La bisexualité

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1963

Selon MacDonald (1981), est bisexuelle la personne qui s’adonne à des activités sexuelles avec des hommes et des femmes ou qui manifeste le désir de le faire. Selon Weinberg et ses collaborateurs (1994), la majorité des personnes bisexuelles ont eu des relations hétérosexuelles au début de leur vie sexuelle active, puis des relations avec des personnes de leur sexe. La plupart des personnes bisexuelles n’ont affirmé cette orientation que plus tard dans leur vie.

Dans la langue familière, le mot gai est synonyme d’homosexuel. À l’origine, ce mot américain (gay) servait à qualifier les endroits branchés que fréquentaient surtout les homosexuels. Par extension, ce terme s’est appliqué aux homosexuels eux-mêmes et s’est peu à peu étendu aux questions sociales et politiques relatives à l’orientation homosexuelle. D’une manière générale, une femme homosexuelle est appelée gaie ou lesbienne.  Les termes péjoratifs pédé, fifi, tapette, homo, pédale, tante, gouine sont utilisés en signe de mépris a l’égard des homosexuels. Toutefois, dans certaines sous-cultures gaies, des personnes gaies elles-mêmes les emploient entre elles de manière spirituelle ou humoristique (Bryant et Demian, 1998).

Par ailleurs, certains hommes et femmes non hétérosexuels, nés après 1970, disent faire partie de la génération queer. Né à Barcelone, ce mouvement a pour but de lutter contre la charge négative associée au mot homosexualité et les effets normatifs du concept même d’orientation sexuelle qui       tend à rendre étanches et exclusives les catégories hétéro, homo ou bi. Dans la lignée du mouvement déconstructiviste de la sociologie moderne, auquel participèrent Foucault, Deleuze et Derrida, le mouvement queer propose d’estomper les frontières entre les sous-groupes constitués de gais, de lesbiennes, de personnes bisexuelles et d’individus  qui considèrent qu’ils n’entrent dans aucune de ces catégories ( Bourcier, 2001).             

Qu’est-ce qui détermine l’orientation sexuelle ?   

On a échafaudé de nombreuses théories, la plupart contradictoires, pour tenter d’expliquer les origines de l’orientation sexuelle, particulièrement celles de l’homosexualité. La question qui tracasse le plus les chercheurs porte sur la part de l’inné et celle de l’acquis : nait-on avec son orientation sexuelle ou bien la développe-t-on au cours de sa vie ? Il n’existe malheureusement pas de réponse catégorique à cette question. 

 

Les théories psychosociales

Bell et ses collaborateurs (1981) ont mené l’étude la plus complète à ce jour  sur le développement de l’orientation sexuelle. Leur étude portait sur un échantillon composé de 979 hommes et femmes homosexuels et sur un groupe de contrôle constitué de 477 personnes hétérosexuelles. Tous les sujets de la recherche ont été interrogés sur leur enfance, leur adolescence et leurs habitudes sexuelles durant des entrevues individuelles de quatre heures. Les chercheurs ont ensuite eu recours à des programmes statistiques sophistiqués pour analyser les causes possibles du développement de l’homosexualité  ou de l’hétérosexualité. Il importe de souligner que cette recherche est fréquemment citée par les sexologues, car elle a été menée suivant une excellente méthodologie.   

La théorie « par dépit »        Certains croient que des expériences hétérosexuelles malheureuses peuvent rendre une personne homosexuelle. Or, la recherche de Bell a confirmé que les personnes du groupe homosexuel avaient eu autant de fréquentations hétérosexuelles à l’adolescence que le groupe hétérosexuel  et qu’elles y avaient pris plaisir, mais dans une moindre mesure que les gens du groupe d’orientation hétérosexuelle. L’orientation homosexuelle n’est donc ni le signe d’un manque d’expérience hétérosexuelle ni celui de rencontres hétérosexuelles insatisfaisantes (Bell, 1981). On attribue aussi parfois le lesbianisme à la peur des hommes ou à une méfiance vis-à-vis d’eux, plutôt qu’a une attirance véritable pour les femmes. Pour se convaincre de l’absurdité d’une telle croyance, il suffit de se dire que l’hétérosexualité féminine découle de la peur des femmes et d’une méfiance vis-à-vis d’elles. En fait la recherche indique que plus de 70% des lesbiennes ont eu des expériences sexuelles avec des hommes et, bien que plusieurs déclarent y avoir pris plaisir, ces femmes préfèrent vivre leur sexualité et leur vie amoureuse avec d’autres femmes (Diamant et coll., 1999 ; Klaich, 1974). Il semble qu’un grand nombre de lesbiennes font le choix délibéré de cette orientation sexuelle parce qu’elle leur apporte davantage de satisfaction ; il est intéressant de noter que les hommes disent rarement avoir fait ce choix lorsqu’ils parlent de leur orientation sexuelle ( Baniluk, 1998). 

 

Le mythe de la séduction

Certains croient que les jeunes femmes et les jeunes hommes deviennent homosexuels parce qu’ils ont été séduits par des personnes homosexuelles plus âgées ou qu’ils ont « attrapé » cette orientation contagion, probablement d’un individu rattaché au corps professoral que l’enfant aimait et respectait. Bien que totalement dénuée de fondement, cette croyance nous permet de considérer que ceux qui sont d’avis que les gais et lesbiennes ne devraient pas enseigner sont probablement aussi ceux qui croient aux mythes de la séduction et de la contagion (Leland, 2000b). La recherche déboulonne pourtant ces croyances en montrant que l’orientation sexuelle est le plus souvent  établie avant l’âge scolaire et que la plupart  des personnes homosexuelles ont leurs premières expériences sexuelles avec quelqu’un du même groupe d’âge qu’elles (Bell, 1981).

 

 

Freud et la fixation sur le parent de sexe opposé

Une autre théorie largement répandue a trait à certains modèles d’influence familiale. La théorie psychanalytique, certes la plus connue, met en cause à la fois les expériences survenues durant l’enfance et les relations parentales. Sigmund Freud (1905) soutenait que la relation de l’enfant avec son père et sa mère était cruciale à ce sujet. Selon lui, dans un schéma de développement « normal » nous passerions tous par une phase « homoérotique ». Les garçons pourraient faire une fixation durant cette phase homosexuelle s’ils ont une relation de piètre qualité avec leur père et, simultanément, une relation très étroite avec leur mère ; la même chose pourrait arriver à une fille si elle ne renonce pas à l’envie du pénis, c’est-à-dire l’envie de s’approprier le pouvoir masculin (Black, 1994). Malgré, certains témoignages suggérant que l’homosexualité masculine pourrait parfois être liée à des relations père-fils déficientes, on ne pouvait déceler aucun phénomène particulier de la vie de famille qui permette d’expliquer le développement d’une orientation homosexuelle ou hétérosexuelle (p. 190)

 

De l’exotisme a l’érotisme

Daryl Bem (1996) propose une explication qui place l’exotisme au centre de l’intérêt sexuel à l’adolescence. Ainsi, nous serions attirés par ce qui est très différent de nous et cet exotisme nous inciterait à choisir une personne a l’opposé de celles que nous avons fréquentées jusqu’alors. Bien qu’intéressante cette théorie est fortement critiquée. En effet, la recherche indique clairement qu’il est beaucoup plus probable que nous tombions amoureux  ou amoureuse d’une personne qui partage nos valeurs, nos intérêts, nos gouts et qui possède des facultés intellectuelles semblables aux nôtres, quel que soit son sexe ( Hatfield et Rapson, 1993 ; Sherman et Jones, 1994).

Par choix

Certaines personnes soutiennent que le choix de leur orientation sexuelle est une décision personnelle ( Bemporad, 1999). Même si les hommes et les femmes leur conviennent sexuellement, ces personnes croient qu’elles éprouveront une plus grande satisfaction générale avec des partenaires de leur sexe pour d’autres raisons, dont la similarité avec l’autre. Cette composante de choix apparait plus marquée chez les femmes que chez les hommes et semble confirmer par le fait que les femmes sont susceptibles d’être bisexuelles que les hommes (Bailey et Beneshay, 1993 ; Kinsey et coll., 1953 ; Pattatucci et Hamer, 1995).

Une étude a révélé 58% des femmes formant un couple lesbien avaient choisi de vivre avec une autre femme. Tout en pouvant apprécier une relation avec un homme, ces femmes préféraient les relations lesbiennes, parce qu’elle les trouvait moins stéréotypées et qu’elles y jouissaient d’une plus grande intimité (Rosenbluth, 1997). Le désir sexuel des femmes semble donc davantage lié aux sentiments qu’elles éprouvent pour une personne donnée, ce qui leur permet de dire  que leur orientation sexuelle est particulièrement tributaire de la personne avec qui elles ont une relation  (Bailey et coll., 1993).

PS : Dans le prochain numéro qui suivra, je vous parlerai des théories biologiques sur l’homosexualité…

 

’Oser la création d’une vie à deux !’’

Jonas ALCE, Conseiller conjugal, familial, expert en Relation de Couples et (organisation des séminaires pour l’amélioration des mariages). E-mail : jonasalce22@gmail.com

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