Vivants, visiter vos défunts pour rendre leurs mémoires bien vivantes

« Le cimetière est l’endroit où les familles se souviennent et où la mémoire des défunts est bien vivante. Le rituel du deuil et la sépulture des morts occupent une place de choix dans les traditions de l’homme, et ce, depuis la nuit des temps. » Et c’est, malheureusement, cette universalité qui, avec une certaine croyance religieuse, a tendance à disparaitre en Haïti.

Dans l’Haïti d’aujourd’hui, les croyants comme les non-croyants, ils sont, impuissamment, témoins de tant de vies gaspillées en quelques minutes. Tant de rêves assassinés dans un pays où la mort s’éternise au quotidien. Tant de vies sont fauchées, déroutées par les balles des vauriens et les griffes maléfiques des vautours et des bandits en fonction dans les labyrinthes d’une transition démocratique qui n’en finit pas. 

Dans ce processus de gouverner par le chaos, la peur en Haïti, c’est cette peur qui, au quotidien, trouble le sommeil de plus d’un. Au point de poser cette question à savoir: qui veille sur les habitants de ce  pays.

Vu ce qui se passe dans les églises protestantes ces derniers mois, à mon humble avis, il semblerait que même L’Eternel des années ne garde pas sur Haïti. De toute façon, le chrétien a une foi inébranlable dans ce verset biblique à savoir:  « Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. Si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde, veille en vain » peut on lire dans lire Psaumes 127: 1 

En attendant que les dieux tutélaires de la nation puissent retourner de veiller sur ce pays, et enfin, trouver un dirigeant responsable et compétent qui soit capable de tacler le problème de l’insécurité généralisée, il n’est pas facile de vivre dans ce pays. Dans un pays sans autorités où les vivants, vivent difficilement l’absence de leurs proches qui, malheureusement, avaient été assassinés dans les brigandages des gangs armés à la solde d’un État voyou. 

De cet État en mauvais état de pourrissement, la stratégie des autorités est de passer plus de temps au pouvoir pour que finalement elles puissent jouir pleinement tous les privilèges et tirer suffisamment de profit dans un pays appauvri par une oligarchie locale et internationale rapace. 

Même là encore, dans ce pays sans un capitaine à bord, l’haïtien fait face à un autre problème qui rend leur relation de communication spirituelle au quotidien avec leur défunt beaucoup plus difficile. C’est cette tendance qui veut faire croire que les chrétiens protestants ne doivent pas aller visiter la tombe de leur personne décédée.  Et cette forme d’évangélisation qui zombifie trouve son fondement dans Luc 9 v 60 où Jesus a dit: “Laisser les morts ensevelis leurs morts, et toi, va annoncer le royaume de Dieu.” 

Chercher à comprendre cette déclaration de l’homme de Nazareth, c’est aussi chercher à comprendre la douleur de tous ceux et de toutes celles qui ont perdu des proches et quel que soit le pays ou les circonstances.

C’est d’abord fait le dépassement pour essayer de comprendre, pendant qu’il en est temps, ceux qui sont jusqu’à présent incompréhensibles, même par l’individu le plus intelligent ou le plus sage, dans un monde injustement fait de confusion et d’inégalités de toutes sortes.

C’est définitivement se poser, bien sûr, cette pertinente question, à savoir pourquoi la mort, particulièrement la perte d’un être cher sous les yeux impuissants de ceux qui l’aime? Pourquoi tant de peine? Tant de tristesse? Tant de gens qui souffrent dans un monde égoïstement méchant. 

Face à tous ses questionnements, bien entendu, sans réponses, c’est aussi chercher à apprendre pour ne pas comprendre comment fait on pour vivre dans un monde de confusion où les vivants vivent difficilement l’absence de leurs proches qui dans bien des cas sont partis trop tôt. Malheureusement toujours bien trop tôt.  

C’est aussi chercher à comprendre la déclaration de Jésus qui, à mon humble avis, semble être contraire aux actes ou annonces révélatrices des braves femmes qui s’étaient rendues sur la tombe de ce dernier.

La déclaration qui veut faire quoi de laisser les morts ensevelis leurs morts avait-elle une autre signification pour celui qui, durant tout son ministère, aime utiliser des paraboles pour enseigner sa doctrine du christianisme? Ou, est-elle, aujourd’hui, dans une compréhension de mot à mot, mal interprété par les pasteurs contemporains? 

Puisque, c’était en visitant le tombeau de Jésus le dimanche matin que les femmes avaient pu remarquer que la pierre était roulée et que le Sauveur qui était immolé sur la colline et enterré le vendredi avant le Sabbat n’était pas dans la sépulture. 

Dans leur texte, les femmes qui suivirent Jesus depuis Galilée, Lani et John Hilton écrivent que:“Pensez à la profonde tristesse que ces femmes ont ressentie devant le Sauveur souffrant sur la croix. Nous avons tous des moments où nos êtres chers vivent une tragédie et où nous sommes impuissants à faire quoi que ce soit. Ces femmes près de la croix ne pouvaient pas changer la situation, mais elles sont restées auprès du Sauveur pendant ses souffrances extrêmes. Leur exemple nous montre qu’une manière de ‘pleurer avec ceux qui pleurent »’ (Mosiah 18:9) est simplement d’être avec ceux qui souffrent. »

Selon la bible, les braves femmes aimaient Jésus. Et Jésus les aimait aussi d’un amour incommensurable. Et c’était, définitivement, cet amour réciproque qui poussait les femmes à aller sur la tombe du fils de l’homme pour finalement se rendre compte qu’elle était vide.  Donc, comment pouvait-on les demander de ne pas aller sur la tombe d’un être qu’elles aimaient? Comment de ne pas se rendre visite? C’était la tombe du Messie.

Ne serait-ce pas de l’ingratitude de ne pas rendre même une toute petite visite sur la tombe de ce bienfaiteur? Celui qui savait donner abondamment à manger à toute une multitude.  Celui qui  guérissait les malades. Celui qui ressuscitait les morts. 

Il n’est point ici, il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, peut on lire dans la version de Louis Second du livre de Matthieu 28 v 6. 

Toujours selon le texte de Lani et de John Hilton ‘Les femmes ‘se ressouvinrent des paroles de Jésus’ et ‘elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres’ (Luc 24:8-9)

L’apôtre Jean nous dit que Marie de Magdala était la première personne à voir le Sauveur ressuscité (voir Jean 20:11-17). C’est certainement remarquable quand on se souvient que Luc a rapporté que, plus tôt dans sa vie, Marie avait été possédée par ‘sept démons’ (Luc 8:2). Peut-être, voyons-nous en cela que d’une situation difficile, Marie est devenue la première personne à être témoin de la résurrection du Christ.

Donc comment aurait-elle vu que le tombeau était vide si elle n’était pas allée sur le lieu, là où était enterré l’être aimé.  Autant de questions pour autant de réponses.

En attendant de trouver une réponse à toutes ces questions, une chose est certaine.  Dans l’après-midi du vendredi, les femmes étaient présentes sur les lieux de crucifixion. Et le dimanche matin, elles y étaient aussi sur les lieux de résurrection.

Chrétiens contemporains, visitez vos proches dans les cimetières. 1er et 2 novembre, allez, apportez des fleurs et parlez a vos proches.     

Si les morts doivent ensevelir les morts, vous, vous n’êtes pas encore morts. S’il n’est pas facile de vivre dans un pays où les vivants vivent difficilement l’absence de leurs proches, à chaque fois que l’occasion vous est présentée, allez sur la tombe d’un proche.  

Les femmes étaient allées sur la tombe de Jesus par ce que tout simplement, elles l’aimaient.  Ils les faisaient du bien. Donc, allez, visitez la tombe de ceux et de toutes celles que vous aimés et qui vous ont fait du bien.  

À rappeler: même le plus beau message délivré d’un grand évangéliste ou d’un plus éloquent orateur de tous les temps, il n’est autre qu’une simple interprétation des versets bibliques. Surtout les paraboles de Jesus Christ.  Et cette interprétation est le plus souvent basée sur des connaissances académiques et expériences personnelles.  On ne donne pas ce qu’on n’a pas.  Le messager peut toujours vous dire qu’il est inspiré du Saint-Esprit. Qui sait?

 

Oh Haïti! ‘Mon peuple meurt faute de connaissance », (Osée 4 v 6).

 

Esau Jean-Baptiste

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