Analyse et Résolution de conflits

Roland Joseph a soutenu sa thèse de doctorat (Ph. D.) à Nova Southeastern University (NSU), aux États-Unis avec la mention d’excellence et les félicitations du jury

Du sud-est d'Haïti à Jacmel au sud-est des États-Unis en Floride, Roland Joseph a bouclé un parcours de combattant qui est bien couronné ce mardi 21 mars en obtenant son diplôme de docteur en analyse et de résolution de conflit au Département d'études et d'analyse de résolution de conflits à l'Université Nova Southeastern (NSU), aux États-Unis. À un moment où le monde est sous la plus grande menace de conflit nucléaire, sa thèse est tombée à point nommé. Car, elle porte sur « les défis et les expériences transformatrices de la promotion du non-Killing auprès des militants anti-nucléaires et des réalistes». Le concept du « non-killing » traduit en français non-meurtre a été utilisé pour la première fois par le politologue américain Glenn D. Paige dans son livre «Nonkilling Global Political Science» examinant les arguments des penseurs politiques justifiant l’usage de la violence en politique, a expliqué le Dr. Joseph.

Dans le cadre de ce travail, l’ancien directeur fondateur de la salle des nouvelles de la Radio évangélique Hosanna de Jacmel (REHJ) a souligné que l'objectif principal de cette étude était d'explorer l'expérience de chercheurs et d'universitaires qui ont été influencés par le politologue Glenn D. Paige et qui se sont engagés dans la promotion de son nouveau paradigme particulièrement auprès des militants antinucléaires et des réalistes tout en tenant compte de leurs réflexions, de leurs perceptions sur les risques d'armes nucléaires et ce qu'ils proposent pour y faire face. Il est important, dit-il, d'étudier l'expérience de ces chercheurs car les militants antinucléaires estiment que l'existence de ces armes représente un obstacle majeur à la paix et à la sécurité internationales ; les réalistes pensent qu'il est normal que les États recourent à la violence armée pour la protection de leurs territoires ; tandis que les chercheurs dans le domaine du nonkilling croient qu'il est possible d'arriver à une société mondiale où il n'y a pas d'armes créées par des êtres humains pour tuer d'autres êtres humains.

Pacifiste et promoteur de la paix et du nonkilling, le docteur Roland Joseph nous a expliqué que sa motivation pour un tel sujet réside non seulement dans son implication dans le mouvement du « non-killing », mais aussi dans les risques liés à l'existence des armes nucléaires. « Mon intérêt pour un tel sujet a commencé lorsque j'ai rencontré mon professeur d'anthropologie politique, le Dr Max Paul, influencé par la pensée de Glenn D. Paige alors que j'étudiais les sciences politiques à Port-Au-Prince », a-t-il fait savoir au Journal Le National. Il a indiqué que la plupart de ses professeurs et camarades de classe de l'époque et jusqu’à présent ont utilisé les arguments de certains penseurs comme Machiavel, Thomas Hobbes, Max Weber, Hans Morgenthau et Kenneth Neal Waltz etc. pour contrecarrer cette nouvelle façon de penser.

En ce qui concerne la méthodologie, Dr. Joseph a expliqué qu'il a utilisé la méthode de recherche qualitative basée sur l'analyse phénoménologique interprétative (IPA). Il a souligné que cette approche lui a permis d'interviewer entre 15 et 20 chercheurs qui sont pour la plupart des politologues, des sociologues, des anthropologues, des spécialistes des relations internationales, etc. évoluant dans les différents comités de recherche créés par Paige au Center for Global Nonkilling (CGNK) situé à Hawaii aux Etats-Unis.

 Pour ce jeune chercheur, cette étude a non seulement été conçue pour attirer l’attention du public face aux risques associés à l'existence des armes nucléaires, mais également pour attirer l'attention des chercheurs et des praticiens dans le domaine d’études sur la paix et de la résolution des conflits à réfléchir sur la façon dont cette nouvelle perspective pourrait être utilisée dans leur domaine à un moment où le monde est sous la plus grande menace de conflit nucléaire depuis l'ère de la guerre froide précisant que ces armes constituent une menace directe et constante pour la vie des hommes et des femmes à travers le monde.

Le Dr Joseph a en outre ajouté que la plupart des scientifiques du monde entier, en particulier aux États-Unis, s'accordent sur la menace de l'utilisation d'armes nucléaires à tout moment dans un conflit impliquant les États détenteurs de ces armes. « En 2023, le Bulletin of the Atomic Scientists a avancé l'horloge apocalyptique de 100 secondes à 90 secondes à minuit et l'une des raisons est le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Dans l'une de ses déclarations, le dirigeant russe a déclaré qu'en ce qui concerne les affaires militaires, même après la dissolution de l'URSS et la perte d'une partie considérable de ses capacités, la Russie d'aujourd'hui reste l'un des États nucléaires les plus puissants. Le discours rhétorique de Poutine et de certains dirigeants d'États dotés d'armes nucléaires est la preuve tangible et concrète de la volonté des États nucléaires d'initier une guerre nucléaire » a-t-il fait savoir. Une seule arme nucléaire, selon ce chercheur, peut détruire une ville entière, tuant potentiellement des millions de personnes et mettant en danger l'environnement naturel et la vie des générations futures avec ses effets catastrophiques à long terme.

À la question de savoir quelle contribution qu'apporte une telle étude, Roland Joseph a pris le soin d'énumérer plusieurs éléments. La première contribution de cette thèse, selon ce spécialiste de la paix et de résolution de conflit, est qu'aucune étude antérieure à travers les données évaluées, n'a exploré empiriquement le phénomène de l'expérience des universitaires et des chercheurs interagissant avec des militants anti-nucléaires et des réalistes sur la théorie du « non-Killing. « Cette étude a non seulement comblé ce vide, mais a également donné une voix à la notion de non-Killing au domaine d’études sur la paix et la résolution des conflits à un moment où les armes nucléaires peuvent être utilisées à n’importe quel moment pour détruire la planète.

De plus, c'est la première recherche qui a pris en compte les vues d’un ensemble universitaires et de chercheurs tels que des politologues, des sociologues, des anthropologues, des spécialistes des relations internationales, de sécurité, la paix, de résolution des conflits, des scientifiques, des médecins, etc. évoluant dans le domaine du « nonkilling » autour de la menace liée à l’existence des armes nucléaires », a-t-il poursuivi. Les résultats de cette recherche, a noté Dr. Joseph, peuvent contribuer au développement de modules de formation au non-meurtre dans le contexte du désarmement nucléaire. « Enseigner les valeurs du non-meurtre de la maternelle au collège pourrait aider les gens à prendre conscience du danger des armes nucléaires et à découvrir qu'ils ne sont pas par nature des femmes et des hommes violents » a-t-il conclu.

L'une des recommandations de cette étude selon le Dr. Joseph est la création d'un groupe de travail par les dirigeants du Center for Global Non-Killing (CGNK) dont la mission principale serait d'explorer des solutions liées aux risques d'utilisation des armes nucléaires dans les conflits entre les états possédant ces armes. Les membres de ce groupe de travail, a-t-il indiqué, peuvent être des experts et des militants des comités de recherche sur le « non-killing » et d'autres organisations connexes. « Les membres de ce groupe de travail peuvent aussi élaborer un manuel d'éducation au nonkilling basé sur les armes nucléaires pour sensibiliser et éduquer les gens particulièrement les jeunes sur leurs capacités de nonkilling, et les risques liés aux armes nucléaires », a-t-il ajouté. 

Déjà titulaire d'une licence en sciences politiques, d'une maîtrise en études sur la paix et les conflits de l’Université de Massachusetts Lowell, Roland Joseph est désormais détenteur d'un Ph. D. dans le domaine de résolution et d'analyse des conflits internationaux. Portant sur les défis et les expériences transformatrices de la promotion du non-Killing auprès des militants antinucléaires et des réalistes, sa thèse a été présentée, soutenue et sanctionnée le 21 mars 2023 à Halmos College of Arts and Sciences of Nova Southeastern University, Floride, États-Unis en présence d’un jury composé de quatre membres qui sont : Dr Ismaël Muvingi Ph. D., directeur de thèse, ancien professeur à l'Université Mennonite et professeur de résolution de conflits et d'études africaines au Département d'études et de résolution de conflits à NSU, Dr Elena Bastidas Ph. D, Membre du jury et professeur agrégé à NSU, Dr Robin Cooper Ph. D. membre du jury, professeur et doyen adjoint du Halmos College of Arts and Science of NSU, et Dr Balwant Bhaneja Ph. D. expert en « nonkilling peace », ancien diplomate canadien et ancien chercheur à l'Université d'Ottawa. Le Dr Joseph a remercié tous les membres du jury qualifiant à l'unanimité d’excellence son travail de par sa pertinence, son originalité et sa contribution au domaine d’études de la paix et de la résolution de conflit.

Le Dr Roland Joseph a collaboré depuis environ cinq ans avec le Nonkilling Security and International Relations Research Committee du Center for Global Nonkilling, une ONG accréditée par l'ONU basée à Honolulu et travaillant dans la consolidation de la paix à travers le monde. Il a également travaillé comme teaching assistant (TA) au Département d'études et d'analyse de résolution de conflits à l'Université Nova Southeastern. En tant que jeune chercheur, le Dr Joseph se prépare à postuler dans un programme postdoctoral pour renforcer sa capacité à effectuer des recherches dans le domaine de la résolution des conflits et d’analyse dans le contexte international ou global.

 

Noclès Débréus

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