La prise qui a suscité la stupide crise et le sarcasme du Massacre

En des manœuvres ingénieuses, Haïti a déjà triomphé face à une armée française emmenée par « l’invincible » Napoléon Bonaparte et garnie jusqu’aux dents de munitions et d’armes de grands calibres. Par la vertu de notre union génératrice d’œuvres mystérieuses, ce n’est pas un vilain Dominicain qui ne fait que cracher sur le cachet légendaire de la république historique qui anéantira la partie emblématique de l’Ile.  À titre d’antidote au poison Abinaderiste, le « virus » de la souveraineté a été propagé pour arroser notre gazon, redorer notre blason et pour nous relever la face devant cette farouche stupidité du mesquin voisin dominicain.

 

Conflit inutile, polémique stérile, faux délit dans un « banal canal », le président bancal a vendu sur la toile et à la Tribune de l’ONU un factice délicat cas. Pour une rare fois depuis toute une décennie d’ineptie et de gabegie dans une ignoble médiocratie, même le régime politique cynique dont les dilapidations huilent l’économie voisine était monté au créneau pour se mettre du côté d’Haïti. Probablement dans l’hypocrisie, car stratégie de sauvetage obligeait puisque le PHTK sait que le KPK et le BK sont logés à la même enseigne. De la parole aux actes, le peuple attendrait concrètement les inputs d’Ariel et des espiègles opportunistes dans son sillage pour s’impliquer dans les canaux, la mer et les rivières afin de faciliter la relance de la production nationale.

Le constat est que les supports techniques et financiers affluent en provenance locale et internationale, avec la contribution de fondations, organisations, professionnels, groupes musicaux, artistes, etc. pour finaliser ce canal. Par contre, il manque toujours les matériels substantiels et les appuis financiers du gouvernement et des coopérations internationales « dites de développement » pour fouiller de multiples canaux de sortie de la pauvreté au profit d’Haïti. Si vous n’êtes pas de « faux amis », OI et ONG, à vos marques ! Haïti est une terre fertile à divers types de production. Il ne fait aucun sens que ce beau pays de l’Hémisphère occidental dépende de plusieurs produits « débris » de la République dominicaine pour assurer sa subsistance.

 

Le déclic, par le canal

Le canal représente pour le peuple d’Haïti ce que la mer Rouge a été pour le peuple d’Israël. À travers la mer Rouge, l’Israël avait pris la fuite salvatrice pour échapper à la fournaise ardente de l’esclavage monstrueux conçu par les Pharaons d’Égypte. Plausiblement, c’est par un Canal qu’Haïti saura frayer le chemin de la fin de sa dépendance alimentaire vis-à-vis d’un voisin contrebandier qui la déprime en la bombardant de produits pourris, périmés, de précaire qualité. Moïse au siècle passé, Wideline Pierre au siècle présent. L’ancienne directrice départementale du ministère de l'Environnement dans le Nord-Est a fait preuve d’un sens poussé de leadership en prenant son bâton mosaïque pour dénoncer les injustices dominicaines. Haïti peut s’enorgueillir de procréer une digne fille aux chromosomes de Toussaint qui sait tenir la véhémente plaidoirie d’encadrer les paysans dans leurs initiatives de production agricole.

Cet élan patriotique et de solidarité canalisé dans un service communautaire non marchandé devrait instiguer à bloquer cet échange commercial « Salami » à sens unique. Plus qu’un simple mouvement de boycottage des produits dominicains, Haïti devrait marquer un retour à la source en privilégiant des produits biologiques dans les assiettes de ses enfants. Il faudra regagner notre autonomie en réactivant entre autres les projets de la mise en valeur des produits typiques d’Haïti au sein des différents départements. Il y va de notre autonomie, de notre santé et de notre espérance de vie.

Le canal du Massacre, souhaite-t-on, consacre la fin d’une sécheresse citoyenne prolongée pour ouvrir une brèche hydraulique vers la reconquête de cette fierté identitaire suscitée par une histoire glorieuse qui a enfanté la trilogie « liberté, égalité, fraternité ». La conscience citoyenne arrosée d’une eau aux arômes d’eucalyptus, notre magnanime devise, a été récupérée dans une utopique synchronie. « L’Union fait la force » tant vassalisée au cours des dernières années dans un mixage corruption effrénée des gouvernants et léthargie des gouvernés, a été ressuscitée dans une onction multicolore.

Protestants et vodouisants, chrétiens et païens, pasteurs et hougans, tous ont été magnétisés dans une synergie catholique pour converger vers un projet rassembleur aux effets multiplicateurs sur le plan des émotions, des aspirations et des inspirations. Cette mouvance engendrée par le canal agricole rappelle qu’Haïti est une nation souveraine capable de tracer des routes salutaires pour conduire ses habitants vers des eaux paisibles. Constituant un faisceau convergent, paysans, citadins, techniciens, politiciens, compatriotes d’ici et d’ailleurs, du terroir et de la diaspora se regroupent pour déstabiliser les idées génocidaires de l’un des derniers néo-nazistes. Jamais projet n’a détenu un tel cachet unificateur tout au moins au cours de la dernière décennie.

Par ce Canal, Haïti a saisi l’opportunité de nettoyer les pensées pessimistes de ceux qui avaient perdu l’espoir dans le changement de direction du pays. En famille, des linges sales ont été lavés pour apporter une réponse ferme au président indécent qui veut tout rafler dans un commerce bilatéral unilatéral qui viole les principes du Fairtrade international promu par l’OMC. Les eaux douces de cette prise initiale au canal limitrophe détiennent la promesse de restaurer l’âme de la production nationale pour nous faire reposer dans de verts pâturages.

 

La boulimie suffocante

Tandis qu’ils ont déjà creusé onze canaux d’irrigation pour huiler leur production agricole, ils s’opposent au seul canal que des paysans du Ouanaminthe s’évertuaient à ériger pour défier la sécheresse de la terre arable dans la région du Nord -Est. Cette gourmandise égocentrique a fini par les suffoquer dans une énorme perte des produits agricoles qui ne sont pas nécessairement qualifiés pour être consommés à d’autres pays de la région. Répercussion néfaste du vide politique abyssal, Haïti souffre d’une gouvernance piètre inapte à défendre les intérêts collectifs. Le pays est dépourvu de passoire institutionnelle pour chasser les scories et trier les bons grains des ivraies. C’est sans détour que les traités de 1929 et plus récemment en 2021 procurent le droit aux deux pays limitrophes de percer des prises du Canal Dajabón sans causer des déviations du cours d’eau. Pourtant, Luis Abinader conçoit que les Dominicains devraient être les seuls héritiers de cette ressource naturelle disponible aux deux peuples.

En brandissant cette carte cavalière de la fermeture de la frontière, Luis Abinader a juste badiné avec un poste officiel qui requiert maturité politique et diplomatique. Auto-expulsion sur l’échiquier de la modernité qui requiert respect mutuel, Abinader a fait les frais d’un arbitrage condescendant. Effet boomerang, les résultats économiques et politiques vont dans le sens contraire aux prédictions escomptées au travers des lentilles brouillées de Luis Abinader. Par l’imperturbable résilience qui les caractérise, les Haïtiens ont pris du poil de la bête.  Luis Abinader a mis de l’eau à notre moulin en nous offrant gratuitement, contre son gré, de la matière consistante pour produire des réflexions vers la reprise de notre souveraineté alimentaire.

Même pour les Dominicains équilibrés, cette décision fasciste d’empêcher la construction du canal et de cesser les relations commerciales de la République dominicaine avec Haïti est perçue comme un cyclone qui ravage la sève et les racines de l’amitié binationale. Ceux qui prônent la paix et la justice sociale y voient une hypothèque à la réélection de ce néo-naziste bouché par la myopie de gagner sans respecter l’éthique des moyens. Bandé à un rendez-vous manqué, Abibi a souffert d’un priapisme tout en pissant dans son pantalon. Abinader mobilisait déjà ses troupes, chars, missiles, hélicoptères et avions de guerre.

Définitivement, il existe de ces faux belliqueux « aux dents pourries » qui savent s’évertuer pour créer des vacarmes et transformer de simples peccadilles en des conflits de taille. Au-delà du KPK, Haïti devrait saisir cette fascinante opportunité pour sortir de sa léthargie et braquer le projecteur sur ses produits biologiques et touristiques.

 

Abinader a gagné au qui perd gagne

Le pont commercial entre acheteur unique et vendeur exclusif a été coupé dans une arrogance monopolistique, sans conteste au détriment du vendeur. Dans un ramassis de denrées alimentaires non inspectées, les commerçants dominicains amassent des millions de dollars mensuellement en Haïti. En contrôlant la qualité de nos diètes alimentaires, le contenu des matériaux de construction ainsi qu’une bonne partie des médicaments de nos patients, ces opportunistes de l’autre côté de l’ile peuvent nous briser, nous intoxiquer et nous anéantir dans un massacre à petit feu. Sur le plan sanitaire et économique, c’est enfin la victime qui est sortie gagnante de ce déséquilibre soudain créé par cette régulation frontalière déréglée d’un dégénéré au pouvoir. À l’avantage d’Haïti, une pause comestible a été exigée dans la consommation des produits périssables indigestibles et peu nutritifs en provenance de la RD. De tels produits échappés au contrôle de qualité et de protection du consommateur sont susceptibles de fragiliser et de faire périr des vies haïtiennes.

Énorme gaspillage pour les agriculteurs et commerçants dominicains, cette maladresse présidentielle coûte cher aux mandants d’Abinader puisqu’un pourcentage substantiel des produits dominicains, d’ailleurs de mauvaise qualité, sont écoulés sur le marché haïtien. La balance commerciale entre Haïti et la République dominicaine est amplement déficitaire ; c’est la République dominicaine qui bénéficie de cet échange quasiment unidirectionnel. Pour plusieurs raisons, Haïti devrait s’atteler à se faire de nouveaux amis commerciaux. Les esprits exigus étant souvent revanchards, dans son inimitié, on ne peut jamais savoir quel coup mortel Abinader peut nous infliger. Gardons la frontière fermée ; tant mieux pour Haïti.

Le KPK est aujourd’hui un paradigme qui va au-delà de l’expression de la croisade « Kanal la Pap Kanpe ». Il devrait être un mode de vie citoyen qui interpelle à une prise en charge de notre destin de peuple. Si la chute du BK a causé une radicalisation de la méchanceté des bandits qui squattérisent et bouchent les artères économiques, la chute du KPK aurait engendré pareils résultats. Haïti doit cesser de reproduire les mêmes erreurs. Des déficits dominicains provoqués par l’arrêt des échanges commerciaux, ce sont les Haïtiens qui en pâtiront si des dispositions drastiques ne sont prises pour empêcher sur le marché haïtien l’écoulement massif de salamis, de fruits avariés, de viandes expirées, d’œufs pourris, etc.

 

Au nom de la fraternité dans la sincérité, nous pouvons évidemment manger chez un voisin. Cependant, en laissant nos estomacs sur le compte d’un voisin haineux, nous encourrons le risque de nous faire intoxiquer. Puissent les entités concernées, MCI, MSPP, MARNDR, etc., jouer leurs rôles de vigie pour garantir la qualité des biens reçus de la RD. Quelle est cette affaire de « Made exclusively for Haïti ? ». Serait-ce pour grossir des cochons ? Le bon sens en est atterré !

Tant sur le plan diplomatique qu’économique, le président cynique Luis Abinader a offert dans son complexe de fausse supériorité une victoire sur un plateau d’argent à Haïti. Effet boomerang, le président dominicain s’est arraché les molaires et les canines en édictant de manière hautaine l’interruption des échanges commerciaux entre ces deux voisins souvent à couteaux tirés, mais dans une bataille à sens unique. Si les Haïtiens se distinguent par leur hospitalité, les Dominicains tirent souvent sur une corde de discorde pour exposer leur haine envers les Haïtiens.

L’émotion patriotique revivifiée par cette polémique hydraulique devrait huiler notre conscience citoyenne pour faire couler de nouvelles eaux dans cette source de fierté identitaire trop longtemps desséchée. Au-delà du Canal, en route vers la mise en valeur des potentiels agricoles et touristiques d’Haïti !

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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