème: Les couleurs de la gastronomie haïtienne, il sera possible de découvrir en image l'histoire de ces femmes symboliques, qui participent dans l'économie culturelle de la diaspora haïtienne aux Etats-Unis, au Canada, en France, au Chili, en République dominicaine, au Mexique, au Brésil, en Argentine et plusieurs autres coins. 

Diplomatie économique et culturelle, il existe de nombreuses dimensions à prendre en compte dans l'exploration de la représentation et de la contribution qualitative, quantitative, et symbolique  des femmes dans la diaspora haïtienne, à travers le monde. Une mine d'information et des sujets divers, que les journalistes moins tournés vers les scandales et les universitaires pourraient aborder, explorer et traduire dans leurs sujets. Quelle est l'économie réelle des noms et prénoms de femmes dans la diaspora haïtienne ?  

Des femmes présentes dans l'économie de la diaspora, à travers de multiples formes de représentations symboliques et authentiques, seront revisitées dans l'écriture de l'histoire économique de la diaspora culturelle haïtienne. 

 

Dominique Domerçant 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES