Cataclysme : le prix du sophisme politique

« Mon peuple périt, faute de connaissance… (Osée 4 :6) ». Par analogie, Haïti meurt, faute de conscience de l’élite à s’approprier l’évidence de la causalité de la politique sur la stabilité et le développement. « Si les justes se taisent, les pierres crieront ». La nature ayant horreur du vide ; puisque les citoyens compétents et honnêtes étaient réticents à s’immiscer dans l’arène politique pour y remplir les fonctions sacrées consistant à fournir des services d’éducation et de santé au profit de la collectivité, les nuls et les mules avaient envahi la sphère publique. N’est-ce pas que des sénateurs inutiles et de connivence dans le kidnapping en ont fait des aveux ? Yes Aya ! « Les salops ont mis le feu au paradis » !

La chorégraphie dramatique de la république emblématique a été sciemment concoctée par une intrusion criminelle internationale qui a consolidé une instauration officielle du banditisme au sommet de l’État. La dialectique et la maïeutique auraient été les seules armes à brandir pour empêcher ce tableau lugubre dépeint par des crapules. Malheureusement, par lâcheté ou inconscience, les institutions de vigie avaient brillé par leur cécité et leur mutisme, taisant la plaidoirie de la « Vocation de l’élite » tenue par Jean P. Mars. Recevant une onction démoniaque, la bêtise s’était confortablement installée aux axes politiques avant de défiler graduellement dans une fière allure sur le sentier apocalyptique.

Règne de mascarade politique et de débandade institutionnelle, les contrebandiers économiques ont pris du poil de la bête. De multiples noms de famille autrefois « honorables » étaient salis dans le vol, la drogue, le kidnapping. Le poisson pourrit par la tête. À la faveur de cette médiocratie rancie, les narcotrafiquants et les trafiquants d’armes illégales étaient tranquilles à entreprendre leurs négoces souterrains. Les balises ont été sautées au cours de cette voyoucratie qui a coiffé de véreux dealers au contrôle des boutons stratégiques des institutions régaliennes. Sous la farouche domination de ce régime malicieux, la corruption se déclinait en tout temps et en tous lieux, à tout âge, entre père, fils, Saint-Rémy et alliés, sans contraintes légales.

Un quinquennat étant trop éphémère, la gourmandise effrénée de ces exterminateurs des ressources publiques avait commandé des manœuvres maléfiques avec la perspective de surfer dans la bulle officielle ad vitam aeternam. La paix sociale en a été perturbée par l’expansion d’une palanquée de petits monstres des rues, à la solde d’une présidence aveugle qui ignore le revers du phénomène de la créature monstrueuse de Frankenstein.

 

Traîtres fils internes

Sans conteste, c’est la société entière, particulièrement les couches les plus vulnérables qui paient le pot cassé de cette connivence du gouvernement avec des milices garnis de fusils de tous les calibres. Cependant, le concepteur des monstres non plus n’est pas épargné de la cacophonie émanant d’une telle pratique guidée par la démence de la raison. En des poussées diaboliques provenant des cyniques parrains conseillers des animaux de la jungle, un haut représentant du tableau sinistre - moins habile dans le jeu de la mafia - a été ignoblement assassiné, dans sa propre résidence, sous les yeux complices de sa dulcinée et de ses « bodyguards ». Pas une balle de pétée ni un pété dans un coton des gardes du corps devant servir de bouclier pour exprimer « solidarity » au président autoproclamé Apredye.

Récemment, une autre tête de mule encore plus têtu que l’Apredye, a été forcé à un exil involontaire, clairement par ses propres criminels protégés qui l’ont mordu de travers. Lui qui était borné dans une monomanie de monocéphalie pour diriger en seul roi, il a été éjecté tout en étant contraint de vanter la beauté de la bicéphalie proposée depuis fort longtemps par des réflexions politiques approfondies. S’il acceptait de faire des concessions, il en sortirait grandi en prouvant de placer Haïti au premier plan. Malgré leur âge convergeant vers la tombe, ces êtres aux chromosomes déformés par l’arrivisme que par l’hégémonie en soi, n’ont pas su éviter la poubelle de l’histoire. Probablement, la femme de Leslie pour sa part aurait été frappée par une hébétude. Sinon, comment aurait-elle gardé ce silence sépulcral face au désastre actuel ? Incroyable ! 

La société est tellement impatiente de vivre le sort misérable du principal concepteur, persona non grata à tellement de cercles artistiques. On garde en mémoire que c’était en des sarcasmes et des vacarmes conçus par des citoyens indignés de la diaspora que Matala s’empressait de quitter certains lieux pour sauver sa peau. Sarah Poisson en avait montré le chemin. Un Michaël machiavélique qui avait distribué les toutes premières manches longues au sein des territoires « perdus » pour assouvir ses causes électoralistes. Aujourd’hui, « Nou Kontan, Yo Fache », le lead vocal de la dérision sociétale passe d’une verbomanie maladive à un mutisme insolite. Si ce ne sont quelques interventions sporadiques à une prestation musicale, on aurait cru au décès du premier des « bandit légal ».

Tôt ou tard, à défaut de terminer leurs périples terrestres ignoblement entre les quatre planches de manière analogue au crétin dauphin qui ne pouvait intégrer le béaba du fonctionnement de la mafia « Trayi la, mouri la », tous les bandits à sapates et à cravates finiront entre les quatre murs. « Tic-tac », juste une question de temps pour activer les tactiques susceptibles de remettre à l’heure les pendules de la justice sociale. Schizophrénie et insomnie ils auront en héritage, car il n’y a aucun doute que le Petrochallenge ainsi que les enquêtes sur les crimes de sang et financiers referont surface « pour les emmerder » au profit du bien-être collectif.     

 

Faux-amis externes

En des coopérations multilatérales hypocrites, les missionnaires diplomatiques apparaissent sous de faux-airs de bons samaritains qui prétendent tendre la main aux sociétés « pauvres » pour les mettre sur les rails du développement. Pourtant ce sont ces ravisseurs du Nord qui appauvrissent les sociétés du Sud, avec la complicité des « idiots utiles » internes qu’ils imposent au cœur des institutions clés pour les faciliter dans leurs œuvres prédatrices. Sous l’expertise de leurs tuteurs de la frange toxique de la communauté internationale, les capitaines de ce régime politique répugnant avaient procédé au pullulement et armement de gangs dans les villes et les bidonvilles.

Le comble de la bêtise, une fédération officielle insensée des gangs a été encensée par le BINUH pour pénétrer le dernier clou au cercueil qui finit par aboutir au scénario catastrophique sans précédent que vit aujourd’hui Port-au-Prince, une capitale décapitalisée. L’État est décapité. La terreur s’est installée à un niveau paroxysmique comme à un film d’horreur déroulé à un Vendredi 13. Le déséquilibre s’amplifie avec le relâchement d’un tas de déséquilibrés pour la plupart, évadés de la résidence carcérale, en quête d’espaces pour se loger et se nourrir.

Si la société lésine à rétablir un minimum d’équilibre vivable, les vols et les viols vont malheureusement se multiplier dans les Villages puisque ce nombre additionnel de diables qui sillonnent les quartiers, évoluent sous les yeux impuissants sinon complices du CSPN. L’offre résidentielle étant en pénurie face à l’excès spontané de la demande, deux principales options s’y présentent. Soit que les prisonniers envahissent directement des lieux publics d’envergure, soit qu’ils chassent des citoyens paisibles, contraints eux-mêmes de se réfugier à ces espaces administratifs. Telle à une jungle en rébellion à son roi imperceptible, les établissements scolaires, les ministères et les facultés de l’UEH ne sont pas épargnés de cette squattérisation massive. Les officiels du gouvernement qui étaient dans un premier temps de mèche avec les officiels du béton deviennent aujourd’hui impotents face aux assauts criminels qui ciblent plusieurs bâtiments publics et des commissariats de police. La capitale est en ruine.

En plus de l’étiquette de bandits notoires, les escrocs intronisés depuis 2011 à l’hypophyse de la Cité ont dilapidé des ressources financières colossales du pays. Par une série d’extorsions outrancières facilitées par des exactions de l’extérieur, ces criminels financiers ont dépouillé le trésor public de plusieurs centaines de millions de dollars pour les déposer dans des paradis fiscaux internationaux. À défaut de transferts sur leurs propres comptes ou virés via des emprunts de noms familiaux pour gonfler leurs crédits bancaires aux multiples digits, ces concussionnaires mentorés par un laboratoire international perfide injectent directement les fonds escamotés du trésor public d’Haïti dans la vie économique des sociétés industrialisées.

Comme à la loterie, ils sont les nouveaux propriétaires de villas et de chaines d’appartements, actionnaires de firmes aux chiffres d’affaires gigantesques et détenteurs de tellement de biens mal acquis notamment en République dominicaine et en Amérique du Nord. Cette hémorragie interne d’une fuite massive de capitaux d’Haïti a contribué à la transfusion sanguine des économies du Canada et des États-Unis. Par le principe de la rationalité et des incitations de l’agent économique, le bénéficiaire direct du crime ne mettra aucun plan en œuvre pour le résorber. Il faudra de nouvelles réflexions qui impliquent un corps arbitral international respecté et impartial.  

Les nouveaux manèges géopolitiques du capitalisme fou sont alignés avec la doctrine de Monroe et de Colbert pour matérialiser des missions d’escroquerie analogues à celle du vol de l’or du pays en 1914 par les USA pour enrichir les réserves de la Banque de Wall Street. Cette approche novatrice du pillage occidental ne diverge pas de la mission flibustière de la France en 1821 qui imposait à Haïti une rançon arbitraire d’une fausse dette d’indépendance sous la présidence de Boyer. Haïti continue de faire les frais de la rancune et de l’animosité de ces pirates étrangers qui, de nos jours, usent de nouvelles méthodes diplomatiques, truffées d’hypocrisie. Ils nous mordent puis ils soufflent sur la morsure. Dieu seul sait à quelle profondeur ils explorent nos espaces sous-marins et souterrains pour sucer la substantifique moelle de nos dotations naturelles. 

 

Autres temps, autres mœurs

Les arnaques modernes prennent la forme d’une traîtrise par des fils internes, marionnettes et esclaves à talent, mis au service du colon flibustier d’un Occident pestiféré qui n’écarte pas la politique de la terre brulée pour régner dans l’obscurantisme. Ce ne sont pas des dignitaires sans dignité récipiendaires du grade de docteur PhD., docteur médical ou docteur honoris causa qui épargnent un pays de la prédation étrangère. Dans les lentilles d’Alain Déneault, ces « intellectuels petits » qui en permanence courbent l’échine devant le mauvais Blanc servent mieux ses causes odieuses.

Les « Success Stories » prouvent que ce sont plutôt par la dignité et l’intégrité des interlocuteurs politiques - qui sont malheureusement des vertus quasiment en voie de disparition dans l’espace social haïtien - que se dégagent des alternatives favorables à la majorité. Le Rwanda de Paul Kagame ou l’Afrique du Sud de Nelson Mandela peuvent servir de modèles d’inspiration pour les nations du Sud prises au piège des griffes de l’Occident. Parlant de référence d’autodétermination de sociétés du Sud, on ne saurait louper de braquer le projecteur sur le cas du Cuba de Fidel Castro. « The right person at the right place » n’est pas un slogan creux. Les représentants des postes prestigieux sont tout aussi cruciaux que les postes eux-mêmes. Les règnes d’Obama et de Trump illustrent fort bien la portée véridique de ce raisonnement.

C’est à dessein que ces sociétés du Nord prétendument modernes détruisent les sociétés du Sud. L’avarice et la gourmandise étant les gènes dominants de leurs péchés capitaux, leurs conspirations et manipulations pour engendrer des conflits et des guerres dans ces pays dont elles convoitent les mines s’expliquent par le « paradoxe de la malédiction des ressources naturelles ». Elles sponsorisent ces dirigeants escrocs du Sud avant qu’elles les accusent plus tard de connivence dans le banditisme et les crimes financiers. Au stade de la fin de l’ignoble mission, elles vont décréter - pas totalement contre leur gré - des sanctions financières et diplomatiques contre ces myopes politiques. À qui profitent les crimes financiers ? Les récentes gabegies administratives épinglant tellement d’acteurs du trident de l’Occident enlèvent toute nuance à cette interrogation. Multiples faits ont établi que les intermédiaires du chaos - oligarques criminels, anciens parlementaires et hauts représentants indignes de l’État - agissent sous les ordres de ces architectes et masterminds au service des anciennes métropoles ravageuses.

Les hypocrites diplomates qui prétextent condamner les exactions transnationales en sont les bénéficiaires principaux. L’absence de la mise en application de la procédure de restitution, contrairement aux prescripts de la Convention de 2003 des Nations Unies contre la corruption, qui devait suivre la confiscation des biens illicites est un argument suffisant. L’argent dépouillé par les anciens présidents, parlementaires, premiers ministres et ministres Haïtiens continuent d’embellir l’économie du Canada et des États-Unis. Question d’incitation, il y a donc évidence que ces faux-amis du Nord n’enclencheront jamais des mesures drastiques pour éradiquer cet atavisme du blanchiment des avoirs et du financement du terrorisme. Le Sud croupit dans la famine, le Nord se suffoque en raison de sa voracité dans les ressources du Sud.

 

D’une suite d’absurdités à la banalité du sacré

Un Premier ministre en fonction préconisait : « Haïti n’existe ni dans le réel ni sur du papier » avant que d’autres représentants ignobles, responsables de l’autorité de l’État, énuméraient des « territoires perdus » de la république. Les insignes symboles ont été chiffonnés par des politiciens indignes avant d’aboutir à cette triste phase de collapsus de l’État haïtien. Depuis l’ère post-sismique marquée par la catastrophe cruelle du 12 janvier 2010, la médiocratie croise ses pieds sur la tête de la méritocratie pour triompher de mille couleurs. Blackout intégral sur un ensemble de dossiers de justice, les ténèbres ont damé le pion à la lumière. Les instances de la basoche passant constamment le chemin de l’injustice bouche bée et les yeux fermés, en plusieurs coups mortels affaissés à la pensée socratique, l’âme a perdu son excellence.   

Volontairement, le clan indécent de la communauté internationale a jeté son dévolu sur un régime politique narcotique pour piloter le navire national dans une forme de gouvernance bancale assaisonnée d’une pléiade de crises institutionnelles. Une séquence d’attitudes immorales dont des collusions, des délits et des conflits d’intérêts à travers des signatures illicites de contrats publics se sont soldées en des crises politiques et sociales quasiment insolubles. On ne sait entre-temps ce qu’il advient des contrats miniers paraphés « incognito » par l’ancienne famille présidentielle décevante qui avait gouverné les États-Unis et qui avait enterré Haïti notamment par leurs implications intéressées à faire gober au pays cette pilule politique toxique post-séisme. Dans une déveine sans précédent, un cancer mortel a été injecté aux veines de notre république jadis courageuse qui était au chevet de plusieurs sociétés martyrisées par les crimes contre l’humanité. Savannah en avait bénéficié.

Avant 2010, nos oreilles entendaient chuchoter des vocables du champ frauduleux tels que commissions injustes et surfacturations pour subrepticement soupçonner quelques déviants de la gestion du denier public. Cependant, avec le clan espiègle du PHTK à qui la société a bêtement livré les clés de la Cité, d’autres pratiques louches telles que la thésaurisation de multiples millions, les valses de collusions endossées par des firmes-écrans et la pluri-facturation tonitruaient aux décibels de tonnerre pour enrichir le champ lexical du vice et de l’immoralité. Barrière libre dans une recréation en perdition, les coquins et les vilains n’opéraient plus de manière secrète.

Contrairement au temps de triomphe des valeurs intrinsèques qui évinçaient les malandrins, aujourd’hui leurs doigts belles longueurs sont habilités à être exposés aux salons les plus prestigieux. Les médias n’opèrent aucun tri pour sanctionner ces salopards en permanence invités aux « Invités du jour » sur quasiment toutes les fréquences, à toute heure pour faire des élucubrations visant à noircir le blanc et à blanchir le noir. L’incitation aux bonnes mœurs par le paradigme de la magie de l’image a été intervertie. Effet d’imitation, ce n’est donc pas étonnant que les chefs de gangs se répandent, avec l’espoir de se coiffer « chefs officiels » de la Cité. « L’amnistie serait banalisée ».   

Pire qu’une nation en guerre, les effarantes statistiques des enlèvements et des cadavres assombrissent les rapports des entités locales et internationales des droits humains. Elles y recensent une pluralité de criminalités gratuites perpétrées en des missions démoniaques qui mobilisent des mercenaires locaux et internationaux. En permanence, la Cité a été secouée par des rafales de balles qui ont déjà atteint toutes les catégories socioprofessionnelles, sans exception aucune. L’uniforme ou même la blouse n’en ont pas été exemptés. Les dieux du Village sont tombés sur la tête. 

Notre captivant territoire si génial sur le plan de l’hospitalité et de la magnanimité se néantiserait macabrement via un détournement du sentier de la solidarité et de la paix. L’équipe politique actuelle a aligné des ravisseurs pour accélérer la chute abyssale de notre ravissante Haïti transformée en un sale chrysocale. Dans un cataclysme sans égal, Haïti s’avilit, s’affaiblit et se décrépit sous le règne du régime criminel PHTK.

 

Trop de pouvoir, pas de pouvoir

Dans une volonté politique stupide de tout ravir aux dépens du bon sens, aucune élection n’a été réalisée par ces officiels démentiels qui festoyaient dans un premier temps la chute contestable du Parlement. Cette instance quoique devenue un repaire de bandits était un repère pour la protection de la démocratie et des principes régaliens. L’effondrement dramatique de la présidence, scellé lors du magnicide du 7 juillet 2021, était en quelque sorte une conséquence du tweet présidentiel burlesque qui avait consacré à une heure indue la disparition du pouvoir législatif.

Tandis que le président myope était privé des yeux de lynx l’habilitant à percevoir l’évidence de ce sinistre complot manigancé contre lui, par amitié ou par inimitié, certains critiques parlementaires lui auraient accordé des consultations gratuites qui lui éviteraient cet assassinat crapuleux. Plausiblement, une autre approche aurait été indiquée comme celle de le faire exploser dans un véhicule ou dans un hélicoptère. Mais pas cette ultime disparition odieuse au Pèlerin, dans son propre fief, devant sa femme qui elle avait encaissé presqu’une dizaine de balles aux fesses. Compliments Titine !

Comme dans une masturbation les yeux fermés, sans vision et sans supervision, le président en démence se débarrassait des institutions de supervision et de contrôle pour danser le tango politique en cavalier seul. Dans une certaine mesure, il ne faisait qu’arracher ses propres dents en enlevant des boucliers protecteurs de toutes les institutions, particulièrement de la présidence quoique celle-ci était dans le collimateur des détectives qui l’avaient à juste titre indexée de crimes financiers. La morale de l’histoire est que « Trop de pouvoir tue le pouvoir ». Cette gourmandise égocentrique à édicter un système despotique a engendré l’autodestruction de la présidence. Celui qui se croyait un Apredye omnipotent ne représentait même pas un poids plume dans cette arène politique surchauffée qui accueille des mastodontes de puissance herculéenne. 

 

Métastase sous Jovenel

La moisson du vagabondage au sommet de l’État résulte en un naufrage titanique du navire national dont le gouvernail était assuré par des imposteurs et des usurpateurs. En des séries de conspirations visant à étouffer la vérité sur les criminels financiers, la société dénombrait des évasions de prison, des scénarios de coups d’État et des discours de diffamations et de persécutions qui ciblaient des têtes à couper. À califourchon, le petit chef sorcier faisait la chasse aux sorcières à un groupuscule des oligarques qui l’avaient fait président pendant qu’il enrichissait servilement un autre clan de la même oligarchie - en conflit pour des intérêts mesquins - qui ne jure que par l’économie de violence (Sic. Fritz Jean).

Les interminables tumultes politiques avaient débouché sur des turbulences économiques et sociales. Ainsi, une nouvelle expression de « pays lock » allait voir le jour. S’ensuivront fermeture de l’école, cessation des services de santé, évasion forcée, invasion au sein des bâtiments publics, etc. Les initiatives de la récupération de la paix sociale ont été fatiguées. Entre-temps, les forces ténébreuses nourries par les animaux politiques qui ne peuvent respirer que l’oxygène immunitaire procuré par la bulle officielle, y poussaient des ailes. Les bouffées de gaz carbonique du crime et du kidnapping suivi de rançons exorbitantes polluaient les airs des initiatives ludiques et génératrices de revenus. Le tourisme en a été sévèrement affecté. Le déplacement de toutes zones vers la capitale se vivaient en des battements du cœur au plat du pied. Sur tous les angles, la vie était paralysée.

 

Phase terminale sous Ariel

Par la violation flagrante des références institutionnelles, cet ultime désastre de va-nu-pieds qui coupent les liens de tout agent avec son activité pour résulter dans un coma de l’État haïtien était prévisible. Dans une suite logique diabolique exhibant un pattern catastrophique titanesque, les séquences des dérives sociétales dessinent une tendance criminelle exponentielle. Haïti devient un cas empirique patent qui illustre le mieux la théorie de la fenêtre brisée théorisée par les psychologues Américains James Wilson et Georges Kelling. L’intronisation de Michel Martelly au fauteuil le plus prestigieux de la magistrature suprême du pays constitue la bêtise la plus grave accouchée dans la sphère politique haïtienne.

Par une seule brèche stratégique non colmatée, un cancer a été introduit pour atteindre sa phase de métastase dans un quinquennat, et sa phase terminale dans environ une décennie. Les modèles portant sur les institutions pouvaient prédire sans risque de se tromper la chute drastique imminente de ce système pris en otage par une délinquance multiforme. Relation de cause à effet entre institution et développement, la pièce magistrale « Why Nations Fail » enfantée par Acemoglu et Robinson explique la turbulence des sociétés réfractaires au respect des normes devant régir la bonne marche de la société.

Par le principe des effets d’entraînement, nos comportements bons ou mauvais charrient des effets catalyseurs et multiplicateurs. Les externalités positives détiennent la même puissance des externalités négatives pour influencer notre nature via de nouvelles praxis sociales. La profusion des récoltes ne fait pas de distinguo entre les types de grains qui ont été semés et arrosés. L’ivraie comme le bon grain peuvent se multiplier. Cela ne dépend que de la nutrition et de la protection de la semence. Il y a toujours des opportunités de faire mieux ; mais aussi il y a toujours des possibilités de stupidités d’engendrer le pire. Si tu es consistant dans le bien, tu deviendras un sage ; si tu es consistant dans le mal, tu deviendras un sauvage. C’est bien dommage qu’Haïti ait choisi depuis des lustres de cheminer sur cette mauvaise voie supportée par le sophisme et le paralogisme politique. La fuite de l’arène politique par l’intégrité entraîne de lourdes répercussions négatives aux générations présentes et futures qui peinent à avoir accès aux services de base.

Par des erreurs plus flagrantes que ses prédécesseurs avides de pouvoir, Ariel Henry a tout chamboulé pendant son aventure à une primature gagnée par un hasard digital. Tandis qu’il ne jouit d’un seul iota de légitimité électorale, le neurochirurgien nul en politique a loupé multiples occasions de reconstruire un pouvoir appuyé sur des pylônes émanées d’un large consensus politique. Selon le vœu de l’Accord de Montana, Haïti aurait pu s’en sortir de ce gouffre à travers un gouvernement bicéphale qui intègre diverses têtes et qui doivent respecter des termes de référence qui font mimer les rôles des élus des différents pouvoirs.

Plutôt que de discuter et permettre à Haïti d’être codirigée dans une démarche consensuelle imposée par la force des choses, Ariel avait plutôt ridiculisé l’effort intellectuel de ces citoyens conséquents pour taxer leur proposition de « Jwèt Manje Tè ». « Ariel en bon Arien » est devenu un dernier exilé politique qui encourt, dans une probabilité convergeant vers l’unité, le risque de terminer son périple terrestre dans une prison internationale

Si l’on procède à un « Rewind » de ce feuilleton politique maniaque, on aura constaté que l’addition était déjà très salée depuis les premiers épisodes. Les gangs à cravates pourvoyaient les gangs à sapates de dispositifs d’armement très sophistiqués. En des stratégies intelligentes, les forces de l’ordre détenaient tout de même des moyens pour les dérouter de la volonté manifeste de prendre en otage toute la capitale, tout le territoire. Le « Bwa Kale » aurait confirmé cette hypothèse d’un potentiel cognitif de loin supérieur de la PNH par rapport aux escadrons de la mort pour garantir la victoire de la population. Maintenant que la série a atteint des épisodes plus tragiques, avec un renforcement des bases criminelles par des kidnappeurs et des prisonniers qui solliciteraient déjà amnistie, seule une victoire à la Pyrrhus permettra à l’autorité de l’État de se rétablir. Il n’existerait pas de stratégies qui éviteraient de lourds dommages collatéraux.

Ce sont en des moments « challenging » comme celui-ci qu’une société a besoin de réunir toutes ses compétences et toutes ses forces patriotiques. Le vide abyssal doit être comblé dans la célérité, mais aussi dans la patience de sélectionner les têtes les mieux aptes à proposer et implémenter des programmes de désarmement et d’insertion sociale.

Le rôle principal de la transition consistera à nettoyer les écuries d’Augias léguées en héritage malsain par le régime PHTK. La prémisse de la sécurité, de la justice et de la reprise de la vie décente de la population est non négociable avant de pouvoir conjuguer sereinement les verbes poser sa candidature, faire campagne, voter et élire de dignes représentants aux différents échelons. 

Recoudre le tissu politique et social déchiré en miettes morceaux par les imposteurs du PHTK est un défi de taille. C’est aussi pour les gens honnêtes et courageux une opportunité de s’immortaliser dans les annales de l’histoire en servant une cause juste. Puissent les gens de conscience et surtout épris du sens du service public sortir de leurs zones de confort afin de sauver la patrie en péril.

Carly Dollin

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