Triple complicité dans le climax de la criminalité en Haïti

Trois principales catégories de protagonistes sont les architectes du chaos exhibé en Haïti au cours de cette dernière décennie estampée d’un mode de gouvernance médiocratique. Sur la commande sournoise des hypocrites de la communauté internationale, les traîtres fils assoiffés de pouvoir et de l’argent facile se sont alliés avec des oligarques champions de la corruption pour asphyxier les organes vitaux par lesquels la sécurité et le développement devaient coexister.

Les nouveaux pirates qui sont des mercenaires politiques et des brasseurs économiques pondus par les incessantes pratiques d’escroqueries et de capture de l’État (sic. Fritz Jean) n’ont pas d’état d’âme. Jean (2019) cataloguerait de tels ravisseurs qui extorquent les ressources du Trésor public de politiciens entrepreneurs qui auraient profité de fenêtres d’opportunités économiques clandestines au détriment du bien-être collectif. Sans prestige, sans empathie, sans souci pour l’atteinte des objectifs d’inclusion économique et de mobilité sociale, ces opportunistes ne reculent pas devant les négoces souterrains. À preuve, leurs noms sont calligraphiés en caractères gras dans plusieurs scandales de drogue, crimes financiers et crimes de sang.

La poursuite de leur projet électoraliste couplé de leur affairisme déchaîné les a poussés vers un élan égocentrique pour prospérer dans la violence économique et sociale. Ils génèrent d’importants dividendes notamment à partir d’une économie criminelle où riment concussions, surfacturations, plurifacturation, kidnapping et d’autres formes de décapitalisation arbitraire des couches vulnérables. À un moment donné, les receleurs de l’externe sont contraints de les livrer afin de tenter de sauver leur image blasée dans les connivences douteuses. D’où les sanctions du Canada et des États-Unis contre une pléiade d’anciens parlementaires, ministres, Premiers ministres, un ancien président et des hommes d’affaires avec lesquels l’Occident collaborait. Il serait quasiment impossible que les entités d’investigations se soient trompées en révélant les implications malsaines de ces dealers politiques et économiques dans le financement du banditisme ainsi que la distribution d’armes et de munitions dans plusieurs zones défavorisées de la Cité.

 

Actions frauduleuses et silence suicidaire

En vue de s’aligner avec les sanctions internationales, un suivi judiciaire local s’imposait. Ce momentum caractérisé par l’implémentation d’un agenda géopolitique déloyal joue malheureusement en défaveur des victimes des atrocités et des crimes financiers. Rêver de constater la neutralisation de ces barons politiques et économiques dans ce système partial qu’ils ont consolidé consiste à leurrer de voir des joueurs fautifs s’octroyer eux-mêmes un carton rouge.

En effet, les coupables et les responsables de ce gouvernement obscurantiste sont de mèche dans les mêmes rituels criminels. Ariel, Michel, Nenel et Michaël sont des idiots utiles (sic. Lénine) qui se confortent dans le plan macabre de la communauté internationale. Point n’est besoin de détenir le don prophétique de Joseph pour prédire sans risque de se tromper que ce n’est pas sous les ordres de Prophète que les délits et les conflits orchestrés par les familles et alliés détraqués du PHTK vont se débattre par-devant la cour de justice.

À chaque tic-tac de l’horloge, la posture officielle devient de plus en plus un produit crucial pour ces dilapidateurs des fonds publics en quête permanente d’un statut immunitaire qui leur garantirait un fonctionnement en toute impunité. Ainsi, dans la perspective narcissique de surfer au sommet de la sphère publique ad vitam aeternam, ils sont devenus les concepteurs des petits monstres qui ont transformé de nombreux espaces du pays en une véritable jungle. À la recherche d’une bonne image sociale malgré leurs nombreux forfaits, la plupart de ces tonneaux vides tonitruaient dans plusieurs espaces de la presse où ils avaient subrepticement mobilisé des journalistes mercenaires pour les blanchir de leurs actes ignominieux. Parallèlement, le silence de l’intelligentsia probe se révélait suicidaire.

À la fin des fins, c’est en raison du mutisme des templiers vigilants qui devaient assurer la garde des institutions que le pays a été livré à toutes les anomies sociales. À ce stade critique, l’élite dans le sens de Jean Price Mars doit en être indignée pour définitivement s’engager à redresser la barque jusqu’à l’obtention d’un retour à l’équilibre durable. Sinon, l’éclipse d’Haïti de la carte mondiale sera imminente.  

 

La genèse de la collusion compromettante 

Au lendemain du séisme du 12 janvier 2010, un courant de la théorie du développement aurait prévu qu’Haïti allait dessiner à long terme une trajectoire florissante dans la mesure où des aides étrangères massives s’ajoutaient aux coopérations bilatérales et multilatérales déjà existantes (Dalgaard et al., 2004 ; Karras, 2006). Une vue mitigée sinon contradictoire ne souscrirait pas à cette analyse prospective d’une embellie économique à amorcer par le biais d’aides étrangères (Hansen et Tarp, 2000 ; Easterly, 2001, Burnside et Dollar, 2000). Les résultats désastreux connus en Haïti en dépit de la présence active des multiples organismes internationaux confortent le point de vue des farouches opposants de l’aide internationale qui la qualifieraient d’argent versé à des pourceaux.

Ce deuxième courant de pensée sceptique aux effets positifs de l’assistance internationale met surtout en évidence les faiblesses institutionnelles et donc le manque de vision et de leadership des dirigeants des sociétés récipiendaires. D’autres auteurs ont également souligné l’effet inverse des objectifs cachetés dans l’enveloppe de l’aide étrangère en fustigeant l’évasion des capitaux du sud vers le Nord (Mende, 1972). On se souvient de la gestion calamiteuse de la Commission intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) pilotée par l’ancien président américain Bill Clinton. La corruption y faisait rage pendant que la part du lion de l’aide massive soi-disant reçue par Haïti retournait aux USA pour enrichir les firmes et les professionnels américains. 

Les yeux de lynx doivent toujours maintenir la vigilance d’indiquer aux acteurs des programmes de coopération le contenu de la mission pour laquelle ils étaient conçus. Dans les faits, pourquoi l’aide produit rarement des résultats soutenables ? La réponse se trouve dans les incitations du donateur qui ne souhaite pas en toute sincérité que le problème soit résolu. L’idée est similaire dans le contexte des conflits armés. Ceux qui prétendent s’opposer à la guerre investissent plusieurs milliards de dollars dans le commerce juteux de l’armement. Seuls des imbéciles les blanchiraient d’aucune participation active à l’économie criminelle. Le raisonnement est analogue pour le trafic illicite des stupéfiants. L’hypocrisie de la géopolitique moderne est fascinante.

Dans les lentilles de Rist (2001), l’aide au développement serait perçue comme un oxymore en ce sens que deux éléments opposés (aide et développement) se trouvent juxtaposés. Selon Rist, ce sont de préférence des changements structurels dans les modes de vie, les relations sociales, la santé et l’éducation qui désignent les facteurs clés du développement. Cette dernière idée pourrait s’interpréter comme un argumentaire en faveur du paradigme de l’autodétermination. C’est par le biais de programmes favorables au développement endogène que des sociétés ont transformé leur statut de sous-développé à émergent.   

 

La chute a été préméditée

Effectivement, en rêvant une trajectoire économique éblouissante pour Haïti sans l’implémentation de politiques publiques qui garantissent la bonne marche de la société, les analystes trop optimistes avaient failli de prédire le cuisant échec de coordination qui s’ensuivait. En réalité, les aides massives et les montagnes de promesses d’interventions humanitaires après la catastrophe sismique n’avaient accouché que d’une souris. Il en résultait une étonnante débâcle sociétale qui a été initiée par une ingérence étrangère effrénée dans les projets d’envergure au pays. Les élections post-sismiques pour imposer l’imposteur Michel Martelly à la présidence du pays illustrent le cynisme de l’Occident qui prétend encadrer alors qu’il se cache derrière un agenda d’humiliation et d’extermination d’Haïti sur la carte mondiale.

L’OEA, l’ONU et tous les autres organismes internationaux impliqués dans les fraudes et les scandales des scrutins pouvaient certainement en prédire les crises post-électorales. Un trio infernal composé de plénipotentiaires étrangers, de brasseurs politiques et de contrebandiers économiques était de connivence pour concrétiser ce projet macabre de déstabilisation des institutions haïtiennes. La méritocratie a bu la ciguë par cette installation de la bêtise sur le fauteuil le plus prestigieux de la république historique. Elle n’en est pas la seule certes, mais cette balise institutionnelle sautée a été prépondérante dans l’explication de la dégénérescence paroxysmique au pays qui se solde en un niveau surprenant de barbaries et de criminalités.

En plébiscitant de manière frauduleuse un personnage mêlé dans tous les scandales à la magistrature du pays, une fenêtre stratégique a été brisée pour laisser le flanc à toutes les bavures politiques et économiques. Après cette décennie de gabegies et d’inepties sous la domination d’un régime criminel à l’hypophyse de la sphère publique, Haïti s’apparente à un édifice effondré. D’une extrême banalisation des postes politiques qui finit par causer une monstre monocéphalie avant de subir l’acéphalie politique, le vide abyssal a facilité un climat d’insécurité et de criminalité paroxysmique. La triple complicité maléfique (Faux-amis étrangers, traîtres fils et oligarques corrompus) est à l’origine de ce décor systémique désastreux.

Carnage, génocide, guerre civile ; les principaux concepts générateurs de psychose et d’un potentiel naufrage social tendent à se concrétiser. L’élite détient la vocation de sauver Haïti de cette phase critique qui requiert des réflexions et des interventions politiques urgentes.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

 

Références

Easterly, William (2001), The Elusive Quest for Growth : Economists‚ Adventures and Misadventures in the Tropics, The MIT Press, Cambridge ma.

Mende, Tibor, (1972), De l’Aide à la recolonisation, Les leçons d’un échec, Paris, Seuil [format poche 1975].

Rist, Gilbert (1996), Le développement, histoire d’une croyance occidentale (1ere éd. 1996/2e éd.2001), Paris, Presses de Sciences Po.

Jean Fritz Alphonse (2019), Haïti, une économie de violence. Les Editions Pédagogie Nouvelle, S.A.

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