Le Cap à la une, le Grand-Nord dans la lune…!

Dans la lune de miel qui a débuté au beau milieu de l'année 2022, entre le tourisme local et le développement durable, dans le département du Nord, en particulier dans la ville historique du Cap-Haitien, on ne peut que saluer l’ensemble des acteurs d’ici et d’ailleurs qui continuent d’investir et de s’investir dans la promotion d’une Haïti, qui ne doit pas se limiter aux frontières de la République de Port-au-Prince.

Désormais le Cap occupe la une sur les réseaux sociaux, depuis quelques semaines. C’est une bonne initiative.  Et c’est surtout très encourageant de voir que certaines publications et des informations rapportées, confirment une certaine augmentation significative dans les opérations des institutions et entreprises évoluant dans les secteurs touristiques dans cette commune, notamment le transport  aérien, les hôtels, la location des véhicules, les excursions et d’autres événements touristiques.

Des initiatives pour recapitaliser le Cap-Haitien sont  à encourager certainement, avec cette nouvelle forme de promotion du tourisme local, qui vise à encourager les entrepreneurs, les professionnels, les familles et les touristes haïtiens et les membres de la diaspora en particulier, à se tourner vers les autres destinations en dehors de la capitale haïtienne en crise et sous le poids des violences politiques et urbaines.

Dans cette liste, on retient le nom de l’entrepreneur en éducation Jhonson Napoleon, le patron d’Azure Collège et de Kola Choucoune, qui évolue dans la diaspora, notamment au niveau de la Floride entre autres. Ce dernier s’est déjà inscrit dans la mobilisation des fonds au profit de la mairie du Cap-Haitien, il affiche sur son compte des réseaux sociaux (Facebook) des informations positives et attractives sur la ville.

Dans sa peau de promoteur social et du tourisme local, il va jusqu'à encourager et assurer la promotion de certains acteurs et opérateurs dans la ville du Cap-Haitien, en attendant que certaines autorités communales pensent à lui offrir les clés de la ville, ou pour lui discerner le titre d’ambassadeur de la ville pour ses engagements et contributions.

Des groupes de visiteurs locaux et certains étrangers continuent de visiter les sites touristiques du Cap-Haitien. Des figures connues dans les milieux médiatiques et culturels s’affichent et exposent la beauté des sites. Même certaines réunions importantes relatives au secteur de l'économie, l'éducation et la finance, portées par les plus importantes institutions publiques du pays ont été réalisées au cours des dernières semaines. Tout cela pour justifier l’attraction positive que connaît la ville du Cap-Haitien en 2022. Et ce ne sont pas les belles images publiées durant ces vacances estivales, à la citadelle Laferrière par l’ancienne journaliste vedette de la télévision nationale Esmeralda Milcé, qui vont dire le contraire de la beauté des sites et des potentialités de ces villes.     

Des modèles à suivre, qui méritent d'être encouragés par d’autres entrepreneurs à succès, des médias et d’autres personnalités qui peuvent influencer positivement la marche du développement communautaire et durable en Haïti. En particulier dans les autres départements qui cherchent à confirmer que le pays ne se limite pas à la capitale.

Dommage, derrière toutes ces actions intelligentes, solidaires, mais isolées, et ces activités inédites, culturelles, valorisantes, mais saisonnières, qui portent les semences du  tourisme local et du développement durable, il manque terriblement un véritable plan d’action concret et des investissements  durables, pour renforcer les différents maillons de la chaîne des industries touristiques et culturelles.

De la place de l'éducation à la citoyenne pour renforcer le sentiment d’appartenance des enfants et de leurs familles, en passant par l'éducation artistique, culturelle et financière pour encourager l’entrepreneuriat autour de la valorisation des potentialités culturelles du Grand-Nord, et une implication véritable des médias et des élites de la région du Grand-Nord, on ne pourra pas espérer grande chose.

Dans cette nouvelle aventure touristique autour du "Cap à la une", pour de nombreux touristes qui entrent en lune de miel avec la beauté des paysages et du patrimoine, c'est pratiquement tout le Grand-Nord, qui vit dans la lune, car les pieds des dirigeants et de la grande majorité de la population de cette région ne touchent pas pratiquement le sol, pour ressentir les ondes sismiques annoncées depuis quelque temps par les spécialistes.  Combien d'ambulances, des sapeurs pompiers, de secouristes, de réserve stratégique de kits de nourriture, de carburant, de couverture et de médicaments disposent le Cap-Haïtien pour attirer des touristes et sans se rappeler de la vulnérabilité de la région ? 

Dans une ville historique ou capitale historique de tout un peuple, qui ne dispose d’aucun véritable ou grand musée spécialisé, moderne et surtout fonctionnel, on ne peut pas parler de l’existence d’une véritable industrie touristique, en dehors des sites à visiter et des hôtels à habiter. Pourquoi on ne profite pas de cet élan pour créer le musée Henry Christophe, le musée Tropicana, ou le musée du Septentrional, pour accueillir des milliers de visiteurs qui vont acheter plein de souvenirs dans les boutiques de ces musées ?

Derrière les lignes aériennes et les maisons de location de véhicules, les hôtels et les restaurants, les sites du patrimoine bâti, les monuments et certaines ruines historiques importantes du Grand-Nord, l’absence d’un réseau de musées, de centres de documentations et d'interprétation dans cette région, ne peut que confirmer le niveau de sous-développement de ce secteur touristique. Comme dans tous les pays qui investissent véritablement dans les industries culturelles et touristiques, et qui ne sont pas dans la lune, c’est à travers la valorisation des différentes formes de patrimoine matériel et immatériel et l’exploitation à travers des produits dérivés des sites, des faits et des dates que les opérateurs s’organisent pour satisfaire les besoins, encourager la curiosité des visiteurs, valoriser les biens communs et rentabiliser au maximum l’ensemble des biens culturels, des produits et des services touristiques.     

Dans la ville du Cap-Haitien comme dans toutes les communes d’Haïti, il manque tristement l’existence d’au moins d’un musée communal pour raconter l’histoire de la ville, de chaque ville. Comment la prochaine création du musée de la ville du Cap-Haitien devrait-elle pouvoir contribuer à l'éducation et la responsabilisation des familles dans la prévention des catastrophes naturelles à travers des expositions sur les Incendies et séismes qui ont détruit la ville du Cap-Haitien dans le temps ?  Quel est l'état des lieux des centres de formation professionnelle dans le Grand-Nord en 2022 ? Quel avenir pour les milliers d'écoliers qui vivent dans le Grand-Nord, qui vont boucler leurs études classiques cette année ? 

Dans la ville du Cap-Haitien ou le Grand-Nord, quelle grande bibliothèque ou librairie spécialisée sur l’histoire d’Haïti et l’histoire de cette région qui fait tant la fierté de ces ressortissants ?  Comment encourager et sensibiliser les promoteurs du tourisme en Haïti sur la consommation pour le corps et l’esprit ? Dans quelle rue au Cap-Haitien peut-on trouver, comme cela se fait un peu partout dans les autres grandes villes historiques et touristiques, en dehors des boutiques des aéroports de la Caraïbe, en Amérique du Nord et du Sud,  en Europe ou en Asie,  des livres, des cadeaux, des produits de luxe, des accessoires, des souvenirs, des porte-clés représentant la citadelle ou le palais Sans-Souci en miniature, et d’autres gadgets “Made in Cap-Haïtien” ?     

  

Dominique Domerçant

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