«Dechoukay»: comment aborder un tel sujet dans les écoles en Haïti ?

D’entrée de jeu, le professeur ou l’enseignant qui va aborder le thème «Dechoukay» à l'école, ou dans les centres professionnels et universités en Haïti, devra avant toute chose, présenter les objectifs d’un tel débat.

 

Défendre la culture de la création de richesses et  la protection des vies et des biens ; développer une culture d’empathie et de solidarité autour du bien commun dans la société haïtienne;  diminuer l’exclusion sociale, la jalousie, la paresse, la violence et les actions criminelles au sein des communautés, tout en découvrant tous les contours du phénomène du «Dechoukay» en Haïti, sont parmi les objectifs à atteindre, pour encourager le plus grand nombre de jeunes dans le pays, à créer plus de richesses indispensables, à partager pour le bien-être des familles dans le pays.    

 

Dans tous les cours enseignés à l'école et dans les universités du pays, il faudra prendre en compte l’impact ou les dimensions du «Dechoukay» sur ces derniers et le développement du pays en général. Combien de personnes peu formées  et des familles inconscientes, qui vont s’empoisonner involontairement avec des objets, de la nourriture contaminée, des produits toxiques ou non comestibles récupérés sur les scènes de pillage ou vendus après les actes de «Dechoukay»?  Combien d’employés qui, à force de détester leurs patrons, ne feront rien pour alerter, anticiper ou empêcher le pillage de l’institution dans laquelle ils ou elles évoluent ? Comment convertir cette culture de la haine de l’autre en une culture de vivre ensemble et de création de richesse ?

 

Des questions parmi les plus pertinentes seront formulées et posées entre le professeur et les élèves pour tenter d’alimenter les débats dans la salle de classe, et boucler cette nouvelle journée avec de nouvelles conclusions, qui suivront les réflexions, pour démasquer la déraison collective, et conforter la raison du bien commun.

 

Dans l’obligation de trouver ou de formuler une définition pour le terme : «Dechoukaj» ou «Dechoukay», acceptable pour le plus grand nombre, chaque élève sera invité à partager son point de vue sur le sujet en question. Et à la fin, le professeur proposer l’une des meilleures définitions, sur la base de référence dans le dictionnaire ou tout simplement en argumentant à partir des mots clés qui expriment les intentions et présentent le mieux infractions qui accompagnent l’acte de «Dechouke» untel par rapport à untel !

 

Depuis quand remonte le plus ancien acte de «Dechoukay»en Haïti ou sur la terre d’Haïti plus précisément ?  Existe-t-il plusieurs formes de «Dechoukay» ? Quelles sont les personnes, les autorités, les institutions et les entreprises qui sont souvent victimes de «Dechoukay» et pourquoi ? Quelles sont les conséquences du «Dechoukay» en Haïti au fil des années,  sur la vie des familles et le développement économique et social ?   Comment peut-on anticiper, prévenir et empêcher de subir un tel acte? À qui profitent ces actes?  Pourquoi l’État et les élites devraient-ils encourager une meilleure forme d'éducation et de sensibilisation contre les pratiques du «Dechoukay» dans le pays ?  Quelles sont les dimensions à prendre en compte dans l'acte de destruction des biens et des vies dans le pays ? Pourquoi et comment éduquer la population contre le«Dechoukay», sortir de la tradition de destruction afin de passer à la culture de la création de richesses ?

 

Dans une approche d'interdisciplinarité, le professeur de sciences sociales ou de n’importe quel autre champ académique invitera les élèves à explorer les divers contours du phénomène du «Dechoukay» à travers les cours de physique, de mathématique, de littérature, des sciences sociales, de la physique, de l'économie, d'éducation artistique et culturelle, des cours de langues (créole et français, anglais et espagnol), d’éducation physique et sportive, entre autres.

 

Dans chacune de ces matières enseignées, et suivant les différentes manières ou approches pédagogiques utilisées par chaque enseignant, formateur, éducateur ou professeur, qui interviendra dans la salle de classe, la communication devrait avoir pour objectif d’encourager le plus grand nombre d'élèves ou d’apprenant à saisir les différents contours de la question du «Dechoukay» en Haïti, en tant que mal à éradiquer en amont et en aval. 

 

Dans toute l’histoire d'Haïti, de la période des Amérindiens jusqu’à nos jours, on retiendra le premier mouvement de révolte des Amérindiens en détruisant le Fort de la Nativité, construit par les Espagnols avec les restes du navire au lendemain de leur arrivée sur l'île en 1492. Les grands mouvements de révolte des noirs en esclavage, qui ont démarré au lendemain de la cérémonie de Bois- Caïman en 1791, sous l’emprise du slogan: «Koupe tèt, Boule kay», en passant les crises en cascade, persistantes et récidives qui animent toute l’évolution de la vie politique, sociale et économique entre les crises et les conflits.     

 

Développer chez les enfants et les écoliers les valeurs de l’empathie sera au centre des débats sur le «Dechoukay» en Haïti. Sur les bancs de l'école, depuis les classes préscolaires, et durant tout le cycle éducatif, il faudrait sensibiliser les élèves et les parents sur l’obligation d’initier des réflexions et de toujours développer le réflexe, pour se mettre à la place de l’autre, avant chaque acte à commettre, même dans ses intérêts particuliers. Avant d’investir dans un environnement, dans un quartier ou une ville, de prendre en compte la situation de la population environnant le site ; avant de définir les dividendes, les bénéfices personnels et les avantages sociaux du patron et des hauts cadres, de penser au niveau de vie des autres membres de l’institution qui représentent des maillons importants dans la chaîne.

 

De l'intérieur comme de l'extérieur de chaque institution, il faudra encourager vivement la culture de l’empathie, depuis l'école, dans une perspective de promotion de la création de richesses, à la place du pillage et de la destruction des biens d'autrui, ou des biens de l’Etat, notre patrimoine commun. Plus que jamais, il faudra promouvoir la responsabilité sociale et culturelle au sein des institutions et entreprises en Haïti, comme un autre remède très efficace pouvant protéger les investissements et les sacrifices de toute une vie, qui disparaissent souvent avec les actes de pillage des biens et l’incendie des bâtiments.

 

De la responsabilité culturelle et sociale envers la communauté et l’environnement immédiat des institutions et entreprises, il parait très urgent pour les professeurs d’encourager les élèves, en tant que futurs patrons et employés, à prendre en compte l’importance pour les institutions de répondre à leurs fonctions basiques, qui n’est autre que de fournir des biens et services à la population, dans le respect, avec professionnalisme et sans parti pris. Comment de personnes violentes, qui choisissent d’encourager des scènes de pillage d’une institution pour les seules raisons qu’elles ou leur communauté ne bénéficient pas d’un meilleur service à la clientèle, ou parce que l’entreprise ne fournit pas des produits et services adaptés aux besoins de la population.

 

Des causes réelles et raisons profondes inspirent, encouragent et mobilisent systématiquement certaines communautés à protéger et/ou à détruire telle institution par rapport à telle autre, sur la base des relations responsables, respectueuses et réciproques développées entre les patrons et les employés, entre l’ensemble des membres du personnel de l’institution avec les membres de la communauté d’accueil immédiate, et enfin, entre l’entreprise avec les autres compétiteurs.

 

Des dimensions sociologiques à aborder le plus tôt que possible avec les apprendront à dessiner ces différents cercles et environnements qui vont influencer l’avenir des investissements tangibles en Haïti.  

 

D’abord, il sera question de voir à la base du phénomène de destruction et de pillage des biens d'autrui, un sentiment de jalousie, d’aigreur, de vengeance et de violence. Ensuite, il y a le processus de fabrication de la haine collective, de la violence offensive alimentée par la souffrance de certaines personnes et familles qui souffrent dans la misère et la détresse, dans une forme d’exclusion institutionnelle, qui finissent par volontairement se tourner vers la destruction de l’autre pour satisfaire ses besoins. Ou tout simplement détruire l’autre sous prétexte de misère pour atteindre une mission ou un objectif criminel.

 

Dénoncer sans insulter, les parents et les familles qui vont cultiver cette pratique de destruction de l’autre, sans prendre le temps de penser aux conséquences sur le plan économique, social, environnemental, moral et éthique sur l’avenir de leurs enfants et de leurs proches.

 

Désormais, les élèves en Haïti seront assez informés pour comprendre le grand mal pour le pays de voir partir dans les fumées autant d’investissements, de produits, et d' emplois directs et indirects.

 

Dans le cadre du cours d'économie, le professeur allait pouvoir inviter les élèves à calculer la somme des équipements, des matériels, des matériaux, des meubles et tous les accessoires détruits lors des incendies et des pillages. N’est-ce pas une belle occasion pour le professeur d'économie, d’aborder l’importance des assurances, et tous les métiers et opportunités qui peuvent intervenir dans un contexte de crise, de catastrophes humaines et de «Dechoukay».  En dehors des différents types de services d’assurances (locales, internationales ou mixtes) dont disposent certains entrepreneurs pour garantir leurs investissements,  certains avantages sous forme de franchises que l’État sera obligé d’accorder à ces derniers, victimes dans un sens, mais réparés dans un autre sens, quand bien même certains ou tous les employés de l’entreprise détruits seront au chômage.   

 

Dans toute la salle de classe, les élèves seront invités à la fin du cours à formuler des messages dans les deux langues officielles du pays, en vue de sensibiliser sur les impacts négatifs et les méfaits du phénomène de «Dechoukay» sur le présent des familles haïtiennes, et l’avenir de tous les enfants qui vont assurer la relève dans cinq, dix, quinze, vingt, cinquante et cent prochaines années.

 

De la nécessité pour les écoles haïtiennes et les professeurs en particulier d’aborder des problèmes actuels et des phénomènes concrets influençant en permanence le quotidien de la population haïtienne.    

 

Dans une obligation d’encourager l'interdisciplinarité et l’empathie dans le système éducatif haïtien l’inscription d’un ensemble de problématiques sociopolitiques, économiques, culturelles, identitaires et écologiques les plus influentes, déterminantes et dégradantes dans le quotidien pourrait contribuer à une meilleure forme de sensibilisation et de responsabilisation des écoliers et des jeunes.

 

Dominique Domerçant

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