L’Empereur théocratique

Konpatryòt. Frè m ak sè m ayisyen

 

Chaque peuple doit entretenir une foi robuste en son avenir, son progrès continu dans l’espace-temps. Chaque peuple a, sa conception d’une patrie honorée et glorieuse, le droit de vivre dans la dignité et d’accomplir ses destinées, l’esprit du sacrifice en vue du bien-être de la communauté, le droit d’exister libre et souverain. Tous ces idéaux sont connectés et reflétés dans le drapeau qui remémore l’époque héroïque des dures luttes, des souffrances et des joies, et les communs désespoirs des heures sombres, la nécessité politique de l’union morale. Le drapeau est un trésor de bienveillance, de respect et d’amour. Il renferme dans ses plis notre parenté morale et une solidarité fraternelle. Le drapeau est le symbolisme quintessencié de la patrie.

Février 1803. Les Forces occultes qui protégeaient les guerriers de l’Indépendance haïtienne comprenaient le Soleil, Mercure, Vénus, du côté de l’Orient, Mars de notre terre, et Jupiter du côté de l’Occident. C’est Jupiter que les esclaves invoquaient sous le vocable « Hogou Feray ». C’est en l’honneur de Mars que Dessalines ceignit sa tête du foulard rouge et que l’armée des Cacos portait au cou le mouchoir rouge. Trois mois après et le troisième jour de la conférence de l’Arcahaie, le 18 mai 1803, le généralissime Dessalines procéda personnellement, à l’ombre d’un figuier symbolique de la Mort, sur l’habitation Mérotte, à l’enlèvement de la bande blanche du drapeau français et à la couture des bandes rouge et bleue, Jupiter et Mars debout. Cet acte, cette cérémonie, recèle un grand secret de la tradition africaine et prouve que Dessalines fut un initié de tout premier ordre. Le 18 novembre 1803, l’armée française, dans la personne du capitaine général Rochambeau salua notre étendard en se rendant compte du fait que les Forces occultes peuvent se ranger dans le camp de leur choix pour le triomphe de la Justice Divine et les droits imprescriptibles de la famille et de la Cité.

Les Lwa du culte traditionnel parlaient par la bouche de Dessalines, Empereur théocratique, et le rendaient invulnérable. Pendant les combats, ses habits étaient déchirés par les balles, mais ces dernières respectaient son intégrité physique. Avec Dessalines, le drapeau national subira une profonde modification pour représenter plus strictement le Génie protecteur de la race africaine. Le bleu représentant Jupiter, divinité de l’Occidentalisme, fut remplacé par le noir, couleur symbolique du Soleil, de la Reine d’Éthiopie, la Divinité de l’Orientalisme orthodoxe désignée sous le vocable Dam-Bha-Lah. Dambhalah, la Dame porteuse du jeune garçon messie, le serviteur de Dieu. Dans le drapeau de Dessalines, la disposition des bandes d’étoffe demeura verticale. Dessalines, incarnation de Mars, portait toujours sous son bicorne l’emblème sacré du génie de la Guerre.

La force n’est jamais sauvage ni cruelle, quand elle s’applique à l’œuvre de l’évolution humaine. Dessalines, théocrate par excellence, fut un Dieu, le Messie de l’invisible, que les hommes pervers ont abattu. Cet acte constitue un sacrilège, un acte d’ingratitude inouï jeté à la face de l’Invisible dont l’Empereur n’était qu’un médium passif. La mort l’a surpris à un moment où il était dans son état naturel. Assassiné, sa mort devient symbolique de l’influence néfaste de Mars. La théocratie africaine, la caractéristique de l’état social nègre à travers les âges et la plus vieille antiquité, va faire place à la démocratie. Après le régicide du Pont-Rouge, Pétion fonda et consolida sa République. Des changements radicaux, affectant la forme et les traits particuliers, l’essence même du drapeau national, furent apportés. Il redevint bleu et rouge, le comble de l’aberration et du ridicule fut atteint lorsque l’on se mit à répéter que le bleu représente le noir et le rouge, le mulâtre. Le moment actuel et douloureux de notre vie de peuple est propice, pour protester contre ce manquement au respect dû à notre divinité solarienne et contre notre fâcheuse et inconcevable renonciation à notre identité ethnique.

Le drapeau de Pétion est inacceptable à la Collectivité sous-africaine haïtienne puisqu’il représente les couleurs disposées dans le sens horizontal. Au point de vue de l’ésotérisme, les couleurs placées debout ou verticales représentent l’influence diurne ou bénéfique de ces couleurs. Lorque ces couleurs symboliques sont mises dans le sens couché, c’est l’influence nocturne ou maléfique qui est invoquée. Nous, haïtiens, sommes des solariens, hommes et femmes placés sous l’influence diurne. Le blanc lunaire est nocturne. C’est la vérité ésotérique !

Continuons notre introspection dans la vérité historique, pour établir le bien-fondé de nos objections sur le drapeau haïtien actuel. Pour caricaturer le tricolore français, Pétion dessina les Armes de la République agencées en un trophée avec en son milieu, le tronc de l’Arbre supposé de la Liberté. Pétion, par ce drapeau-symbole, remit Haïti sous l’influence occulte du Colon. Nous voulons bien croire que Pétion ne se doutait pas que, par l’aspersion du sang de l’Empereur et le drapeau tricolore couché ou négatif, il vouait sa République et toutes celles qui viendraient après, aux forces des Ténèbres. Depuis la fondation de cette première République dans le sang jusqu’à ce jour, ce drapeau a couvert la nation d’une influence nocive, l’entraîne de haine en haine, ruines en ruines, humiliations en humiliations. Le démon ayant bu le sang du Pont-Rouge, toujours insatiable, se cache dans les plis du bicolore bleu et rouge. Il avait réclamé du sang pour l’instauration de la République et réclame aujourd’hui encore et toujours du sang, pour la perpétuer. L’Occupation américaine de 1915 a dû lui offrir encore plus de sang. La République de Borno fut l’apogée de la politique de Pétion.

Rappelons pour l’Histoire et la vérité que la Constitution impériale de 1805 dans son article 20 a figé les couleurs et la disposition du drapeau d’Haïti pour le temps et l’éternité de Dieu. L’article 20 dit : — Les couleurs nationales sont noires et rouges. Il est temps pour NOUS d’arrêter nos divagations sur les couleurs du vrai drapeau de la nation. Nous sommes autant dispersés quant aux couleurs de notre drapeau que dans la nécessité d’une vision commune pour le bien de la nation.

NOUS Haïtiens ! NOUS  Haïtiennes ! NOUS dispersés ! À supposer qu’une hétérogénéité ancestrale soit la cause de tant de tiraillements et du manque de solidarité sociale et nationale, situation gravissime qui atteint aujourd’hui un paroxysme effroyable dans l’incapacité de toutes nos élites politiques, intellectuelles, financières, religieuses et j’en passe… à se mettre ensemble pour regarder vers le même port, ramener notre bateau national au gouvernail perdu, au mât cassé, il est triste de constater l’impuissance de la Grande Majorité nationale à casser les chaînes de toutes ses aliénations, mete pye l atè et reprendre sa destinée en main.                  

La haine entre frères et sœurs sous un même drapeau est, une maladie de la nation, un mal pouvant amener la disparition de la nation et du pays, si elle s’aggrave, se prolonge. Notre patrie peut périr par la main de ses fils et filles, de ses haines violentes, ses grands déchirements intérieurs, aboutissant à la disparition de Haïti. Notre patrie, Haïti, est profondément atteinte, en danger de mourir d’un mal graduel, lent, mais sûr : la désunion des citoyens ! Nous avons perdu tout sentiment d’estime et d’affection réciproque ! Il ne peut y avoir de patrie, là où il n’y a plus de fraternité, où les Haïtiens et Haïtiennes n’éprouvent plus le besoin d’être bons et justes, en un seul mot, humain les uns à l’égard des autres. 

Les tourments du peuple haïtien viennent de notre manque d’amour pour nous-mêmes, de notre incapacité à constituer le NOUS libérateur, seule planche de salut qui s’offre à l’Ère du Verseau, l’ère des vérités révélées. Nous sommes une société minée d’intolérances incrustées dans nos cellules qui gardent la mémoire de l’esclavage. La question est délicate, difficile, grave ! Nous sommes porteurs de rancunes historiques qui nous rongent et exacerbent nos sentiments de rejet de toutes les composantes hétéroclites de notre être. Notre collectivité pullule de gens radicalement hostiles à l’avènement de l’affranchissement mental devant conduire à la vraie libération. L’un des aspects de nos incapacités est notre refus identitaire. Tout autant que nous continuerons à nourrir des cultures diamétralement opposées à nos croyances ancestrales, nos dipositions mentales naturelles programmées, et à notre mode d’évolution raciale, nous serons des aliénés à la traîne des autres.

Comment résoudre nos problèmes de différences épidermiques, d’appartenance sociale ? Comment résoudre nos problèmes d’aliénations mentales ?

La Nature élémentaire solutionne la première question sans équivoque. Les animaux de même espèce ne s’attardent pas sur leur différence pour s’entre-haïr. L’Homme, le vèditè, Être supérieur dominateur de la Terre, l’être haïtien plus précisément devrait avoir autant de bon sens pour raisonner et trouver la solution à nos antécédances raciales plurielles en suivant le conseil de Ernest Renan : « Évitez ce qui divise. Nous entrons dans une période de fortes épreuves ; la froideur du jugement est nécessaire en telles circonstances. Que tous s’efforcent de n’écouter que la raison et le sentiment du devoir. » Du brassage ethnique de Saint-Domingue sont venus des individus au sang mélangé, à couleur de peau variant selon le niveau de métissage. Nous ne devons pas avoir de NWA. WOUJ. BLAN. NOIR ou MULÂTRE. Nèg anwo. Nèg anba. Pitit Dessalines. Pitit Pétion. NOUS haïtiens, souffrons encore dans notre sang et notre chair des affres de la colonisation, de question de race, de couleur, de pouvoir ou de richesses. Nous ne devons pas avoir des Haïtiens nègres, des Haïtiens mulâtres, des Haïtiens blancs, nous devons être uniquement des Haïtiens qui n’écoutent que la raison et le sentiment du devoir vis-à-vis de la Collectivité, de la Patrie. La Patrie a vu de grands Haïtiens, nègres ou mulâtres, voire des blancs servir la cause haïtienne de tout cœur et avec toute leur âme. De même, on a vu des Haïtiens nègres et mulâtres, se constituer en traîtres de La Patrie. La couleur de l’épiderme de l’haïtien n’est pas un indicatif de la couleur de son cœur puisque le nombril des hommes et des femmes à la peau noire parvenus au pouvoir se gonfle à la démesure d’une montagne qui les empêche de voir au-delà de leur bedaine, d’entendre les gémissements, les plaintes et les cris de leurs frères pourtant si proches de leur gargote.

 

La question de couleur, fondement du système esclavagiste, a toujours été le cheval de bataille préféré des affairistes politiques pour diviser la nation, prendre et  conserver le pouvoir et la plus grande part du gâteau national. Pourtant, nos ancêtres, nonobstant la couleur de leur peau, se sont mis ensemble, par des sacrifices et dans la douleur, pour nous léguer une patrie. Si aujourd’hui, des politiciens et des énergumènes se taxant d’intellectuels s’évertuent à galvauder un acte aussi élevé qu’historique, c’est qu’ils n’ont jamais compris et ne comprendront jamais la dimension sociale, spirituelle et politique de ces Hommes et Femmes d’airain que furent les fondateurs de la patrie.

 

Quant à nos aliénations mentales ! Les croyances et les perceptions résultent souvent de l’accumulation de tout ce qui a été inculqué depuis l’enfance, sans que le sujet n’ait jamais eu la possibilité ni la liberté de choisir sa propre voie. La quête de la vérité passe très souvent par une forme de contestation et de rébellion contre l’éducation religieuse, académique, traditionnelle, pour atteindre l’affirmation de soi et la découverte de son être profond, contre l’établi sociétal et le joug des puissants.

 

L’esprit assujetti aux prescriptions annihilantes infusées par le colonialisme gît toujours en nous, dans le tréfond de notre conscience collective imparfaitement affranchie. Ainsi, nous n’avons point de volonté pour dépasser notre égocentrisme et mettre la Nation en premier. Au bout du compte, il est évident que toute la société haïtienne demeure prisonnière d’un comportement relevant d’une ambivalence génératrice d’inauthenticité, de mensonges, de mentalité distordue, d’anarchie chronique, de chaos mortifère. Nous sommes aujourd’hui en présence d’un piège séculaire envenimé par un sentiment de non-appartenance à une seule nation, se renouvelant au gré de nos vicissitudes et de nos tares. Nou gen yon pye anndan, yon pye deyò ! Il n’est pas étonnant qu’au bout de deux siècles d’avanies, la fabuleuse épopée de 1804 ait perdu de sa force lumineuse. Il n’est pas étonnant non plus que les prédateurs d’hier, colonialistes et esclavagistes, soient revenus comme de vils charognards sur les carcasses d’une terre moribonde. Ils fonctionnent dans la logique horrible du double jeu, avec une main tendue et l’autre refermée comme un poing d’acier.

 

Glorieusement, nous, haïtiens, avons chassé les prédateurs. Mais, malheureusement, nous n’avons pas su garder leur esprit de création, d’organisation, de réalisation. Nous avons préféré idiotement reproduire les horreurs et les aberrations du système colonial français. L’éducation est la seule porte de sortie aux maux qui rongent la société haïtienne. Aussi longtemps que toutes nos élites et nos gouvernements successifs gardent le peuple dans une ignorance commanditée, une misère entretenue, nous continuerons à produire les comportements suicidaires caractéristiques d’un groupement anonyme d’individus sans sentiment d’appartenance et dépourvus de dignité.  Aujourd’hui s’impose une vulgarisation de nos origines et antécédents pour expliquer l’importance d’une fusion réelle des cellules de la mémoire haïtienne, car un peuple ne sachant pas d’où il vient ne connaîtra pas les limites imposées aux rêves qu’il ne formulera jamais.

 

1803-2023. La désintégration des structures étatiques a entraîné la généralisation de l’individualisme, de l’égocentrisme, du « chak koukouy klere pou twou je l », l’effondrement de l’État, la prolifération des organisations non gouvernementales, le terrorisme, l’anarchie, l’anéantissement de la souveraineté nationale, le total délabrement de l’environnement et finalement l’évaporation de l’âme haïtienne dans le champ du néant. Rappelons-nous que c’est dans une dimension humaine de dépassement de soi, que nos aïeux, transcendant tous les éléments qui pourraient les empêcher de s’unir, se sont réunis au Congrès de l’Arcahaie pour donner naissance, par la création du bicolore, à cette nouvelle nation, symbole mondial de la Liberté.

Peuple haïtien, en ce 18 mai 2023, notre souffrance commune unit plus que la joie. Les deuils ont mieux réussi à nous réveiller de notre zombification collective que nos réminiscences historiques, car ils commandent l’effort commun et imposent des devoirs. Aujourd’hui, au bout de notre chute, nan tobout la, nous voulons et devons reprendre notre place de gloire parmi les nations. Mais, l’homme, le vèditè, par lui seul ne peut grand-chose. Un peuple doit être la manifestation humaine du Génie qui veille à sa destinée. Pour conduire et inspirer une collectivité quelconque, il faut que les représentants de ce peuple, ses hommes et femmes de pouvoir,  soient en harmonie avec le Génie national pour guider le peuple selon le vœu du Génie : nou pa pitimi san gadò !

Les détenteurs du pouvoir, doivent, pour sortir Haïti de l’impasse, nécessairement lier pacte avec le Dieu Tout-Puissant, les Grands Invisibles, les Gardiens de la Race, le Génie manifesté dans l’Égrégore subconscient collectif du peuple afin que, les mains haïtiennes cessent de se séparer, les cœurs de se diviser, les volontés de se combattre, pour que l’union vraie qui fait la force soit réelle et sincère. NOUS devons prendre la responsabilité d’être les ouvriers des Forces occultes représentant tous les éléments ayant lutté pour réaliser l’Épopée de 1804. NOUS devons êtres auteurs et acteurs de notre destinée de peuple.

Ayiti de tous les impossibles va étonner le monde.  

Vive le bicolore de Jacques 1er ! Vive Haïti !

Devant !

 

Savannah Savary

savannahsavary@yahoo.com

(509) 3649 5737

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